Défaillances d’entreprises : tous les pronostics déjoués en 2020

Défaillances d’entreprises : tous les pronostics déjoués en 2020

L’année 2020 enregistre un nombre exceptionnellement faible de défaillances d’entreprises grâce aux mesures de soutien du gouvernement. Le secteur de la construction n’y échappe pas.




Photo ©F. Leroy

 

Le nombre de défaillances en forte chute ressemble à une anomalie statistique, selon l’analyse d’Altarès qui dévoile les chiffres des défaillances d’entreprises en France en 2020. En effet, elles sont en baisse d'environ 40 % par rapport à 2019.

 

Le nombre de défaillances d’entreprises plonge ainsi de 38,1 % pour atteindre son plus bas niveau depuis 1987, soit seulement 32 184 procédures enregistrées. Rappelons que les années précédentes avaient enregistré des défaillances, proches de 65 000 qui auraient être dû dépassés cette année, sans mesure de soutien, rappelle le directeur des études Altarès, Thierry Millon.

 

La crise de la Covid-19 est incontestablement l’une des plus grandes déflagrations que l’économie ait connu depuis les chocs pétroliers et la crise de 2008. Pour autant, tous les pronostics de défaillances pour 2020 ont été déjoués.

 

Fonds de solidarité, Prêt garanti par l’Etat, report de cotisations

 

Les mesures prises au printemps pour permettre aux entreprises de tenir, notamment le gel de la date des cessations de paiement dès la mi-mars, ont « protégé » les entreprises de la faillite jusqu’à la fin de l’été.

 

Les deux derniers trimestres 2020 n’ont pas non plus été marqués par une hausse des demandes d’ouverture de procédures, grâce au nouveau plan de mesures déployé avant l’été (Fonds de solidarité, Prêt Garanti par l’État, exonération ou report de cotisations, activité partielle).

 

Ainsi, si le premier trimestre 2020, avant Covid, avait bien débuté avec un retrait du nombre des procédures collectives de 25 %, le deuxième trimestre, très impacté par le premier confinement, enregistrait une baisse deux fois plus rapide (- 54%), avant un recul de 35 % durant l’été et encore 40 % sur le dernier trimestre (8 207 jugements).

 

Les mesures de soutien aux entreprises en trésorerie et le gel de la date de cessation de paiement ont favorisé le non-recours au redressement judiciaire. Cette procédure a reculé de près de 50% (8 030).

 

Une situation plus complexe du côté des liquidations judiciaires

 

La situation des liquidations judiciaires est plus complexe, souligne Altarès. En 2020, les assignations de créanciers, qui sont traditionnellement à l’origine de 30 % des liquidations, ont disparu. Gelées jusqu’à l’été du fait des aménagements règlementaires, les assignations n’ont pas repris en fin d’année. Les créanciers publics et privés ayant été incités à faire appel à des règlements à l’amiable.

 

Dans ces conditions, les liquidations judiciaires sont en retrait de 34 % (23 321). La baisse plus rapide des redressements conduit à ce que les liquidations directes approchent en 2020 trois jugements sur quatre contre deux sur trois traditionnellement.

 

Le nombre de procédures de sauvegarde recule de 14 % avec 833 jugements. Ce dispositif préventif représente moins de 3 % de l’ensemble des procédures, malgré la possibilité offerte aux entreprises d’y recourir exceptionnellement jusqu’au 23 août, dès lors qu’elles n’étaient pas en cessation de paiement à la date du 12 mars.

 

Les PME de plus de 50 salariés ont davantage sollicité la sauvegarde, qui offre deux fois plus de chances à l’entreprise de rebondir. En privilégiant la sauvegarde et donc l’anticipation, ces entreprises se donnent deux fois plus de chances de rebondir en obtenant un plan d’étalement de la dette. Pour rappel, ce processus peut être initié exclusivement à la demande du dirigeant

 

Des niveaux de défaillance en forte baisse dans la Construction

 

Lae secteur de la construction tire la tendance sur l’année (-42,6 %) comme sur le 4e trimestre (- 42,8% ). Baromètre général du secteur, la construction concentre le quart des défaillances (7 479) et enregistre une baisse de 42,6 % des procédures.

 

La tendance est tirée par le gros œuvre (-44,2 %) et le second œuvre (-45,2 %). Le recul est également sensible dans les travaux publics (37,3 %) notamment dans les travaux de terrassement courants (-40,1 %). L’évolution est un peu moindre dans l’immobilier, notamment pour les agences immobilières (-28,8 %).

 

Le commerce, deuxième poste de défaillances (6 996), a bien résisté sur l’année (- 38,2 % ) et davantage encore sur le 4e trimestre (-43,5 %). Le « bricolage et équipement du foyer » enregistre une amélioration de 40,2 %, tirée par le meuble (-44,4 %)

 

Dans les services aux entreprises (4 511), la tendance globale (-32,6 %) masque des tensions. Les activités scientifiques et techniques restent solides dans le conseil en communication et gestion (-31,3 %) ou les services d'architecture et d'ingénierie (-34,8 %) mais les agences de publicité (-20,1%) sont fragilisées

 

L’industrie : tendance très bonne dans les matériaux de construction

 

La baisse des défaillances d’entreprises (2 098 ; -39,2 % sur l’année 2020) accélère sur le 4e trimestre (- 43,1%) Dans l’industrie manufacturière, la tendance est très bonne dans les matériaux de construction (-45,5 %). Dans les activités de métallurgie ou mécanique, la baisse est sensible en fabrication de structures métalliques (-46,4 %) mais seulement de 3,4% en mécanique industrielle.

 

Moins de 1250 transporteurs ont défailli en 2020 (-41,5 %). Le nombre de défaillances est en recul de 44,1 % en 2020 dans le transport routier de marchandises, une tendance qui s’accentue d’autant plus en fin d’année (-50,9 %)

 

Altarès rappelle en conclusion qu’il faudra anticiper une forte augmentation du nombre de défaillances au regard de 2020 ; a minima un retour à la situation de 2019 (52 000) et probablement davantage si aux accidentés du Covid devaient s’ajouter un grand nombre des 20 000 entreprises épargnées de 2020.

 

Comment amortir le choc de la crise en 2021

 

La question est donc de savoir s’il est possible d’amortir le choc, de permettre un retour progressif à la normale en débranchant graduellement les aides à destination de certaines entreprises et en renforçant l’accompagnement d’acteurs viables, précise le directeur des études du groupe expert de l’information des entreprises.

 

« Enfin, 2021 mais aussi 2022 verront le risque de défaut de paiement s’accroitre fortement pour des milliers d’entreprises, provoquant un autre risque pour les fournisseurs : celui de la propagation de la défaillance des clients. Gare à l’effet domino ! » conclut-il.

 


Source : batirama.com/ F. Leroy

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