Les bâtiments "performants" génèrent aussi leurs pathologies

Les bâtiments

Les bâtiments performants, en dépit de leurs mérites avérés, ne sont pas exempts de défaillances dans leur élaboration. Voici un petit inventaire des dysfonctionnements rencontrés.




L’Agence Qualité Construction et le Réseau breton du bâtiment durable ont organisé à Rennes un atelier pour restituer leurs observations sur les défaillances constatées dans l’édification de bâtiments performants.

 

Devant un public de professionnels, les deux partenaires ont livré un retour d’expériences (le premier au niveau national, le second à l’échelle régionale) dans une approche qualitative et dans un esprit… constructif !

 

« Chacun sait qu’il y a des choses à apprendre des erreurs. Notre propos est de comprendre les phénomènes pour améliorer les pratiques » souligne Martin Guer, chef de projet Dispositif Rex Bâtiments Performants au sein de l’AQC.

 

Performances thermiques : de la théorie à la pratique

 

Les bâtiments performants vont au-delà de la réglementation thermique, en respectant une démarche environnementale et en faisant appel à des pratiques innovantes. Leur première vertu théorique est de permettre des économies d’énergie. Encore faut-il qu’ils soient réalisés dans les règles de l’art.

 

Les visites menées sur le terrain par l’AQC révèlent parfois des impairs qui peuvent générer un gap entre l’étu de thermique initiale et les résultats dans la pratique. Ici, « une lame d’air de 2 cm entre l’isolant et les voiles béton, illustre Martin Guer, photo à l’appui.L’air remonte le long du mur, car la technique des plots a été utilisée. Il aurait fallu en collage en plein ».

 

Là, un bâtiment BBC dont l’isolation extérieure, non protégée par un pare-pluie, reste plusieurs mois exposée aux intempéries. L’isolant est mouillé, dégradé, des microorganismes s’y développent. La performance thermique réelle ne sera pas à la hauteur des attentes.

 

Autres exemples : un réseau de chauffage mal calorifugé ou, dans un bâtiment bioclimatique, des bris de soleil fixes et surdimensionnés qui empêchent de capter l’apport solaire ; la consommation de chauffage s’en trouvera accrue, de même que la consommation d’électricité pour éclairer l’espace intérieur.

 

 

Si l’Isolation extérieure est non protégée par un pare-pluie pendant plusieurs mois, la performance thermique s’en trouvera dégradée ©AQC

 

VMC double flux et multiples coudes

 

Lorsqu’un bâtiment est parfaitement isolé dans sa structure extérieure, d’autres problèmes peuvent apparaître qui n’auraient guère eu d’impact dans un édifice moins performant.

 

Ainsi une VMC double flux, réalisée avec des gaines souples et des colliers de serrage, et révélant de multiples coudes qui réduisent le débit, augmentent les pertes de charge : le renouvellement d’air sera très faible.

 

Cela n’aurait pas tiré à conséquences dans un bâtiment mal isolé (entrées d’air par les portes, les fenêtres) mais devient critique dans un bâtiment dont l’enveloppe est très étanche à l’air : risques de condensation, de moisissures...

 

 

Les multiples coudes de la VMC augmentent les pertes de charge, d'où un renouvellement faible d’air : dans un bâtiment étanche à l’air, les risques de condensation s’accroissent …

 

Attention à la ouate de cellulose humide

 

La projection de ouate de cellulose humide pour isoler des caissons est en soi une bonne technique, sauf si elle est faite à l’automne dans un bâtiment hermétique. L’isolant ne sèche pas, ce qui entraîne un retard de chantier, et il finit même par moisir, ce qui oblige à le changer.

 

« Il s’agit d’un problème récurrent dans les bâtiments performants d’où l’humidité ressort plus difficilement, souligne Martin Guer. La solution dans ce type de cas est de mettre en place une ventilation provisoire du chantier pour permettre le séchage ».

 

Les innovations apportent aussi leur lot de sinistres comme par exemple le recours à l’énergie solaire avec des systèmes de carte mère embarquée riches en électronique.  La nouveauté engendre la sinistralité, ce qui est normal.

 

 

Il faut veiller à mettre en place une ventilation provisoire du chantier pour permettre le séchage de la ouate de cellulose… surtout si elle est posée en automne dans un bâtiment hermétique.

 

Pas de garantie décennale

 

En dehors de cela, il n’y a pas plus de pathologies qu’avant dans la construction, estime l’AQC, simplement les exigences ont changé, car des résultats sont attendus en termes de consommation énergétique.

 

Dans la salle, un auditeur interroge : « Si la performance énergétique n’est pas bonne, y a-t-il un recours possible pour le client ? Est-ce que cela entre dans le cadre de la garantie décennale ? »

 

A priori non, répond Martin Guer, « sauf peut-être si la consommation s’avère exorbitante. Il faudra voir la jurisprudence à venir.  Le client est couvert lorsqu’il y a un contrat de performance énergétique, mais c’est encore peu fréquent ».


 

En Bretagne : ventilation, ponts thermiques, acoustique

 

Les observations réalisées en Bretagne par le Réseau breton bâtiment durable pointent aussi de fréquents dysfonctionnements dans les systèmes de ventilation. L’étanchéité à l’air du réseau est parfois défectueuse ou son accessibilité est malaisée et l’entretien des bouches d’extraction est presque toujours défaillant, ce qui nuit à la qualité de l’air intérieur.

 

Concernant le confort hygrothermique, les principaux problèmes relevés concernent : les ponts thermiques, le mauvais réglage des menuiseries, les défauts d’étanchéité à l’air ou encore l’insuffisance des protections solaires qui peuvent créer des effets de surchauffe.

 

« Nous constatons aussi que lors de la rénovation de l’enveloppe extérieure d’un immeuble, le traitement de l’acoustique est parfois négligé, or les bruits d’un logement à l’autre deviennent beaucoup plus présents après rénovation », fait remarquer Samuel Daucé, chargé de mission au Réseau breton bâtiment durable.

 

A noter


Le dispositif REX (retour d’expériences) Bâtiments performants est une étude qualitative permettant d’identifier et de comprendre les risques émergents afin d’améliorer la qualité des constructions performantes.

 



Source : batirama.com / C. Ch.

1 Commentaire
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  • par A003
  • 06/04/2018 12:48:19

DOUBLE FLUX: au vu de la photo sur la double flux difficile de considérer que cette installation relève d'une démarche bâtiment performant: c'est un peu le Moyen âge!!! On ne fait pas de double flux avec des conduites souples = absence d'étanchéité du réseau, bruit et pertes de charges, absence de nettoyage possible etc... On utilise des conduits semi-rigide en PEHD ou conduites rigide galva à joints etc...

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