Y. Dervyn : "Notre nouveau label Effinergie prépare la réglementation 2018-2020" 

Y. Dervyn :

Le collectif Effinergie lance son label pour les bâtiments neufs qui se base sur le référentiel de l’Etat « E+C- »*. Explications de Yann Dervyn, son directeur.




Bâtirama : Pourquoi lancez-vous votre propre label énergie-carbone, alors que l’Etat a créé le sien « E+C- » il y a quelques mois ?


Yann Dervyn 

: Tout d’abord, il convient de rappeler qu’Effinergie a participé aux travaux menés par l’Etat pendant deux ans sur le contenu du référentiel E+C-, présenté, ainsi que l’expérimentation, par la ministre du Logement le 18 novembre dernier. Pour autant, ce référentiel nous a obligé à revoir notre stratégie sans renier nos valeurs, car certaines exigences de performance du bâti, qui nous semblent essentielles et que nous demandons dans nos labels précédents Effinergie+ et Bepos-effinergie 2013, en sont totalement absentes.
 

A quoi pensez-vous ?


Par exemple, le référentiel de l’Etat ne donne pas une définition claire du Bepos. Le bâtiment à énergie positive y est délayé sur quatre niveaux (ndlr : le référentiel propose 4 niveaux de performance pour l’Energie et 2 pour le Carbone). Nos labels Effinergie+ et Bepos-effinergie 2013 s’appuient sur des exigences fortes et permettent de définir le bâtiment à énergie positive ; il nous faut travailler le retour d'expériences de ces exigences et expliquer ce qu'est un Bepos, ce n'est donc pas le moment de sacrifier ce travail.

 

Quelles sont les critères techniques de ce nouveau label ?


Pour obtenir le nouveau label Effinergie, le bâtiment doit au préalable être conforme à la Réglementation thermique 2012 et aux exigences minimales liées au référentiel E+C- : un niveau Energie a minima égal à 2 (1) et un niveau Carbone, a minima égal à 1 (2).

 

Ceci peut paraître peu ambitieux, mais nous y associons d’autres critères : le besoin bioclimatique Bbio pour qu’un bâtiment soit 20% plus sobre qu’un bâtiment RT 2012 ; la consommation conventionnelle d’énergie primaire Cep du bâtiment qui permet d’optimiser les équipements pour qu’un bâtiment ait une consommation calculée inférieure de 20% par rapport à la RT 2012 (inférieur à 40% pour le tertiaire) ; le renforcement de l’étanchéité à l’air et celui de la qualité de réalisation des réseaux de ventilation, non prise en compte dans la RT 2012. Avec ce dernier point, nous poussons les professionnels à s’intéresser de près au sujet de l’étanchéité des réseaux de ventilation.

 

Par ailleurs, nous demandons que les bureaux d’étude soient qualifiés et que le maître d’ouvrage mette en place une procédure de commissionnement, pour s’assurer à la réception de l’ouvrage que les équipements (réglage chaudière, régulation…) fonctionnent comme prévus.


Les deux derniers critères concernent la mobilité : l’opération doit faire l’objet d’une évaluation de la consommation d’énergie engendrée par les déplacements des utilisateurs du bâtiment, via l’outil Ecomobilité (www.effinergie-ecomobilite.fr) et l’information de l’usager avec la remise d’un guide d’usage du bâtiment, détaillant l’utilisation, l’entretien et la maintenance des équipements et du bâti permettant de préserver la performance énergétique.

 

Comment obtenir ce label ?


Tous les maîtres d’ouvrage  intéressés devront en faire la demande auprès des organismes certificateurs avec lesquels  nous avons passé une convention (Promotelec, Cequami, Cerqual, Certivéa et Prestaterre). Ils délivreront le label en suivant leur procédure de certification et décideront du coût. Le nouveau label devrait être opérationnel début mars.

 

Pourquoi les maîtres d’ouvrage seraient plus tentés par ce label Effinergie exigeant que le label « E+C- » de l’Etat ?


Avec les critères additionnels, on se dirige vers le zéro énergie. Il est évident que nous touchons ici les maîtres d’ouvrage qui ont une vraie sensibilité pour la sobriété des bâtiments et une véritable conscience environnementale. Une niche d’acteurs motivés, des pilotes en quelque sorte. Et il y en a…

 

IL peut s’agir de constructeurs de maisons individuelles souhaitant montrer leur savoir-faire, de promoteurs immobiliers qui souhaitent valoriser leur démarche de développement durable auprès de leurs actionnaires, ou de bailleurs sociaux dont l’objectif est la baisse des charges de leurs locataires, ou encore les acteurs du tertiaire s'impliquant dans le bâtiment durable.

 

Ce label sera-t-il conditionné à des subventions ?


Les aides pourront être locales. Par exemple, les régions qui, dans leur appel à projet de bâtiments performants, demandent le respect des critères du label, pourront apporter une aide aux porteurs d’opération. D’ailleurs les régions membres d’Effinergie l’utiliseront comme critère d’éco-conditionnalité de leurs dispositifs d’aide.

 

Combien de bâtiments sont concernés par ce nouveau label ?


Nous n’avons pas encore quantifié le potentiel. C’est un travail que nous devons mener ainsi que celui sur le nom et le logo. Cela va déjà dépendre de l’intérêt que va susciter le référentiel « E+C- », mais nous espérons faire aussi bien que notre « Bepos Effinergie » (ndlr : au 1er octobre 2016, 70 programmes de logements, soit 1 500 logements, avaient déposé une demande de certification ; en tertiaire, près de 400 000 m2 sont en cours de certification).

 

Avez-vous des concurrents dans ce domaine ?


Sur l’énergie, nous n’avons pas de concurrents français. BBCA s’intéresse uniquement au carbone et l’association HQE, qui a vocation à reprendre les critères des uns et des autres, ajoute d’autres exigences dans une démarche plus large.

 

Par contre, il existe des labels étrangers, comme l’allemandPassivhaus, le suisse Minergie ciblés sur l'énergie, ainsi que  l’américain LEED et le britannique BREEAM sur une démarche globale. Mais leurs démarches ne sont pas calées sur la réglementation française et les modes de calcul de l’énergie sont différents.

 

Quels sont les prochains projets d’Effinergie ?


Nous allons décliner notre label Effinergie Rénovation sur les bâtiments du patrimoine. Suite aux polémiques de ces derniers mois créées par les associations du patrimoine concernant le décret « embarquement des travaux d’isolation énergétique », cela montrera qu’il est possible de rendre ce bâti performant. Le label devrait sortir à la fin de l’année. Nous travaillons aussi sur l’adaptation du bâtiment à énergie positive au quartier, réflexion qui devrait aboutir en 2018.

 

* Energie Positive & Réduction Carbone

 

(1)   Illustration des niveaux d’ambition pour les niveaux « Energie 1 » et « Energie 2 » :
Pour le résidentiel : entre 5 et 10% de baisse des consommations d’énergies non renouvelables par rapport à la RT 2012 ;
pour les bureaux : entre 15 et 30% de baisse ;
pour les autres bâtiments (écoles,…) : entre 10 et 20% de baisse.

 

(2)   Le niveau « Carbone 1 » correspond :
pour une maison individuelle, à des émissions maximales de 1 350 kg eq. CO2 / m²SDP de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie, dont 700 kg eq. CO2 / m²SDP pendant la seule phase de construction ;
pour un bâtiment collectif d’habitation, à des émissions maximales de 1 550 kg eq. CO2 / m²SDP de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie, dont 800 kg eq. CO2 / m²SDP pendant la seule phase de construction.

 




Source : batirama.com / Frédérique Vergne

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