L’immobilier bas carbone en salon au Grand Palais

Sibca 2025 du 3 au 5 septembre au Grand Palais à Paris. © Jonas Tophoven

Pour sa 4e édition, le Salon de l’Immobilier Bas Carbone (SIBCA) investit la nef du Grand Palais, à Paris, avec l’ambition d’y devenir le rendez-vous de la rentrée.




Conçu comme écrin pour mettre en valeur les opérations labellisées BBCA (Bâtiment bas carbone) et désormais LCBI (le prolongement international), le Salon a été lancé l’année de la mise en route de la RE2020, soit en 2020, une réglementation que son label avait devancé. Sans BBCA, pas de certification E+C- qui marque le passage ministériel d’Emmanuelle Cosse, actuellement présidente de l’USH (Union Sociale de l’Habitat). Cette certification unique, qui associe la performance énergétique et la décarbonation, connaît aujourd’hui un succès inespéré avec la multiplication des projets les plus vertueux, naguère réputés impossibles, les E4C2.

 

 

 

La jungle des certifications asséchée par la crise

Le label BBCA, de son côté, se trouve talonné par les évolutions de la réglementation environnementale, avec l’arrivée du seuil légal de la RE2025 et la multiplication des acteurs engagés qui exige la prise en compte du seuil RE2028 dès aujourd’hui, comme la ville de Paris ou Est Ensemble. Parallèlement, le si poussif label biosourcé, récemment revu, connaît une certaine notoriété. Les labels environnementaux historiques HQE et Effinergie ont depuis longtemps intégré le volet carbone qui était la spécialité de BBCA. Les labels internationaux de type BREEAM dominent même en France le marché des bureaux (sans prendre en compte le volet carbone). De sorte que le label BBCA, révolutionnaire il y a dix ans, joue sa survie en évoluant : l’apparition d’une démarche de certification européenne (LCBI), une poussée de la certification vers les quartiers et la possibilité de mettre en lumière l’excellence environnementale des projets par la ventilation de niveaux d’exigence.

 

Une vue du salon au matin du premier jour, avant que les allées ne se remplissent davantage de visiteurs. Les organisateurs annoncent un nombre de participant proche de celui du salon Timbershow de Nantes, en 2024. © Jonas Tophoven

 

 

 

Décarboner and more

S’ajoute ce salon que les organisateurs, bien implantés dans l’événementiel parisien, ont su placer dans l’écrin majestueux de la nef du Grand Palais, et dont la thématique se développe bien au-delà de la question du carbone. Certes, les exposants de l’édition de 2025 se motivent par leur performance en termes de décarbonation, un terme assez vague qui ouvre la porte à beaucoup d’acteurs. L’immense programme de conférences, lui, met en scène une multiplicité de professionnels influents qui débattent sur tous les grands sujets du moment.

 

Aubois propose un enduit plâtre (Vieujot) avec de la paille. Une idée formidable, notamment en IDF, mais qui nécessite tout de même, de même que pour les enduits à la chaux, une parfaite maîtrise du fruit. Or, la réglementation parisienne limite la taille des débords. © Jonas Tophoven

 

 

Le monde de l’immobilier est concerné par le climat

Ainsi, le thème du SIBCA de 2025 est "Bâtir un avenir bas carbone  pour une ville résiliente et vivante", on y parle de logistique urbaine, de rénovation et régénération du patrimoine, de biodiversité et d’adaptation climatique, décarbonation et RSE à l’épreuve de la réalité économique, de changement climatique et résilience, de santé…

En plus des conférences continues des trois espaces principaux (Grands débats, Churchill, Roosevelt), on trouve celles de la salle des Sommets, du Pavillon Biodiversité et Adaptation Climatique, avec le programme continu, sur trois jours, de l’Agora Hors-Site. Un véritable Tsunami d’interventions qui débordent d’ailleurs sciemment le cadre des intervenants de la construction, et plus encore ceux de l’immobilier.

 

Déjà présenté au Grand Palais en février, l'invention d'Arcelor associe en plancher les panneaux CLT avec une sous-face acier et une structure porteuse intermédiaire acier. Une usine dédiée est en construction à Reims, "de la taille du Grand Palais". © Jonas Tophoven

 

 

La simultanéité d’un espace d’exposition original et d’une multitude d’interventions sur des sujets variés n’a pas dissuadé une fréquentation parfaitement adaptée aux jauges et pour le reste, les organisateurs préparent comme pour les éditions précédentes des replays.

 

 

 

Quelle visibilité conjoncturelle ?

Pour autant, des questions restent en suspens, également à cause de la date précoce du salon, tout au début de la "rentrée" :

– portée de la remise en cause de la RE2020 ;

– Évolution de Ma Prime Rénov’ ;

– Ou encore agenda de la réglementation sur la protection incendie des ouvrages biosourcés.

 

Sans parler des incertitudes politiques qui pourraient remettre en cause le respect et le renforcement de la Stratégie Nationale Bas Carbone. De fait, la première journée de cet événement placé sous le haut patronage du Président de la République n’a pas été marquée par des annonces gouvernementales à vrai dire impensables dans le contexte délétère actuel.

 


Source : batirama.com/Jonas Tophoven © Jonas Tophoven

L'auteur de cet article

photo auteur Jonas TOPHOVEN
Jonas Tophoven est journaliste de la presse professionnelle de la construction et du bois en France et en Allemagne depuis 30 ans. Le thème qui lui tient particulièrement à cœur est la réduction drastique des émissions de GES dans la construction, première émettrice humaine du monde devant l'agriculture, avec un impact renforcé en France. Il a d'abord travaillé pendant 12 ans sur la construction sèche, puis depuis 15 ans sur la construction bois préfabriquée et il collabore depuis 10 ans à la programmation des quelque 150 conférences annuelles du Forum Bois Construction, congrès des acteurs de la construction biosourcée.
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