Photovoltaïque : tarifs d'achat en baisse, mais des progrès avec les films souples

Photovoltaïque : tarifs d'achat en baisse, mais des progrès avec les films souples

La réduction rétroactive des tarifs d’achats est finalement inscrite dans la Loi de Finances 2021. Les progrès du photovoltaïque continuent néanmoins, grâce au film souple d’Armor solar power films.




C’est fois-ci, c’est fait. Après de nombreux rebondissements, l’Assemblée Nationale a inscrit dans la Loi de Finances 2021, la remise en cause des contrats d’obligation d’achat conclus avant 2011 pour la production d’électricité des installations photovoltaïques de plus de 250 KWc.

 

De l’aveu même du Gouvernement, qui invoque une rentabilité excessive des installations PV qui bénéficient de ces tarifs, leur remise en cause devrait conduire à une économie de 300 à 400 millions par an pour les finances publiques.

 

Nous avons déjà évoqué le mauvais signal envoyé par cette décision au moment où les énergies renouvelables (ENR) doivent, selon la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) prendre une place croissante dans le bilan énergétique français.

 

Environ 850 installations visées

 

 

850 installations, environ, seront affectées par cette décision. La moitié se trouve sur des toitures de hangars agricoles, mettant en danger les conditions d’exploitation des fermes qui comptent sur ces recettes. ©PP

 

Pour les 850 installations, leurs conditions d’exploitation financières vont se dégrader nettement, pouvant sans doute conduire certaines d’entre elles à la faillite.

 

La Loi de Finances n’organise pas tout. Elle installe le principe d’une remise en cause des contrats conclus avant 2011, mais les modalités concrètes de cette remise en cause seront contenues dans un décret d’application. Il faut donc attendre encore quelques semaines avant de pouvoir calculer les dommages provoqués par cette mesure.

 

Il faudra beaucoup de temps pour mettre en œuvre cette rétroactivité

 

L’Association Solidarités Renouvelable s’efforce de répertorier les installations concernées et d’organiser une riposte juridique aux décisions du gouvernement.

 

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et Enerplan déplorent également ce passage en force et cette remise en cause des engagements de l’Etat, qui n’a fait l’objet d’aucune réelle concertation et repose sur une argumentation fallacieuse.

 

Soulignant au passage, à quel point l’inscription de cet amendement dans la loi crée une situation d’insécurité et d’incertitude très forte pour les professionnels concernés.

 

Pour Jean-Louis Bal, Président du SER, « l’approche qu’a choisie le gouvernement impliquera de réouvrir des centaines de contrats, ce qui va nécessairement prendre beaucoup de temps et risque de geler les activités des entreprises concernées pendant des mois. Cela va bloquer l’activité de la filière et accentuer encore le retard de la France au moment où le changement climatique nous impose au contraire d’accélérer la transition énergétique ».

 

Malgré cette mauvaise nouvelle, le photovoltaïque poursuit ses progrès.

 

Le français Armor solar power films poursuit son développement

 

 

 

Armor solar power films, concepteur et fabricant d’un film photovoltaïque organique, baptisé Asca, annonce investir dans un nouvel équipement industriel photovoltaïque qui sera opérationnel en 2022 sur son site de la Chevrolière, près de Nantes. ©Armor solar power films

 

 

« Ce projet est une étape importante permettant de consolider notre leadership européen dans cette technologie photovoltaïque innovante, encouragés par des perspectives de développement du marché du solaire prometteuses, de l’ordre de plusieurs dizaines de millions d’euros dans les prochaines années », déclare Hubert de Boisredon, Président-Directeur général d’Armor.

 

Depuis le lancement de son activité photovoltaïque en 2008, le groupe Armor a injecté pas moins de 100 M€ de ses fonds propres, un investissement qui se maintient et représente pour la seule année 2020 plusieurs millions d’euros. R&D, démonstrateurs pilotes, recrutements, acquisition de l’allemand Opvius, sont quelques exemples des grands chantiers des derniers mois au service du déploiement de la technologie solaire.

 

Avec l’acquisition d’un équipement laser qui s’intègrera à la ligne industrielle existante, le processus de production de modules photovoltaïques organiques à Nantes atteindra un niveau de performance inégalé. Armor solar power films dispose déjà d’un équipement similaire sur son site allemand de Kitzingen, qu’il maîtrise parfaitement et qui lui confère un savoir-faire unique de production de modules au design sur-mesure, dits « free-form ».

 

 

 

Cette possibilité de modulation des formes est un atout incontestable du film photovoltaïque organique Asca®qui s'adapte ainsi à n’importe quel type de forme ou de matériau permettant de solariser des surfaces jusque-là inexploitées. La machine laser interviendra en bout de chaîne afin de structurer les films OPV après l’enduction en pleine laize pour réaliser des modules sur-mesure. ©Armor solar power films

 

« Cet investissement industriel conséquent aura le double bénéfice d’augmenter les performances de notre film OPV Asca® et de réduire nos coûts de production. Nous gagnerons en flexibilité. Toujours plus proche des besoins de nos clients, nous pourrons répondre à des projets de plus grande envergure et proposer des applications inédites et des solutions énergétiques solaires en parfaite adéquation avec le cahier des charges de nos partenaires » commente Moïra Asses, Directrice Marketing et Business Developpement.

 

Des projets architecturaux en cours de développement

 

Armor solar power films a conclu deux partenariats avec des fabricants de verre et de polycarbonate, dont l’un avec le français Riou Glass, pour intégrer son film dans des garde-corps ou des brises soleil de n’importe quelles dimensions et forme. Le film Asca peut être semi-transparent. Ce qui intéresse les architectes.

 

Il s’agit par exemple de rendre autonomes des brises soleil motorisés orientables grâce à la production PV de modules Asca qui leur seraient intégrés. Autre demande d’architectes, rendre autonome la mise en lumière des façades : production d’électricité durant la journée, stockage dans de petites batteries et utilisation par des sources LEDs faiblement consommatrices.

 

 

 

Aujourd’hui, 1 m² de film OPV (Organic PV) Asca offre une puissance nominale de 40 Wc, mesurée dans les conditions normalisées habituelles. L’avantage de ce film organique est qu’il commence à produire à moins de 200 Lx d’illumination. Ce qui correspond à une lumière diffuse. Installé sur une façade verticale, il produit donc plus longtemps dans la journée que des panneaux PV classiques en silicium cristallin. ©Armor solar power films

 

 

 

Second avantage important, le rendement du film ne baisse pas jusqu’à une température de 80°C. A de tels niveaux de température, courants en toiture en été par un fort ensoleillement, le silicium cristallin perd la moitié de son rendement nominal.

 

Armor solar power films travaille donc au développement de solution de membranes PV collées sur différents supports, dont les toitures en zinc. Ce qui permettrait de massifier le déploiement du photovoltaïque sur les toitures existantes, en modifiant très peu leur apparence.

 

Comme le film ne pèse que 450 g/m², 1 kg/m² avec son adhésif, la solution du collage permettrait aussi de solariser des toitures d’usines ou de bâtiments de stockage – toitures en zinc, mais aussi en bacs acier ou aluminium - dont la faible résistance mécanique ne permet pas le déploiement de solutions PV classiques.

 

Vers une gigafactory

 

Aujourd’hui, le nouvel outil industriel à Nantes permet de produire 1 million de m² de films  par an. Cette cadence de production devrait être atteinte 2025 ou 2026. Les projets de développement ne manquent pas. Fin 2021, un chantier neuf devrait voir le déploiement du film  collé sur une verrière.

 

Armor solar power films travaille aussi à l’intégration de son film sur des surfaces textiles pour un déploiement sur des surfaces textiles, sur des bâtiments provisoires. Ces toiles photovoltaïques devraient être enroulables pour être facilement installées, aisément déposées, puis réutilisées sur d’autres bâtiments.

 

A terme, indique Armor solar power films, l’entreprise vise la construction d’une gigafactory, capable de produire au moins 1 GWc de film Asca par an.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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