De nouvelles idées pour développer le marché du solaire thermique

De nouvelles idées pour développer le marché du solaire thermique

Voici d’autres idées pour faire redémarrer le solaire thermique. Certaines proviennent de la réunion de la Task 54 à Sophia-Antipolis, d’autres de certaines rencontres avec des entreprises innovantes.




Consacrée aux recherches en cours pour réduire les coûts du solaire thermique, la réunion de la Task 54 à l’Ademe à Sophia-Antipolis le 26 avril dernier, constitue une mine d’innovations. Nous en avons déjà présenté plusieurs. En voici de nouvelles.

 

 

 

François Gibert, fondateur d’Eklor développe une solution clef en mains de location de longue durée pour des installations solaires thermiques en collectif et en tertiaire, avec des surfaces de capteurs comprises entre 500 et 1000 m². ©PP

 

Redonner confiance aux Maîtres d’ouvrages

 

L’un des obstacles au développement du solaire thermique est le manque de confiance des Maîtres d’ouvrage. De nombreuses installations ne fonctionnent pas correctement et n’engendrent ni les économies d’énergie, ni les économies financières attendues. Les raisons sont diverses, mais la baisse généralisée de compétences à propos du solaire thermique parmi les BE, les entreprises et les Maîtres d’ouvrage figure en bonne place.

 

Du coup, de nombreux Maîtres d’ouvrage ont perdu confiance deans cette technologie. Pour reconquérir leur adhésion, Eklor Global Solar Services, une entreprise établie à Saint-Priest (69) et à Thorigne (79), a présenté, à Sophia-Antipolis, sa démarche de financement du solaire thermique en location de longue durée.

 

Pour le secteur des immeubles collectifs et tertiaires, Eklor propose de s’occuper de tout : étude, installation, financement, exploitation-maintenance y compris le renouvellement du matériel, production d’énergie et monitoring fin de l’installation. En échange, le Maître d’ouvrage, s’engage sur un loyer mensuel fixe durant 7 à 12 ans.

 

Trois évolutions de contrats possibles

 

Eklor conçoit, fabrique et utilise ses propres panneaux solaires auto-vidangeables. Sa prestation peut aller jusqu’à la prise en charge de la boucle sanitaire, pour l’instant seulement en Nouvelle Aquitaine. Selon François Gibert qui a créé Eklor en 2005, à l’issue d’un contrat, trois évolutions sont proposées.

 

Le contrat peut être prolongé pour 5 ans. Il peut être modifié, si les conditions d’exploitation ont changé, si la consommation d’ECS baisse ou augmente, par exemple. Enfin, si le client est mécontent, ce qui n’est encore jamais arrivé, Eklor démonte son installation.

 

Le but de l’entreprise est de redonner confiance aux Maîtres d’ouvrage en sécurisant leurs coûts – un loyer mensuel constant tout au long du contrat -, en fournissant une prestation globale et en s’engageant sur les performances de l’installation.

 

 

 

Le but d’Eklor est de dimensionner les installations de manière à maximiser le taux de couverture des besoins par le solaire thermique et à atteindre des économies financières significatives pour des projets en collectif et en tertiaire, dont les besoins de chaleur annuels se situent entre 25 000 et 300 000 kWh/an. ©PP

 

 

 

Simplifier, simplifier, simplifier

 

Pour un tout autre secteur, la maison individuelle, StratoClair Energies a présenté une autre solution à Sophia-Antipolis. Créée en 2009 à Ponchâteau (44) près de Saint-Nazaire, par Yannick et Frédéric Thoméré, StratoClair Energies vise le CESI (Chauffe-Eau Solaire Individuel) fourni-posé à 2 500 € TTC.

 

Leur idée consiste à réutiliser les ballons électriques existants pour ajouter un circuit solaire thermique, dont le fluide est l’eau sanitaire elle-même. Les capteurs solaires thermiques sont des tubes sous vide. StratoCLair propose un colonne solaire pré-assemblée qui s’installe à côté ou sous un ballon électrique existant. Elle existe en deux modèles : pour ballon de 150 à 250 l et pour ballon de 300 litres.

 

Ce système s’installe facilement, ne comporte pas de glycol, pas de ballon spécial et fait appel à l’eau sanitaire comme fluide caloporteur. Il permet une production immédiate d’eau chaude à 60°C. Comme elle circule entre la station StratoClair et le ballon seulement par thermosiphon, l’eau chaude sanitaire produite par le solaire organise une stratification dans le ballon. Ce qui la rend immédiatement disponible.

 

 

 

L’idée de StratoClair, telle que l’expose Yannick Thoméré, consiste à simplifier l’installation d’un CESI pour réduire ses coûts. Depuis septembre 2015, une étude des installations est en cours avec le CSTB. StratoClair a vendu 400 systèmes à ce jour pour un prix moyen fourni-posé de 4000 € TTC. L’entreprise estime pouvoir atteindre son but de 2500 € TTC fourni-posé à partir d’un volume annuel de 4000 à 5000 CESI. ©PP

 

 

 

 

Le solaire thermique au-delà du bâtiment

 

L’Ademe, de son côté, poursuit ses efforts quotidiens pour soutenir et développer le marché du solaire thermique. Ses intervenants rappelaient à Sophia-Antipolis que les emplois du solaire ne se concentrent pas seulement sur le bâtiment.

 

La Direction Régionale de l’Ademe Bretagne propose, par exemple, un webinaire (une présentation interactive en ligne, concaténation de web et séminaire) consacré à l’intérêt du solaire thermique dans les élevages de veaux et laitiers, gros consommateurs d’eau chaude. Il existe de nombreuses applications possibles du solaire thermique en industrie pour des utilisations à des températures inférieures à 100°C.

 

Le belge Sunoptimo, qui n’était pas à Sophia-Antipolis, s’est attaqué au coût d’investissement initial et a développé une préfabrication qui permet de le réduire de 40% environ pour des installations de forte puissance (> 50 kWth). Son procédé, baptisé Opticube, consiste à entièrement préfabriquer des installations solaires thermiques, livrées ensuite en kit dans un conteneur maritime de 20 pieds avec une notice de montage.

 

 

 

Certifiées Solar Keymark, les solutions préfabriquées Sunoptimo font appel à des systèmes drainback pour éviter les surchauffes. Elles se raccordent en dérivation sur le départ ou sur le retour des réseaux thermiques existants. ©Sunoptimo

 

 

 

 

Opticube de Sunoptimo

 

Un kit Opticube « standard » contient de 16 (39 m²) à 120 (293 m²) capteurs thermiques Optisun 245 drainback, la structure métallique en kit qui les supportera, la station hydraulique Optiflow qui gère le drainback et protège l’installation contre la surchauffe, des ballons solaires Optitank en diverses technologies (de l’inox à l’email, avec ou sans échangeurs), une ou plusieurs stations Optiaqua régulées pour la production d’ECS instantanée avec des débits de 40 à 350 l/minute.

 

Pour des besoins supplémentaires, il est toujours possible d’installer des stations Optiaqua en parallèle. Tous les constituants d’un kit sont rassemblés et livrés dans un conteneur maritime. L’installation d’un kit Opticube de 70 kW s’effectue dans la journée. Les capteurs sont disposés verticalement sur 3 ou 4 rangs, selon une pente de 20 ou de 35°. L’armature métallique qui les supporte est montée au-dessus du conteneur maritime et descend jusqu’au sol.

 

Mais il existe également une version ombrière de parking. Selon Sunoptimo, ce système affiche une durée de vie de 30 ans, une réduction de 40% des coûts d’installation – la fourniture et pose d’un Opticube avec 100 m² de capteurs revient 60 000 € HT - et atteint un coût du MWh de chaleur solaire inférieur à 20 € HT.

 

Un autre segment de marché recèle un potentiel important pour le solaire thermique : les réseaux de chaleur. Plusieurs projets de contribution solaire thermique aux réseaux de chaleur sont en développement en France. Nous y consacrerons un article entier.

 

 

 

Dans le kit Sunoptimo, prémonté en usine dans un conteneur maritime, figurent notamment les stations hydrauliques Optiflow XL, capables de gérer de 100 à 1000 m² de capteurs solaires thermiques. Pour les installations plus grandes, plusieurs stations hydrauliques sont montées en parallèle, chacun raccordée à son propre champ de capteurs. ©Sunoptimo

 

 

 

 

Outre le montage classique au sol, Sunoptimo propose aussi une solution d’installation sur ombrières de parking. De quoi permettre à un hypermarché de produire son eau chaude, tout en offrant plus de confort à ses clients. ©Sunoptimo

 

Le soutien de l’Ademe aux grandes installations solaires thermiques

 

En attendant, l’Ademe soutient le solaire thermique de multiples manières, dont deux procédures financières. Tout d’abord, depuis 2009, le fond chaleur finance études et installations solaires thermiques comprenant au minimum 25 m² de capteurs avec une production de chaleur d’au moins 350 kWh/m².an et une étude de faisabilité réalisée par un BE qualifié RGE 20.14. Si tous ces critères sont réunis, l’aide forfaitaire atteint 55 €/MWh.

 

Pour les projets dépassant 100 m² de capteurs, l’aide est déterminée à la suite d’une analyse économique. Ensuite, à travers la procédure annuelle AAPST (Appel A Projets Solaires Thermiques), l’Ademe soutient le développement des grandes installations solaires thermiques.

 

Pour le programme 2018, les Maîtres d’Ouvrage intéressés – collectivités territoriales, entreprises, propriétaires de parcs de logements et de bâtiments tertiaires - doivent se porter candidat avant le 14 septembre 2018. L’aide de l’Ademe varie de 45 à 65% du montant de l’investissement selon le type de demandeur et la taille du projet.

 

 

L’Ademe est depuis des années un soutien actif du solaire thermique en France. Pour les grandes installations, un petit rayon de soleil se profile qui améliore la rentabilité du solaire thermique : le prix du pétrole remonte. Il a franchi 80 $ par baril mi-mai 2018 et pourrait atteindre 100 $ cette année. ©Sunoptimo

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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