De la paille pour l'isolation par l’extérieur d'un immeuble existant en plein Paris

De la paille pour l'isolation par l’extérieur d'un immeuble existant en plein Paris

Paris Habitat, un bailleur social de la Ville de Paris, isole par l’extérieur le pignon d’un immeuble existant rue de la Convention, à l’aide de bottes de paille sous enduit.




L’emploi de bottes de paille pour l’isolation intérieure, répartie ou extérieure, des parois des bâtiment commence à faire son chemin. Grâce au long travail mené par le Réseau Français de Construction Paille (RFCP), des règles professionnelles de construction en paille « CP2012 » ont été développées, puis approuvées le 28 juin 2011 par la Commission Prévention Produit (C2P) de l’Agence Qualité Construction.

 

Depuis janvier 2017, après avoir fait l’objet d’un suivi d’expérience pendant quatre ans, ces Règles professionnelles sont acceptées par la C2P et constituent désormais le cadre de référence pour l’utilisation de la paille comme isolant et support d’enduit. La paille bénéficie même d’une «FDES à déclaration collective » depuis le 1er septembre 2013, remplacée en 2015 par une nouvelle version conforme à la norme NF EN 15804.

 

 

 

Avant / Après. A Paris, la Direction territoriale Sud-Ouest du bailleur social Paris Habitat a lancé une consultation de Maîtrise d’œuvre pour l’isolation par l’extérieur en bottes de paille enduites de deux faces du pignon d’un bâtiment existant au 132 rue de la Convention dans le XVème arrondissement de Paris. La maçonnerie des façades du pignon est en moellons bruts. ©Trait Vivant Architectes

 

 

Paris Habitat est persuadé que la paille est un matériau d’avenir. Benoît Quertier, Chef du service patrimoine de la Direction territoriale sud-ouest a lancé la consultation pour l’ITE paille pour ce bâtiment existant, acquis par Paris Habitat en 2018. Selon lui, la petite échelle du projet, la place extérieure disponible sur un jardin permettaient l’essai d’une ITE en paille sous enduit sur le pignon du bâtiment, une petite partie de travaux de rénovation plus vastes, visant à améliorer la performance thermique et le confort du bâtiment.

 

 

 

La consultation a été remportée par deux cabinets d’architectures : Trait Vivant Architectes (représenté par Volker Ehrlich), en tant que mandataire, et Landfabrik (représenté par Benoît Rougelot), ci-dessus. Benoît Rougelot est aussi président du RFCP, le Réseau Français de la Construction Paille. ©PP

 

Une consultation de Paris Habitat

 

Le BET structure Cambium (Yannig Robert), le BET thermique Qui plus est (Denis Fréhel) et l’APAVE comme bureau de contrôle (Laurent Dandres) ont participé à l’opération. Les entreprises Apij Bat. depuis 1920 et Collect’IF paille (chantier participatif) ont réalisé l’ouvrage : 216 bottes de paille sur la façade 3, côté jardin, 270 bottes de paille sur la façade 2, perpendiculaire au corps de bâtiment existant.

 

 

 

Pour la façade 3 (vers le jardin), 216 bottes de paille seront mises en œuvre. Au rez-de-chaussée, après une garde au sol de 20 cm, l’isolant posé n’est pas en paille, mais en liège – insensible à l’eau – sur une épaisseur de 10 cm. Le liège est enduit, comme l’isolant paille au-dessus. Ensuite, trois compartiments, matérialisés par deux profils de coupure de l’enduit, sont isolés en bottes de paille sous enduit, soit environ 151 m² au total. Dans le compartiment inférieur, d’une surface de 57 m², la paille est mise en œuvre avec une nouvelle méthode : les bretelles. Dans les deux compartiments supérieurs, la mise en œuvre en épine a été retenue. Pour la façade 2, de 186 m², même schéma : garde au sol isolée en liège sous enduit, puis 270 bottes de paille posées selon deux méthodes différentes. ©PP, ©Trait Vivant Architectes

Deux modes de pose différents

 

Selon Benoît Quertier, Chef du service patrimoine de la Direction territoriale sud-ouest de Paris Habitat, dans le coût d’un ravalement, l’échafaudage et l’installation pèsent 25%, l’ossature aussi, tout comme l’enduit. La fourniture et la pose de l’isolant lui-même représente également 25% du coût total du ravalement.

 

 

 

Pour réduire les coûts, deux modes de pose différents ont été utilisés sur ce chantier. Les deux compartiments supérieurs, d’une surface de 94 m² environ, font appel à une pose classique en épine : les bottes de paille sont posées verticalement, en compression entre deux épines. Ce sont des panneaux de bois ou de dérivés du bois, de 18 cm de profondeur, fixés verticalement dans la maçonnerie et espacés de 50 cm. Les épines forment 12 compartiments verticaux sur la façade 3 côté jardin et 15 compartiments sur la façade 2, perpendiculaire au corps du bâtiment. ©RFCP, ©PP

 

 

 

 

 

Dans le compartiment inférieur, au-dessus de la garde au sol isolée en liège sous enduit, les bottes de paille sont posées horizontalement à l’aide de bretelles, à raison de deux bretelles par botte. Les bretelles sont des feuillards industriels en polyester, habituellement utilisés pour lier les colis sur des palettes durant leur transport. C’est un produit peu coûteux et très largement disponible. Les bretelles sont ancrées dans le mur, puis tendues. Ce mode de pose ne requiert pas de structure en bois et se met en œuvre très rapidement. ©RFCP, ©PP

 

 

 

 

 

Les bretelles sont tendues avec une force statique de 130 Pa, autour des bottes de paille. Ce mode de pose ne requiert aucun calcul de structure, puisqu’il ne comporte aucune structure bois ou autre. Seul est réalisé un calcul de résistance à l’arrachement. Les outils utilisés sont les outils classiques utiliser pour lier des palettes avant transport. ©PP

 

 

 

La paille mise en œuvre sur ce chantier provient de Seine-et-Marne, sans aucune transformation industrielle autre que sa mise en bottes à la ferme. La pose de l’ITE du compartiment inférieur, la technique des bretelles, fait l’objet d’un chantier participatif mené par Collect’IF Paille.

 

La mise en œuvre de l’ensemble de l’ITE obéit aux Règles Professionnelles de la Construction Paille V3 d’Avril 2019. Ce qui vaut, notamment, respect de la réglementation incendie détaillée dans l’instruction technique n°249 (IT249) relative aux façades. Paris Habitat a un autre projet avec ITE paille dans le XVe arrondissement, mais en construction neuve et utilisant la technique des caissons de paille.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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