Alkern, leader du béton préfabriqué, veut doubler de taille d’ici 2030

Alkern, leader du béton préfabriqué, veut doubler de taille d’ici 2030

Xavier Janin, président du groupe Alkern, leader français du béton préfabriqué, se prépare aux défis de la RE 2020 tout en envisageant de doubler la taille de la société d’ici 2030.




Nommé président du groupe Alkern depuis un an, juste avant l’annonce du confinement en mars 2020, Xavier Janin a succédé à Pascal Casanova, à la tête d’un groupe indépendant de 53 usines (en France et en Belgique avec 2 usines) fort d’un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros. Le président a dressé les perspectives de son groupe, un an après le début de la crise économique et sanitaire liée à la pandémie.

 

L’activité du groupe s’appuie sur trois piliers. Il s’agit, par ordre d’importance, des produits préfabriqués en béton pour le Bâtiment (dont les blocs béton), -l’activité phare du groupe-, soit 45 % du CA.

 

Le second pilier regroupe les activités de l’aménagement extérieur (pavages, dallages dont ceux à base de coquillage) et représente 30 % du CA. Enfin, les Travaux publics constituent le 3e pilier du groupe avec 20 % du chiffre d’affaires.

 

Des perspectives prudentes pour 2021

 

Sans surprise, c’est ce dernier secteur qui a le plus souffert en 2020 : les ventes de produits préfabriqués ont chuté de 20 %, « des résultats proches de la tendance nationale en matière de TP » commente Xavier Janin. Ce dernier rappelle que les élections municipales perturbées de 2020 expliquent ce recul alors que l’année 2019 avait bénéficié d’une bonne dynamique due à la période préélectorale.

 

Quant aux perspectives, prudentes, du groupe pour 2021, le président annonce que les deux premiers piliers (Bâtiment et aménagement extérieur) devraient être en croissance et même dynamiques. Alors que les TP seront en demi-teinte : un premier semestre encore impacté par la crise et un second semestre, probablement plus soutenu.

 

Les impacts de la RE2020 pour Alkern

 

Les challenges qui attendent le groupe, sont nombreux. A commencer par la RE 2020, la nouvelle réglementation environnementale, applicable pour les nouveaux permis de construire dès le 1er janvier 2022.

 

« Depuis 10 ans, nous améliorons l’impact carbone de nos solutions » souligne d’emblée Xavier Janin qui se dit préparé à relever les challenges de la nouvelle réglementation. Parmi les solutions dont l’impact carbone est minime ou a été amélioré, il cite les blocs creux ainsi que les blocs à pose collée (moins de mortier et de ciment- et donc moins de CO2).

 

Selon le président, ce type de bloc à pose collée (20 % des ventes aujourd’hui) génère moins de 30 % de CO2 par rapport à un bloc traditionnel (et économise de l’ordre de 90 % d’eau lors de la mise en oeuvre). « Ce mode constructif sera accéléré par la mise en oeuvre de la RE2020 » prédit Xavier janin.

 

Enfin, certains blocs dotés de propriétés isolantes grâce à un remplissage de mousse minérale type Airium (développée par LafargeHolcim) offrent l’un des meilleurs bilans carbone, selon Xavier Janin. Ces blocs rectifiés permettent une pose collée à joint mince. Le groupe qui dispose déjà d’un site de production en Rhône-Alpes a investi deux millions d’euros en 2020 pour construire une nouvelle usine en région parisienne.

 

 

Le business plan du groupe prévoyant le lancement de 150 000 m2 de construction avec le système constructif R + Mur en 2020 a été décalé en raison de la pandémie. Alkern cible les immeubles R + 3 et R + 4 avec sa solution en kit mixant les blocs rectifiés, les blocs isolants et les planelles. Avantage de la façade en granulats courants : il est possible d’appliquer des enduits monocouches de catégorie OC3, sans avoir recours à une trame généralisée, d'où un gain de temps et d'argent.

 

Un pari sur les solutions biosourcées

 

Les systèmes constructifs existants permettront à la société de suivre « la 1ere phase de la trajectoire de progrès de la RE2020 jusqu’en 2025 » reprend Xavier Janin. Trois jalons sont en effet prévus en 2025, 2028 et 2031, avec des seuils de réduction de l’impact carbone respectifs de - 15, - 25 et -30 %.

 

Quant à la 2e phase, prévue pour le début d’année 2028, « l’ACV dynamique* va nous forcer à réfléchir à des solutions biosourcées au sens large du terme », souligne Xavier Janin qui évoque le travail entrepris par les services de R&D en la matière.

 

Avec une contrainte pour l’industriel du béton : il faudra rester compétitif en termes de coûts car les solutions qui devront faire l’objet d’avis techniques (donc coûteux), doivent être écologiques mais aussi économiques. « Les normes ne sont pas encore établies pour ces nouvelles solutions et il faudra investir dans des outils industriels différents » rappelle Xavier Janin.

 

Une réflexion avec les cimentiers pour réduire l’impact carbone

 

Enfin, la dernière échéance (2031) qui impose une réduction de 30 % de l’impact carbone, suppose une réflexion avec les cimentiers qui sont concernés au premier chef, souligne le président d’Alkern.

 

Les solutions bas carbone proposées sur la base d’un mixte produit s’appuieront sur des produits biosourcés et géosourcés 100 % français. Avec une exigence : construire des bâtiments durables et pérennes (ce que ne permet pas toujours le bois, relève Xavier Janin) compte tenu du souci français de transmission patrimoniale.

 

« La RE 2020 nous challenge et nous fait progresser. A court terme, d’ici 5 à 6 ans, nous sommes sereins car nous disposons déjà de modes constructifs responsables et bas carbone » affirme Xavier Janin.

 

 

Alkern et Ciments Calcia ont uni leur expertise il y a quelques années pour élaborer un système constructif autour d’une solution biosourcée : un bloc porteur en béton de miscanthus (une plante originaire d’Asie). Le chantier expérimental prévu avec cette solution (46 logements à Chanteloup-en-Brie) a été basculé en Naturbloc bois (bloc béton à base de copeaux de bois). "Il a confirmé l'intérêt de ce type de solution mais également démontré le besoin d'investissements importants pour adapter nos processus industriels à ce type de produits. Nous continuons ainsi à affiner les caractéristiques des produits cibles (notamment à la lecture des derniers ajustements de la RE2020) pour être en mesure de lancer d'ici 2025 un produit répondant aux besoins/contraintes réglementaires au sein des usines que nous aurons adaptées pour cela." indique Christophe Lagrange, directeur de l'offre chez Alkern.

 

Des acquisitions en vue pour Alkern

 

En termes de stratégie, le groupe Alkern affiche son ambition : doubler de taille d’ici à 2030 grâce à une politique d’acquisitions. Il annonce d’ailleurs un prochain achat de société en cours pour cette année. « Nous sommes passés de 120 millions d’euros de CA en 2010 à 200 millions en 2020 par le biais d’acquisitions » rappelle le président. En effet, récemment, en 2919, le groupe a racheté Eurobéton Industrie (Bâtiment) et Vibromat (secteur des TP).

 

Plusieurs raisons expliquent cette démarche, selon Alkern. « Tout d’abord, le marché de l’industrie du béton est fragmenté et compte un nombre important d’entreprises de tailles différentes que l’on peut accueillir dans le groupe ». Par ailleurs, le groupe veut continuer à grandir pour demeurer le leader du béton préfabriqué et ainsi conserver son dynamisme tout en assurant sa pérennité dans le temps.

 

*L' Analyse du cycle de vie avec calcul « dynamique » (et non statique) favorise le bois du point de vue du calcul de la charge carbone dans la RE2020. Cette nouvelle méthode de calcul est critiquée par un grand nombre de fabricants de matériaux et d'isolants.

 


Source : batirama.com/ Fabienne Leroy

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