Interview du nouveau président du Comité français de mécanique des sols et géotechnique

Interview du nouveau président du Comité français de mécanique des sols et géotechnique

Nicolas Utter, élu président du CFMS (1), une société savante dans le domaine de la mécanique des sols et la géotechnique, oeuvre pour la promotion de ces sciences, notamment auprès des plus jeunes.




Batirama : Quelles sont les missions du Comité français de mécanique des sols et de géotechnique ?

 

Nicolas Utter : Le Comité français de mécanique des sols et géotechnique n’est pas un syndicat mais une société savante. Son objectif est de promouvoir la mécanique des sols et la géotechnique et faire progresser certains sujets.

 

Il a été créé en 1948, et affilié à la Société internationale de mécanique des sols. Il réunit 750 membres bénévoles répartis en trois « collèges » :

 

  • L’enseignement supérieur et la recherche
  • Le monde de l’ingénierie
  • Les entreprises de travaux et de reconnaissance des sols

 

Le CFMS diffuse la connaissance et la fait avancer grâce à des groupes de travail qui étudient certains thèmes dont les connaissances sont insuffisantes ou obsolètes ou encore qui doivent évoluer au regard de des réglementations et de la technique.

 

Les groupes de travail émettent des recommandations bâties parfois durant des années en raison de la complexité des sujets, et elles sont présentées lors des réunions et congrès du CFMS. Ce travail est d’ailleurs à la disposition de tout le monde sur le site du CFMS (https://www.cfms-sols.org)

 

Sur quels ouvrages techniques ont porté les recommandations émises récemment par le CFMS ?

 

Nicolas Utter : Nous avons émis des recommandations sur les fondations des éoliennes puisqu’il manquait certaines informations, en particulier dans le cas des sollicitations parfois importantes que subissent ces ouvrages.

 

Ensuite, nous avons étudié les géostructures thermiques, qui sont issues d’une application de la géothermie. Quand il y a un projet de fondations, avec des pieux de fondations par exemple, il est possible d’utiliser ces ouvrages pour y placer à l’intérieur des systèmes géothermiques. Nous étudions donc les principes de mise en oeuvre des flexibles dans les armatures du pieu, et étudions les incidences possibles sur le comportement des fondations.

 

Autre sujet, nous avons mis à jour les recommandations sur les tirants d’ancrage pour lesquels, il existe des techniques pointues qui ont nécessité la création de groupes de travail.

 

Les sols gonflants ont également fait l’objet de recommandations, l’idée étant de savoir comment les caractériser pour dimensionner les ouvrages. Et, enfin, le CFMS s’est intéressé au rabattement des nappes que l’on doit effectuer dans le cadre de gros travaux, tels que les tunnels ou le métro.

 

En parallèle, nous organisons des journées scientifiques et techniques avec des conférences qui montrent l’état de l’art. Ces conférences sont accessibles gratuitement puisque la diffusion de la connaissance doit être la plus large possible, selon la philosophie du comité.

 

 

« Les travaux du Grand Paris Express ne sont pas terminés, et nous ne sommes pas au bout de l’exercice. Ils ont cependant permis de mettre en évidence des méthodes d’essais performantes, en termes de géotechnique et mécanique des sols, ce qui a fait progresser tout le monde globalement » souligne Nicolas Utter. La thématique des sols gonflants a notamment été initiée par ces travaux en raison des problématiques rencontrées.

Eole gare La Défense ©Direction du Projet Eole SNCF Reseau

 

Qu’est-ce que signifie un dimensionnement optimum pour les fondations d’un ouvrage ?

 

Nicolas Utter : Le maître mot est la maîtrise des risques : quand on aborde un projet en interaction avec le sol, on doit établir un modèle géotechnique le plus pertinent possible, c’est-à-dire qu’il faut déterminer un ensemble de risques raisonnables sur le plan technique et économique de la construction.

 

Cela suppose de dimensionner des ouvrages avec des fondations les plus justes, (avec un minimum d’emprise), car il faut tenir compte des émissions de CO2 associées à la production de béton. Or, aujourd’hui, il est impératif de limiter ces émissions de gaz à effet de serre.

 

Avec nos recherches, nous souhaitons réduire au maximum les incertitudes que l’on a sur les modèles de calcul pour affiner les connaissances. Le CFMS détecte ainsi les sujets avec l’objectif de trouver le dimensionnement optimum de l’ouvrage qui implique l’économie des matériaux et la maîtrise des risques, en tenant compte des impacts économique et humains.

 

Quelle est la feuille de route du CFMS ?

 

Nicolas Utter : Nous sortons d’une période compliquée, avec la crise économique et sanitaire, où nous nous efforçons de maintenir l’ensemble de nos activités. Nous souhaitons consolider la façon dont nous fonctionnons, avec une articulation incluant webinaires et réunions scientifiques en présentiel car les échanges en direct et parfois informels sont tout aussi importants.

 

Nous n’avons pas établi de quorum dans la représentativité des trois collèges du CFMS mais nous voulons faire en sorte que cela serve les intérêts de tous, puisque la géotechnique et la mécanique des sols sont avant tout au service de la construction. Il s’agit bien de construire un ouvrage sans sinistre avec un impact maîtrisé environnemental, donc, nous poursuivons nos actions en faveur de la promotion de la géotechnique.

 

Par ailleurs, La société internationale de mécanique des sols a lancé un projet de « capsule temporelle ». LE CFMS jeunes y est particulièrement impliqué, et va présenter des personnalités françaises qui ont marqué la géotechnique, au niveau international, avec les grandes réalisations et la prospective sur 10 à 20 ans. Une compilation sera donc réalisée, d’ici à la fin de l’année, qui décrira les apports français significatifs et leur rayonnement au niveau mondial.

 

Quelles sont vos autres actions pour promouvoir la géotechnique ?

 

Nicolas Utter : Nous mettons beaucoup l’accent sur la promotion de la géotechnique en organisant chaque année différentes manifestations, dont un concours photos ; Les prix sont remis avec le soutien de personnalités et récompensent des grandes réalisations de travaux ou encore des réflexions théoriques.

 

Pour la première fois, nous avons remis un prix à la thèse de doctorat la plus remarquable, afin d’être davantage visible du jeune public (la création du CFMS Jeunes en fait partie). Onze candidats doctorants ont participé à cette première édition qui a permis de découvrir des dossiers de haut niveau scientifique, ce qui est un bon indicateur du dynamisme de la recherche dans la mécanique des sols. On est donc confiant pour l’avenir…

 

 

Si les travaux de fondation représentent seulement quelques pourcentages en termes de coût par rapport à un ouvrage standard, par exemple, une maison individuelle, le ratio augmente dans le cadre d’un ouvrage plus complexe. Soletanche Bachy© Cédric Helsly

 

             

   

 CFMS : un nouveau président et une nouvelle équipe

 

Nicolas Utter, directeur des études de Soletanche Bachy pour la France Métropolitaine et l’outre-mer, Monaco, la Suisse et le Benelux, est élu président du CFMS, dont il est membre depuis plus de 25 ans. Membre du groupe miroir français de l’Eurocode 7 (CNJOG), il enseigne la mécanique des sols et la géotechnique aussi bien en formation initiale qu’en formation continue, et contribue ainsi à la transmission d’un savoir-faire technique pour les nouvelles générations.

 

Il est accompagné dans ses nouvelles missions par une équipe renouvelée dont le nouveau président de la commission scientifique et technique, Fahd Cuira et le nouveau président du CFMS Jeunes, Alexandre Lopes.

  

 


Source : batirama.com/ Fabienne Leroy

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