Baptème BIM pour le bailleur social, l'architecte et l'entreprise à Laillé (35)

Baptème BIM pour le bailleur social, l'architecte et l'entreprise à Laillé (35)

Près de Rennes, un bailleur social, une architecte et l’entreprise réalisent leur premier chantier entièrement piloté en mode BIM. Ils nous livrent leur retour d’expérience.




Pour le bailleur social Aiguillon, le projet Les Marelles qui sort de terre à Laillé, commune de Rennes Métropole, inaugure une ère nouvelle. A travers ce programme de 45 logements locatifs, le maître d’ouvrage s’initie à la méthodologie du Building Information Model, dont le pivot est une maquette numérique 3D intelligente qui devient, grâce à une plateforme collaborative, l’élément clé des échanges entre les différentes parties prenantes à la construction.

 

« Nous pensons à l’avenir travailler systématiquement de cette façon, explique Frédéric Loison, directeur général d’Aiguillon. Cela nécessite une acculturation. Il faut trouver de nouvelles organisations, changer des habitudes ancrées depuis longtemps puisqu’il s’agit en quelque sorte d’édifier un bâtiment de façon virtuelle avant de passer à la construction réelle. Cela implique notamment d’anticiper davantage certaines études ».

 

 

Le BIM, un grand saut technologique pour l'ensemble des participants au projet

 

Un saut technologique

 

La fameuse maquette 3D a pris naissance chez l’architecte Estelle Soubeyrand qui, elle aussi, a fait son « baptême BIM » à l’occasion du projet de Laillé. Elle a pour se faire investi près de 10 000 euros dans l’achat de logiciels ad hoc.

 

« C’est un grand saut technologique, explique-t-elle. Un architecte voit toujours ses projets en volume dans sa tête, mais la maquette numérique lui permet de faire partager très directement cette vision. L’édifice peut être examiné de tous les côtés, sous tous les angles, ce qui permet d’éviter des erreurs, des défauts. Nous avons emmené avec nous les bureaux d’études dans cette approche ».

 

Troisième partie prenante au chantier, et non des moindres, l’entreprise générale CNR Construction qui intervient dans le Grand-Ouest, mais aussi aux îles anglo-normandes où elle avait déjà acquis une certaine expertise de la modélisation numérique.

 

L’immeuble de Laillé est le premier projet qu’elle réalise en mode BIM en Bretagne. Après s’être équipée des outils informatiques requis (moyennant un budget de 10 à 15 000 euros), elle a formé ses équipes à cette nouvelle façon de travailler, en nommant un BIM coordinateur, mais aussi un BIM médiateur chargé de faire partager la transition numérique à l’ensemble des corps de métier intervenant dans la réalisation.

 

Fédérer tous les partenaires

 

« Nous avons souhaité que tous les artisans soient associés à la démarche et puissent utiliser la plateforme collaborative », explique le président de CNR Construction, Sébastien Gaudin. L’entreprise s’est également assuré le concours d’un BIM manager extérieur, indépendant, qui valide les différentes phases du projet en traquant informatiquement d’éventuelles incohérences.

 

« Avec cette méthode, la phase préparatoire du chantier est longue et exigeante, elle nous a pris deux mois contre un mois avec les process classiques. Mais ensuite, la planification des tâches est beaucoup plus aisée car on visualise énormément de détails. Les écueils sont détectés très en amont ce qui permet d’éviter des dysfonctionnements parfois couteux et chronophages, témoigne Sébastien Gaudin.

 

La plateforme collaborative garantit que tout le monde voit précisément ce dont on parle et elle favorise beaucoup les échanges. Le BIM n’entraîne pas de déshumanisation, bien au contraire ! ».  Convaincu, le président de CNR construction a même conçu un petit bungalow mobile pour expliquer sur les salons étudiants ou auprès des maîtres d’ouvrage, les vertus de la méthode.

 

Des atouts durables

 

La modélisation numérique ouvre il est vrai un nouveau champ de vision aux acteurs du bâtiment. Sur la maquette 3D des Marelles, chaque élément constitutif peut être mis en valeur isolément (la charpente, les loggias).

 

Sur le plan 2D, il suffit de cliquer sur une menuiserie pour avoir apparaître dans un onglet toutes ses propriétés (dimensions, matériau…). Et lorsqu’une information est entrée dans le système informatique, elle est automatiquement répercutée sur l’ensemble des documents : maquettes 3D, plan 2D, tableaux, etc.

 

En termes de communication, la modélisation représente un outil efficace face au client final. Des interlocuteurs peu habitués à lire des plans peuvent se faire immédiatement une conception de l’immeuble, voir son insertion dans l’environnement, en « visiter » les espaces intérieurs.

 

« L’avantage de la méthode BIM s’inscrit dans la durée, estime Frédéric Loison, et pas seulement parce qu’elle conforte la qualité de réalisation. Toute la base de données concernant Les Marelles subsistera après la construction, souligne-t-il. Pour nous qui assurerons la gestion locative de cet ensemble pendant de nombreuses années, l’intérêt est évident quant à la maintenance ou aux travaux ultérieurs de réhabilitation ».

 

Aiguillon, un constructeur et un gestionnaire de logements sociaux


 

 

Pose de la première pierre du programme Les Marelles, une réalisation en BIM (Building Information Modeling)

 

Les études pour le programme Les Marelles ont débuté en 2015. Les travaux seront achevés au premier trimestre 2019 : 45 logements, répartis sur deux bâtiments situés en plein cœur de Laillé, seront proposés en locatif aidé. Ils seront conformes à la norme RT 2012.

 

L’investissement est de 6 millions d’euros, financé par emprunt auprès de la Caisse des Dépôts, une part de fonds propres et une subvention de Rennes Métropole (à 17%). Aiguillon est une Entreprise Sociale pour l’Habitat créée en 1902.

 

A la fois constructeur et gestionnaire de logements sociaux, elle a à son actif quelque 24 000 logements dans l’ouest de la France dont 7000 ont été vendus en accession à la propriété. CNR Construction est une entreprise de 170 salariés qui intervient en gros-œuvre, macro-lots et entreprise générale dans le bâtiment, le génie civil et le secteur industriel. Elle réalise 35 M€ de CA.

 


Source : batirama.com / Corinne Cherigny

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