BBCA, le label rénovation en 2018

BBCA, le label rénovation en 2018

Le 28 novembre, l’association a présenté les fondements de son nouveau Label BBCA Rénovation. Tout n’est pas encore clair, il sera lancé au 1er semestre 2018.




Réduire le contenu carbone en construction neuve, c’est bien. D’ailleurs, l’association BBCA s’auto-crédite du fait que le contenu Carbone figure en bonne place dans les prémices de la future règlementation construction neuve, tels que les trace le label volontaire E+C-.

 

Et la rénovation, c’est encore mieux : le marché est plus important, plus divers que celui de la construction neuve. L’association annonce donc le lancement d’un label BBCA rénovation pour le 1er semestre 2018.

 

 

 

Comme le rappelle Hélène Genin, déléguée générale de l’association BBCA, les émissions de gaz à effet de serre de 1 m² de bâtiment neuf construit selon le label BBCA atteignent 1 t durant les 50 ans de durée de vie du bâtiment, contre 1,5 t pour un bâtiment simplement conforme à la RT2012 et 3 t pour un bâtiment construit durant les années 60. ©PP

 

D’abord en logements collectifs et en bureaux

 

Pour l’instant, le référentiel BBCA Rénovation est en cours de rodage sur 40 opérations test – dont 27 fournies par le seul Groupe Bouygues, semble-t-il – et n’est pas encore publié. On ne peut donc pas le lire et scruter ses détails.

 

Mardi 28 Novembre, les principes du label BBCA Rénovation, ses buts et un certain nombre des choix de méthode ont été présentés. Tout d’abord, il semble bien qu’évaluer le contenu carbone d’une rénovation soit plus complexe qu’en construction neuve.

 

La Commission Technique BBCA Rénovation qui a travaillé sur ce thème, était pilotée par Sinteo et composée de Mathieu Tamaillon, Charlotte Miriel, Julien Courville et Marie-Caroline Mesguez, tous quatre de Sinteo, d’André Pouget et Simon Lulie-Tuquet de Pouget Consultants, Aurélie Blottière et de Kévin Thizy d’Artelia, de Mathilde Avril, Isabelle Delplanque et de Guillaume Carlier de Bouygues Bâtiment Île-de-France.

 

Cette commission a pris plusieurs décisions pour simplifier l’approche carbone en rénovation. Initialement, la démarche ne s’appliquera qu’aux immeubles de bureaux et de logements collectifs.

 

 

 

Le futur Label BBCA Rénovation veut diviser au moins par 2 les émissions de gaz à effet de serre d’un bâtiment après sa rénovation. ©PP

 

Les 4 indicateurs de BBCA Neuf sont reconduits

 

Ensuite, la Commission a discerné trois grands types de rénovations : la rénovation lourde où ne subsistent que les structures, la rénovation thermique et la rénovation légère. La démarche BBCA Rénovation ne portera que sur les deux premiers types.

 

Les quatre grands indicateurs du Label BBCA dans le neuf sont reconduits, mais calculés de manière différente : construction raisonnée, exploitation maîtrisée, stockage de carbone, économie circulaire.

 

La construction raisonnée repose sur une Analyse du Cycle de Vie (ACV) sur 50 ans, adaptée à la rénovation. Le but de la rénovation est de diviser par deux, au moins, les émissions de CO2 par rapport au bâtiment initial.

 

 

 

Le futur Label BBCA Rénovation conserve les quatre grands chapitres de BBCA dans le neuf, tout en les adaptant au contexte spécifique de la rénovation. ©PP

 

S’appuyer sur la RTEX

 

La partie « Exploitation Maîtrisée » repose sur un calcul réglementaire selon la méthode RTEX globale, telle que la définit l’arrêté du 13 juin 2008. André Pouget a souligné que, premièrement, cela permettait de ne pas réinventer la roue en produisant une énième méthode de calcul, et que, deuxièmement, la sévérisation des exigences du label BBCA Rénovation suivrait naturellement les futures évolutions de la RTEX, dont une nouvelle version devrait apparaître en 2018.

 

Troisièmement, la RTEX permet de placer un garde-fou sur la performance du bâti en indiquant une valeur Ubât max – qui exprime les déperditions du bâti - à ne pas dépasser. Toujours optimiste, André Pouget appelle au passage à une unification des méthodes de calcul règlementaires entre le neuf et la rénovation, simplement assortie d’exigences de performances différentes selon les cas.

 

Même si le futur Label BBCA Rénovation proposera vraisemblablement 3 niveaux, le but est clairement de « ne pas exclure une énergie ». Traduction : l’association BBCA a besoin du soutien de GrDF, d’Engie et d’EDF.

 

 

 

L’exploitation Maîtrisée s’appuie sur la méthode de calcul RTEX. La construction raisonnée fait appel à une Analyse du Cycle de Vie largement modifiée. Les matériaux conservés sur le site sont, par exemple, crédités d’une empreinte carbone nulle. ©PP

 

Le détail des calculs de consommation d’énergie reste à venir

 

La partie calcul des consommations mélangera en réalité la méthode RTEX et l’approche E+C- développée pour le neuf. Tout d’abord, les consommations d’énergie prises en compte dans le calcul sont les 5 usages selon la RTEX, augmentés des « autres consommations » au sens du label E+C-, pour parvenir à une évaluation des consommations tous usages.

 

Si le Label BBCA Rénovation reprend vraiment l’approche E+C- sur ce point, nous devrions revoir le coefficient Aueref qui évalue la consommation de référence des autres usages, exprimée en énergie primaire, dans le Label E+C-. Aueref = fp,nr,élec x Eefau, où fp,nr,élec est le coefficient de conversion entre énergie finale et énergie primaire ni renouvelable, ni issue de récupération, de l’électricité issu du réseau et Eefau est la quantité d’énergie finale électrique consommée pour répondre aux « autres usages » selon la méthode de calcul.

 

André Pouget a indiqué la formule suivante pour calculer les consommations dans le Label E+C- : [Consommations d’énergie tous usages (5 usages RTEX + Aueref) – production d’électricité locale] x coefficient d’émission de gaz à effet de serre x 50 ans.

 

Il a également précisé que toutes les Energies Renouvelables (ENR), y compris celles apportées par les réseaux – le biogaz dans le réseau GrDF, l’électricité d’origine hydraulique, éolienne, photovoltaïque dans le réseau ErDF, etc. – seraient prises en compte, sans préciser comment. Il est sage d’attendre la publication du référentiel.

 

 

 

En ce qui concerne la performance énergétique, il y aura au moins deux niveaux : simplement conforme à la RTEX ou bien atteignant le niveau BBC Rénovation. Pour autant qu’on le sache, le seul Label BBC Rénovation existant est celui d’Effinergie. Est-ce que le label BBCA Rénovation englobe le Label BBC Effinergie Rénovation ou bien juste la méthode de calcul et les exigences de performance ? Ce n’était pas tout à fait clair. ©PP

 

Favoriser la réutilisation des matériaux

 

Dans le chapitre « Construction raisonnée », le label entend maximiser la conservation des matériaux existants, favoriser l’économie circulaire (la réutilisation) des matériaux déposés, privilégier les contenus bas carbone – traduction : biosourcés – pour les matériaux ajoutés.

 

La Commission Technique Rénovation a proposé une convention qui simplifie beaucoup la démarche : tous les matériaux conservés sur le site d’une rénovation seront considérés comme ayant un contenu carbone nul. Parmi les matériaux évacués, les matériaux réglementés – contenant de l’amiante, du plomb, les terres polluées, etc. – ne seront pas pris en compte.

 

Pour les autres matériaux évacués, il faudra distinguer les matériaux évacués et réutilisés sur d’autres sites qui seront affectés d’une empreinte carbone nulle, des matériaux déposés mais non-réutilisés pour lesquels sera calculé le nouvel indicateur EGESPCE NA. Le NA signifie non-amortis. La procédure n’était pas détaillée, mais cela sous-entend une évaluation de l’impact CO2eq au prorata de leur durée de vie résiduelle.

 

Leur volume sera calculé à partir du « diagnostic déchets de démolition » existant par ailleurs. Le contenu carbone sera évalué à partir des FDES de ces matériaux évacués et non-réutilisés : ce ne sera pas de la tarte. Enfin, les matériaux ajoutés seront évalués conformément à la méthode BBCA dans le neuf, c’est-à-dire à l’approche E+C-.

 

 

 

Tous les résultats du Label BBCA Rénovation seront exprimés en kg CO2eq/m².an, tous usages énergétiques confondus et avec une durée de vie du bâtiment de 50 ans. Le label proposera 3 niveaux de performance et ne devrait invalider aucune technique de chauffage, ni aucune énergie. La présentation portait largement sur les logements collectifs. Comme le label traitera aussi des immeubles de bureaux, les consommations de rafraîchissement seront également prises en compte. ©PP

 

Economie circulaire

 

La procédure décrite au-dessus, bien qu’elle demeure encore imprécise, est tout de même relativement complexe. Il faut y ajouter une première mesure obligatoire, sans laquelle un bâtiment ne pourra pas prétendre au Label BBCA Rénovation : le « Diagnostic Ressources ». Cela consiste à évaluer, dans un bâtiment dont on projette la rénovation, la nature et la quantité des matériaux qui pourront être valorisés dans le projet. C’est-à-dire conservés sur place, ou utilisés durant la phase chantier.

 

Remarquons au passage que l’emploi de matériaux non-neufs dans la construction en France est soumis à toutes sortes de contraintes règlementaires et administratives. Il faudra bien souvent obtenir des ATEX (Avis Techniques Expérimentaux) ou recourir à des procédures d’évaluation spécifiques, négocier avec les assureurs : autant de délais et de coûts supplémentaires.

 

La difficulté principale dans le développement de l’économie circulaire appliquée au bâtiment, sera moins d’ordre technique que règlementaire. Mais l’Association BBCA semble convaincue que le développement de son Label BBCA Rénovation mettra au jour toutes sortes d’écueils techniquement injustifiés, qui deviendront autant de chantiers de simplification administrative et de réforme règlementaire.

 

 

 

Mettre au point une méthode d’ACV adaptée à la rénovation et qui ne soit pas d’une complexité désarçonnante a été difficile. L’un des principaux choix consiste à affecter un contenu carbone nul aux matériaux conservés sur site lors de la rénovation. ©PP 

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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