Le Bâtiment s’inquiète d'une fin prématurée du cycle de croissance

Le Bâtiment s’inquiète d'une fin prématurée du cycle de croissance

Avec une progression de 2,3 % de son chiffre d’affaires, 2018 reste une bonne année selon la FFB qui s’attend à un ralentissement des travaux du secteur en 2019... alors que des mesures de soutien sont annoncées.




La fédération française du Bâtiment se félicite du bon niveau d’activité de l’année 2018, à l’occasion du bilan annuel présenté par son président Jacques Chanut. Les carnets de commande ont fait le plein jusqu’à la fin de l’année (6 mois de carnets, tous métiers et toutes tailles d’entreprises confondues).

 

A noter que 30 000 postes ont pu être créés cette année, dont 24 000 postes en CDI, malgré de fortes difficultés de recrutement, faute de main d’oeuvre qualifiée disponible. « Un artisan sur deux connaît ces difficultés de recrutement et plus de 80 % des entreprises de plus de 10 salariés confirment ces problèmes d’embauche » indique Jacques Chanut.

 

Cette progression de 2,3 % en volume fait cependant suite à une très bonne année 2017 (+ 4 ,9 %). Un décalage qui s’explique notamment par le recul du logement neuf en 2018, selon la FFB (-25 000 logements par rapport à 2017, soit 404 000 en 2018 contre 428 000 en 2017).  

 

Le rabotage du PTZ neuf (en zone B2 et C) et la suppression de l’APL accession sont responsables de la situation, selon l’organisation professionnelle, qui, à maintes reprises, a alerté les pouvoirs publics. Un dossier qui devrait être réouvert en 2019, selon les annonces récentes du gouvernement, indique la FFB.

 

Notons que le secteur du non résidentiel neuf (bureaux/bâtiments administratifs) a bien fonctionné avec une activité doublée par rapport à 2017 et une progression de +7,4 %.

 

Le marché de la rénovation ne décolle pas

 

Quant à l’amélioration-entretien, l’activité demeure encore fort décevante cette année avec une petite hausse de + 0,8 %. Or, le marché de la rénovation représente 57 % de l’activité des entreprises du Bâtiment.

 

Pourquoi cette quasi-stagnation qui interroge l’ensemble des acteurs du Bâtiment ? Jacques Chanut évoque le coût élevé des logements (qui n’incite pas à engager des travaux) et la complexité du démarrage de la rénovation énergétique.

 

Par ailleurs, la mise en oeuvre du dispositif RLS (Réduction du loyer de solidarité) dans le monde HLM a pénalisé les travaux de rénovation des bailleurs sociaux cette année.

 

50 000 logements neufs « perdus » sur deux ans

 

Résultat : l’année 2019 devrait amorcer la fin d’un cycle de croissance, et un atterrissage à -0,5 % en volume. La situation du logement neuf en sera en partie responsable, selon l’organisation professionnelle.

 

« Avec une perte de 25 000 logements neufs cette année, nous arrivons à un total de 50 000 logements neufs perdus sur deux ans » indique le président de la FFB. Ainsi, seuls 380 000 logements neufs devraient voir le jour en 2019, soit une baisse des mises en chantier de - 7 % par rapport à 2018.

 

Le marché du non résidentiel neuf, devrait quant à lui, surfer sur des tendances favorables (+ 3 %), notamment dans les bureaux et les bâtiments administratifs, ces derniers bénéficiant du cycle électoral en cours (municipales en 2020). 

 

Les bâtiments industriels ne seront pas en reste l’année prochaine : malgré un passage à vide fin 2018, l’industrie devrait reporter ses investissements en 2019, selon les enquêtes de l’Insee. En revanche, la situation des locaux commerciaux ne sera guère florissante, constate la FFB, notamment en raison de la concurrence de l’e-commerce.

 

Réouverture du PTZ en zone B2 et C et retour du CITE

 

Enfin, en 2019, le marché de l’amélioration-entretien devrait conserver un peu de « souffle » grâce à la réintroduction du remplacement des fenêtres à simple vitrage dans le champ du CITE (Crédit d'impôt transition énergétique). « Nous comptons sur une progression de 0,5 % de ce marché » précise Jacques Chanut.

 

Par ailleurs, le chantier du CITE devrait être remis à plat en 2019 selon les promesses faites par le gouvernement, rappelle le président de la FFB. Les professionnels du Bâtiment comptent en effet beaucoup sur la renégociation du champ du crédit d’impôt, qu’ils attendent de pied ferme et n’ont pas l’intention de lâcher.

 

L’organisation professionnelle table sur « trois autres facteurs positifs » qui permettraient, selon elle, de mettre un frein à la baisse du logement. Il s’agit tout d’abord de l’annonce récente de la réouverture du dossier PTZ en zone B2 et C. « Nous demandons le retour à une quotité maximum de 40 %, soit ce qui existe déjà pour les zones A et B1 » insiste Jacques Chanut.

 

Vers un retour du dispositif « Denormandie ancien »

 

Ensuite, la relance effective de l’Anru et l’action Cœur de ville qui concernera 228 villes référencées devraient également limiter « la casse sur le logement neuf ». S’y ajoute le dispositif « Denormandie ancien » (de même type que le dispositif Pinel) dont l’introduction pourrait favoriser le retour de 40 000 logements locatifs privés sur le marché, espère la FFB.

 

L’organisation professionnelle dit attendre aujourd’hui des arbitrages rapides sur la politique budgétaire du gouvernement « afin d’éviter les mêmes erreurs, commises il y 4 ans, et qui provoqueraient de fortes dégradations de l’activité en 2021/2022 ».

 


Source : batirama.com/ Fabienne Leroy

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