Tester l’étanchéité à l’air: obligatoire dans le neuf

Tester l’étanchéité à l’air: obligatoire dans le neuf

Les constructions neuves en France représentent un marché de 240 000 logements par an. Soumis à la RT?2012, tous doivent respecter les seuils de perméabilité de l’air.




 

Eclairage sur l’infiltrométrie avec la porte soufflante, technique pour améliorer l’efficacité énergétique d’un bâtiment. L’infiltrométrie ou test d’étanchéité à l’air de l’enveloppe des bâtiments, parfois dénommé “test BlowerDoor” ou en français “test de la porte soufflante” consiste à détecter, visualiser et mesurer les flux d’air qui s’infiltrent au travers de l’enveloppe d’un bâtiment. Ces mesures répondent à la norme NF EN 13829 et à son guide d’application GA P50-784.

 

Le principe est assez simple et dure environ 30 minutes. Décryptage…

 

Principe de la porte soufflante. Pour réaliser un test d’imperméabilité, l’équipement d’une porte soufflante est nécessaire. Afin de quantifier les fuites ou entrées d’air d’une habitation, la porte va permettre de la mettre en ­dépression ou en surpression. ­L’opérateur l’installera en lieu et place d’une menuiserie existante et vérifiera que toutes les fenêtres et portes soit fermées et les grilles d’aération calfeutrées. La porte soufflante se compose de plusieurs éléments :

  • le cadre ou ossature : la porte possède un dispositif adaptable aux différentes tailles de dormants. La dimension est donc réglable et la toile se fixe sur ce support qui va accueillir le ventilateur;
  • la/les jauge(s) : c’est un manomètre qui va mesurer, selon les paliers successifs des pressions (écarts relevés entre l’intérieur et l’extérieur). Cet élément mesure aussi le débit de l’air traversant le ventilateur. Ce capteur relié à l’ordinateur réalisera les courbes représentant le débit des fuites en fonction des dépressions mesurées ;
  • le ventilateur : implanté dans la membrane de la porte, il est à débit variable. Pour de gros volumes, plusieurs ventilateurs peuvent être associés afin d’obtenir une élévation plus rapide de la pression. Le ventilateur possède une capacité de débit jusqu’à 13.000 m3/h (sous 50 Pa). Ce qui permet de tester des habitations dont le volume chauffé peut être de 5.000 m3. La variation de pression s’effectue par palier de 10 Pa, jusqu’à atteindre, une valeur de surpression/dépression de 50 Pa ;
  • le logiciel : le ventilateur est relié à un ordinateur pour effectuer toutes les mesures. Ce dernier va traduire les enregistrements réalisés par la jauge afin de présenter l’ensemble des relevés. Il génère le rapport du test et présente les résultats sur les mesures N50 (taux de renouvellement d’air à 50 Pa), Q4PaSurf (perméabilité à l’air sous 4Pa en m3 /h.m2) et AL (surface équivalente de fuite à 4Pa exprimée en cm2).
  • Enfin, lorsque la maison est mise en dépression, un nuage de fumée artificielle est insufflé le long des parois vitrées pour vérifier l’étanchéité des huisseries, il permet ­d’identifier et de localiser les fuites d’air parasite (raccords avec les parois, toit, planchers, passages des tuyaux d’égout, d’eau chaude, de ventilation…).

 

AVIS D’EXPERT

 

Jean-Michel Catherin, président de Testoon

 

« Attention à bien choisir la gamme de mesure utile ! »

 

Spécialiste de la vente en ligne d’appareil de mesure et de tests pour les professionnels et représentant français pour des marques telles que Infiltec, Wohler, Liktec…, Jean-Michel Catherin, président de Testoon, répond à quelques questions.

Batirama : Quels sont les critères à prendre en compte dans le choix d’une porte soufflante ?


Jean-Michel Catherin :

D’abord choisir la gamme de mesure vraiment utile et la qualité du logiciel. Le plus gros piège est de choisir un matériel qui soit disant fait tout, du plus petit au plus gros volume et qui se retrouve surdimensionné, trop lourd, pas assez précis et trop complexe à mettre en œuvre pour la grande majorité des besoins.

Batirama : Quel matériel et budget préconiseriez-vous pour un équipement de base ?


Jean-Michel Catherin :

Une porte soufflante “milieu de gamme”, un logiciel de mesure et d’édition de rapport intégré, un thermo-hygromètre, une machine a fumée, un lasermètre, un kit d’étanchéification, un PC portable sont obligatoire et coutent de 5.000 à 8.000 €. On pourra rajouter un baromètre et surtout une caméra thermique, et là le budget peut atteindre 15.000 € voire beaucoup plus. Pour des applications de grands volumes, il faut parfois compter entre 10.000 et 20.000 € ou plus et surtout ne pas oublier la camionnette pour tout transporter.


 

Quels appareils de mesure choisir ?

 

L’utilisation de la porte soufflante est indissociable de certains accessoires. Lasermètre, fumigène, thermo-anémomètre, caméra thermique, logiciel… Un point avec Olivier Heridel, responsable infiltrométrie chez France Infra Rouge.

 

Batirama : Quels appareils de mesure choisir ?


Olivier Heridel :

Le choix des appareils est déterminant pour l’efficacité de l’opération. Concernant les appareils d’infiltrométrie (jauge, ventilateurs, porte) le choix dépend du volume à traiter mais l’ergonomie et la taille réduite des systèmes utilisés restent un facteur important. Aujourd’hui, avec la meilleure étanchéité des bâtiments collectifs et résidentiels, un petit ventilateur sera suffisant. Un appareil puissant ne sera pas justifié pour un test sur le résidentiel et le collectif, car plus lourd et plus encombrant.

 

Batirama : Quels sont les différents appareils de mesure ?


Olivier Heridel :

Le système d’infiltrométrie en soi est un appareil de mesure, la jauge est l’élément essentiel contrôlant la mesure et le pilotage du système. Les nouvelles jauges sont plus faciles d’utilisation grâce à l’écran tactile. Les nouveaux modèles plus compacts et légers (ventilateur 6 kg), permettent de traiter des surfaces jusqu’à 150m². Les modèles plus puissants sont des solutions polyvalentes pour des surfaces de 1.000 à 1.700 m² pour certains modèles. Il existe aussi différents modèles pour l’auto-contrôle. Par ailleurs, d’autres appareils de mesures existent comme les caméras thermiques, les thermo-anémomètres…

Batirama : Concernant la caméra thermique, quelle est son utilité ? Quels sont ses critères de choix ?


Olivier Heridel :

Après la mise en dépression via la porte soufflante, l’air s’infiltrant par les fuites seront visibles grâce à la caméra. Concernant le choix d’une caméra thermique, les critères de choix sont la matrice, la sensibilité thermique, l’ergonomie, les options de visualisation et de mesure et les logiciels accompagnant la caméra.

Batirama : Est-ce qu’il y en a certains à privilégier ?


Olivier Heridel :

Le premier des critères est la taille du capteur, plus il y a de capteurs, plus l’image sera fine. Aujourd’hui, on trouve une importante diversité de capteurs, de l’entrée de gamme économique mais pauvre en capteurs, à la caméra haut de gamme possédant beaucoup de capteur mais ayant un coût plus élevé. Les modèles en 160x120 pixels ou 320x240 pixels présentent toutes les qualités essentielles et sont les modèles les plus utilisés. Ensuite une sensibilité thermique basse a une importance capitale pour la détection des phénomènes, dans le cas de contraste thermiques faible. Une bonne caméra thermique bâtiment doit avoir une sensibilité thermique inférieure à 0.06°C. Enfin l’ergonomie, pour une meilleure utilisation de la caméra, les logiciels pour l’édition de rapport ont aussi leur importance.

Batirama : Quels accessoires doit-on utiliser pour vérifier les fuites d’air ?


Olivier Heridel :

La poire à fumée, le crayon fumigène, sont facilement utilisables pour la recherche de fuite intérieure. Le générateur de fumée est un bon complément pour visualiser les fuites sur les ouvrants.


 

Quelles précautions prendre ?

 

Christophe Guyot, gérant de Econobat :

« Je réalise 250 à 300 mesures par an »

 

Situé à Margny les Compiègne (60), Christophe Guyot, gérant de Econobat et mesureur certifié 8711, intervient dans une douzaine de départements, soit sur toute la région parisienne jusqu’à Lille.

Batirama : À quel rythme utilisez-vous les portes soufflantes ?


Christophe Guyot :

J’utilise les portes soufflantes pratiquement quotidiennement et je réalise environ 250 à 300 mesures par an dans le résidentiel et le tertiaire.

Batirama : Avec une telle cadence, vous avez acheté votre porte soufflante ?


Christophe Guyot :

En effet, j’ai acheté tout mon matériel pour effectuer les tests d’infiltrométrie et, de plus, j’ai une spécialisation dans le tertiaire car je possède 7 ventilateurs de marques Minneapolis et Retrotec. Il n’existe que 4 fabricants à ma connaissance : Infiltec, Retrotec, Minneapolis et Technodoor. Tous ces ventilateurs me permettent de faire des tests dans des grands volumes allant jusqu’à plus de 8 000 m².

Batirama : Y a-t-il des précautions à prendre, avant, pendant et après le test de la porte soufflante ? Et quelles sont-elles ?


Christophe Guyot :

Hormis le respect de la norme en vigueur et de son guide d’application, il n’y a pas vraiment de précautions à prendre. Il y a des grilles de protection sur la porte. Le seul risque est lors de la manipulation car c’est un matériel de mesure qui est assez fragile. Il faut faire attention aussi au poids, un ventilateur pèse entre 17 et 20kg.

Batirama : Aujourd’hui vous ne réalisez que des tests d’étanchéité ?


Christophe Guyot :

Aujourd’hui, je pratique majoritairement la mesure d’étanchéité à l’air de l’enveloppe des bâtiments et, accessoirement, je fais de l’inspection par thermographie infra-rouge. Mais bientôt, je réaliserai de la mesure de débit et d’étanchéité à l’air des réseaux de ventilation qui va devenir obligatoire. Je fais également des conseils en dépollution électromagnétique ou radiofréquence.

 

 


Source : batirama.com / Aude Moutarlier

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