Dans le Vercors, au pied du domaine skiable de la station familiale de Villard-de-Lans (38), l'ambitieux projet touristique porté par la star du basket Tony Parker a essuyé un refus d'autorisation, au motif de son dimensionnement "excessif" et des incertitudes sur l'impact environnemental, selon un arrêté préfectoral.
Le projet "Ananda Resort", qui devait voir le jour à la Côte 2000, au pied des pistes, d'une surface de 17 600 m2 et d'une capacité de 700 lits touristiques, devait notamment accueillir une résidence hôtelière 4 étoiles, un espace commercial et pôle d'activité indoor.
Soutenu par la mairie de Villard-de-Lans et la communauté de communes, le projet divise les habitants du Vercors depuis plusieurs années. Lancé lors du rachat en 2019 de la Société des remontées mécaniques de Villard-de-Lans et de Corrençon (SEVLC) par Tony Parker, via son groupe Infinity Nine Mountain, le projet immobilier, estimé à 88,5 millions d'euros, a déjà été relocalisé et repensé, passant de 900 à 700 lits touristiques.
Situé au pied du domaine skiable (entre 1 050 et 2 050 mètres d'altitude), ce projet prévoyait la construction de 17 597 m2 de surface de plancher, dont 8 397 m2 prévus pour la construction de 99 suites-appartements touristiques. © DR
Les services de l'État estiment ne pas disposer "d'éléments probants, complets et suffisamment consolidés pour évaluer de manière fiable les effets et les impacts environnementaux, sociaux et économiques" de l'opération, selon le communiqué. Dans l'arrêté, le préfet souligne aussi :
– "les incertitudes persistantes sur la disponibilité et la gestion de la ressource en eau" ;
– Et "la sous-estimation des émissions de gaz à effet de serre".
Le communiqué évoque également un "dimensionnement manifestement excessif au regard de l'offre actuelle et de l'équilibre en matière de ressources naturelles". Le préfet a donc décidé "de rejeter la demande d'autorisation du projet, en l'état du dossier déposé".
Le maire de Villard-de-Lans, Arnaud Mathieu, a expliqué ne pas comprendre cet arrêté, exprimant son incompréhension. D'abord, il nie le "surdimensionnement" du projet, précisant que son équipe a pris le soin de déplacer le projet afin de concilier l'environnement avec le développement de l'activité économique.
Ensuite, sur la ressource en eau, pointée par des études environnementales, l'édile se veut rassurant, rappelant que des études ont été faites et que l'alimentation en eau de la commune est conforme à la règlementation, y compris avec des perspectives de réchauffement climatique très défavorables.
Enfin, selon lui, ce refus met en danger l'avenir de l'économie du massif, affirmant que sans ce projet, c'est tout le domaine skiable ainsi que des centaines d'emplois qui seront impactés (directement et indirectement), voire menacés.
"Cet arrêté est un couperet, un coup de tonnerre pour l'économie du massif du Vercors mais plus généralement ce que l'on peut entreprendre dans le futur", a réagi le président (divers) de la communauté de communes du massif du Vercors, Franck Girard, lors d'une conférence de presse mardi 16 septembre 2025, déplorant un "mauvais signal" pour les investisseurs. © DR
Le complexe "Ananda Resort" était vivement critiqué par certains citoyens et collectifs, l'association Mountain Wilderness affirmant, par exemple, dans un communiqué que son rejet était une "victoire pour la montagne" et que "cette décision marque un pas important en faveur de la préservation des territoires de montagne, trop souvent soumis à des projets d’extension ou de suréquipement inadaptés aux réalités climatiques et écologiques".
Du côté du collectif Vercors Citoyens, on s'est déclaré satisfait que la "mobilisation citoyenne" face au projet ait été prise en compte.
Le projet rejeté a notamment fait l'objet d'une consultation publique : sur environ 3 450 participations recueillies, près de 80 % des réponses impliquaient un positionnement "contre".
Si la demande d'autorisation du projet "Ananda Resort" a été rejetée par la préfecture, celle-ci précise qu'une nouvelle demande, "sur les bases d’un projet remanié et amélioré", pourra être déposée. Un recours peut également être déposé devant le tribunal administratif dans un délai de deux mois.