 
                Roger Briand, président du Syndicat français de la construction métallique confirme la reprise de la croissance du secteur, soit + 6,5 % à fin août (versus 2020). Fort de 800 entreprises, soit 20 000 personnes, le syndicat espère même atteindre 8 à 9 % de croissance d’ici à fin décembre et demeure optimiste pour le premier semestre 2022, grâce à de bons carnets de commandes.
Le chiffre d’affaires annuel s’établit ainsi à 3,9 milliards d’euros, dont 10,8 % à l’export. Avec une production annuelle de 780 000 tonnes, l’activité retrouve donc ses niveaux d’avant crise, soit + 8 % par rapport à 2020 et + 2 % à 2019.
Les bâtiments industriels destinés aux secteurs logistique, agroalimentaire, pharmaceutique, ou luxe représentent plus de 61 % du tonnage mis en oeuvre. La demande d’entrepôts dédiés au e-commerce a également augmenté ces derniers mois. « Ils ne sont pas réalisés uniquement en construction métallique, mais cette solution demeure pertinente pour des projets jusqu’à 5000 m2 » explique Roger Briand.

De gauche à droite : Jean -ebastien Courivaud, responsable délégué chez Legrand, Roger Briand, président du Syndicat français de la construction métallique, Julien Fraccaroli, directeur chez Fayat Metal Grands Projets, Yunus Avci, chargé d'affaires chez Legrand et pierre Raymond, directeur général chez Gagne.
Autre secteur important pour la construction métallique, celui des bâtiments agricoles qui « ont bénéficié d’une bonne reprise » avec 13 % du tonnage mis en oeuvre
A noter en outre le souffle donné par la commande publique (« plus rare » regrette le syndicat) sur le secteur, grâce aux travaux du Grand Paris Express, dans la perspective des Jeux olympiques 2024, notamment les lignes 16 et 17. Plusieurs gares et passerelles seront ainsi réalisées en construction métallique.
Les acteurs du secteur notent de nombreuses demandes et sollicitations de devis pour de nouveaux projets. Les entreprises dont les marges ont été impactées en raison des hausses des coûts des matières premières constatent cependant une baisse des prix de l’acier depuis le 1er septembre. « Les prix ont diminué de 3 à 4 % mais nous restons dans l’expectative » relève Roger Briand.
Si la conjoncture offre des motifs de satisfaction à la profession, d’autres sujets viennent en revanche plomber l’ambiance. C’est le cas de la prochaine réglementation RE2020 et de son mode de calcul basé sur la méthode de l’ACV dynamique (et non plus « statique »).
L’ACV ou Analyse du cycle de vie permet de mesurer les impacts environnementaux des produits. En choisissant l’ACV dynamique, le gouvernement se voit reprocher de privilégier les matériaux biosourcés dont le bois (au passage, un matériau concurrent du métal sur certains projets).
La méthode pénalise en effet davantage les émissions de CO2 produites en début de cycle de vie qu’en fin de vie. Or, le bois stocke le carbone et affiche un bon bilan dès l’origine. Mais il en libérera en fin de vie (enfouissement ou combustion), ce qui semble paradoxal et « injuste » aux yeux de la filière acier (ainsi que celle du béton) qui fait des efforts pour améliorer son empreinte carbone et recycler ses matériaux.
Toutefois l’introduction du module D de l’analyse du cycle de vie d’un produit, en l’occurrence de fin de vie, permet de valoriser le recyclage de l’acier, souligne Roger Briand. "Mais il est raboté de 43 % par l'usage exclusif de l'ACV dynamique, une double peine pour notre filière", regrette le président.
Ce parti pris réduit les vertus de recyclage en termes d'émission, alors que la filière est investie dans cette démarche et souhaite l'amplifier. En effet, l’acier est déjà recyclé à plus de 90 %. Mais en rendant exclusif l'ACV dynamique, le gouvernement freine les solutions de recyclage de l'acier, estime la filière.
Selon le syndicat qui reprend les estimations d’Arcelor Mittal, plus de 650 000 tonnes d’acier sont recyclées chaque année. Il est vrai que le marché de la récupération de la ferraille existe depuis des années, avec des prix de vente de l’ordre de 300 euros par tonne (contre des prix d’achat de l’acier avoisinant les 800 à 900 euros)
L’acier peut être utilisé et réutilisé à l’infini, affirme le syndicat qui se dit exemplaire en la matière. La profession veut en effet développer le réemploi de l'acier (sans impact carbone lors de sa seconde vie, selon la RE2020) et l'intégrer dans la réalisation de bâtiments mixtes acier, bois, béton, à bilan bas carbone. Un travail mené par les bureaux d'études du CTICM....
La création d’une filière REP Bâtiment* (filière de Responsabilité élargie des producteurs les obligeant à valoriser les déchets du BTP) est par ailleurs mal vécue par la profession qui s’estime pénalisée. « Nous allons devoir financer un éco-organisme pour organiser le recyclage des autres matériaux » reprend Roger Briand.
Alors quitte à être assujetti à cette éco-contribution, le syndicat a décidé de prendre le taureau par les cornes : la profession s’est donc déclarée « metteur sur le marché » en tant que producteur et fabricant des pièces de structures des constructions.
Avantage : la profession pourra ainsi participer à la gouvernance de l’éco organisme (Valobat) et défendre sa singularité. « Avec un point de vigilance sur en ce qui concerne la fabrication étrangère qui devra être soumise à l’éco contribution pour nous éviter une concurrence déloyale » termine Roger Briand.
Dernier sujet d’importante pour le SCMF : celui du recrutement. A l’instar des métiers manuels et globalement du Bâtiment, la construction métallique souffre d’une mauvaise (et fausse) image. « On ne connaît pas nos métiers et on les confond avec ceux de la sidérurgie » regrette le président qui évoque les lignes de fabrication automatisées performantes du secteur.
Or, la profession manque d’ingénieurs, techniciens supérieurs, opérateurs sur machines à commande numérique, conducteurs de travaux. Elle continuera de sensibiliser les jeunes à ces métiers d’avenir, notamment grâce à son association APK (association pour le développement des formations de la construction métallique.
*Dont on attend toujours la publication du décret
| Trois gares font le choix du métal
 La gare de Rennes
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Source : batirama.com/ Fabienne Leroy