Selon une récente étude du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), en France, plus de cinq millions d'habitants vivent dans des quartiers particulièrement sensibles au phénomène d'îlot de chaleur urbain (ICU), avec des conséquences pour leur santé.
Le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) se manifeste par des températures plus élevées en milieu urbain que dans les zones rurales environnantes, et ce surtout la nuit et durant les épisodes de canicule.
La température nocturne de l’air est plus élevée en ville qu’en périphérie. © Météo France
Cet effet de bulle de chaleur est dû à une température ayant du mal à redescendre la nuit, comme si la ville se retrouvait soudain sous cloche. Par contre, aux alentours, il peut faire jusqu’à dix degrés de moins !
Ce contraste saisissant s'explique par le fait que la chaleur stockée en ville est plus importante qu’à la campagne, de nombreux facteurs empêchant l’espace urbain de se refroidir :
– le modèle d’urbanisation ;
– Les revêtements des sols ;
– Le manque de végétalisation ou d’eau dans les espaces publics.
Et puis, évidemment, le bâti, qui emmagasine la chaleur. Les hauts immeubles et la densité des murs freinent la circulation de l'air, tandis que des matériaux de construction comme le béton, la brique ou la pierre captent aisément la chaleur le jour afin de la restituer dans l’atmosphère la nuit, mais de façon si progressive que cela empêche l’air de se refroidir.
Selon l'étude du Cerema, cinq millions d'habitants vivent dans des quartiers "à forte sensibilité aux fortes chaleurs" et plus de 200 km2 de zones bâties, soit deux fois la surface de la Ville de Paris, sont "à forte ou très forte sensibilité à l'effet d'îlot de chaleur" et demanderaient des "actions d'adaptation importantes".
Dans les villes de plus de 400 000 habitants, ces zones représentent "près de 20 % des tissus urbanisés" et deux millions de personnes vivent dans des secteurs "à forte ou très forte sensibilité", soit 50 % de la population. Plus la taille de la ville décroît et plus le nombre de personnes concernées diminue. Dans les villes de 20 000 à 50 000 habitants, seuls 7 % des habitants sont ainsi exposés.
Pour mener cette étude, le Cerema s'est appuyé sur des images satellites à très "haute résolution spatiale" ainsi que sur des bases de données ouvertes pour cartographier les "zones climatiques locales" (LCZ) et identifier les quartiers particulièrement exposés à la surchauffe urbaine. Au total, les 88 plus grandes aires urbaines de l'Hexagone sont couvertes, soit 44 millions d'habitants dans 12 000 communes.
Parmi les communes surchauffées, Paris se classe sans surprise en première position ((intensité très forte avec un ICU maximum de + 6,5 °C). Suivie par Grenoble (intensité forte / + 5,5 °C) où l'îlot de chaleur est plus fort qu’à Lille (intensité forte / + 5 °C) ou à Clermont-Ferrand (exposition forte / + 5 °C), et enfin Lyon (intensité forte / +4,5 °C).
Suivent par ordre décroissant pour compléter ce Top Ten des villes surchauffées : Reims, dont la cathédrale est ici en photo, Mulhouse, Bordeaux, Belfort et Saint-Étienne. © Reims Tourisme
Le Cerema propose aux collectivités un service gratuit de pré-diagnostic de sensibilité des quartiers au phénomène d'îlot de chaleur, prévu par le Plan national d'adaptation au changement climatique. Cet outil permet de classer les zones urbaines en fonction de leur exposition potentielle, notamment dans le cadre de projets de renouvellement urbain, de la révision d'un PLU intercommunal ou encore pour construire des plans d'adaptation au changement climatique.