Des salariés et artisans de la rénovation énergétique, ainsi que des particuliers, ont manifesté lundi 12 mai 2025 devant l'agence nationale de l'habitat afin de protester contre des délais de paiement de MaPrimeRénov' jugés trop longs et suscitant des milliers de procédures de contestation.
Ce rassemblement d'une vingtaine de personnes s'est fait à l'initiative de Thierry Flak, à la tête d'une entreprise francilienne de rénovation énergétique qui se trouve dans une situation "très problématique", en raison de ces délais.
La rénovation énergétique représente 60 % de son activité et, pour de nombreux chantiers, l'entreprise perçoit directement l'aide MaPrimeRénov' demandée par son client, ce qui permet à ce dernier d'avancer moins de frais. Toutefois, son entreprise Home Expert Habitat est en attente d'environ 800 000 euros de subventions, précise le PDG, alertant sur le risque de faillite d'entreprises qui connaissent elles aussi des problèmes de trésorerie.
"Les délais d'instruction des dossiers sont démesurément longs", confirme Hugues Sartre, fondateur d'une entreprise de rénovation et porte-parole d'un groupement d'une dizaine d'entreprises du secteur dénommé GERE. Entre la demande d'aide sur devis et l'acceptation du dossier, il se passe "entre 6 à 8 mois" selon lui, "ensuite on fait les travaux, on paye les équipes, les fournisseurs". Puis entre la demande de versement d'aide et le versement des fonds, il estime le délai à "272 jours en moyenne" parmi les adhérents du GERE.
L'Anah conteste ces chiffres, indiquant dans un communiqué publié lundi que le "délai moyen de paiement des dossiers après les travaux" de rénovation d'ampleur est de 35 jours, tandis que l'instruction des dossiers avant travaux prendrait 105 jours en moyenne.
L'établissement public précise que "ces délais peuvent être significativement plus longs pour les entreprises faisant l'objet de contrôles renforcés", procédure qui est de plus en plus courante compte tenu de l'explosion des tentatives de fraudes. Si un organisme certificateur n'arrive pas à vérifier physiquement que des travaux ont bien été réalisés ou si le client ne répond pas à une ultime "demande de consentement" de l'Anah, l'aide promise peut même être retirée.
Alors que l''avocate Joyce Pitcher accompagne près de 2 600 dossiers dans lesquels un particulier ou son entreprise mandataire contestent le retrait de l'aide MaPrimeRénov' ou un délai de paiement trop long, l'Anah précise que pour 98 % des décisions attaquées, les jugements rendus lui étaient favorables.
Comme toujours l'Anah a raison même quand elle est en défaut c'est bien connu des professionnels
Agitprop ou surmédiatisation, maintien des rentes et travaux sans impact sur les factures d'énergie ? telle est la question... et une des réponses était dans la numérisation de la chaine d'amont aval jusque la mesure de la performance réelle et en se limitant aux rénovations énergétiques performantes, et pas d'ampleur car ce vocable qui ne veut rien dire en matière d'économies d'énergies. Cette profession doit encore faire son 360 et si un jour les aides d'Etat se limitaient enfin à du - 50% d'économies d'énergies réelles constatées ?
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J'aimerais savoir qui va nous inventer la méthode infaillible pour "constater les économies d'énergie réelles“ ? A ce jour, la seule méthode qui permette d'estimer et d'anticiper concrètement une performance énergétique potentielle est d'évaluer les caractéristiques physiques (i.e. le passif) et techniques (i.e. les équipements) d'un système constructif défini et situé (climat, altitude, contexte urbain, etc.). Cela, bien entendu, à partir de modélisations toujours perfectibles (cf. la meilleure prise en compte dans les DPE de l'inertie de l'existant dans le confort d'été). Pour ce qui est des économies "réelles" à constater, l'impact majeur provient non pas des des conditions d'utilisation, qui varient considérablement selon les usagers, leur ressenti, leur mode d'occupation du logement, et éventuellement les effets-rebonds après amélioration (on a tendance à moins "économiser" l'énergie quand on a déjà réduit notablement sa consommation). Exemple : sur une opération de logements HLM neufs en Alsace livrés en 2012, classée BBC+, au bout d'un an d'occupation, les mêmes logements accusent une variation de ± 35% selon les occupants. Pas si simple d'estimer les "économies réelles" d'énergie : qui va évaluer quoi ? selon quels critères ? va-t-on différencier les primes selon les utilisateurs, en fonction de leur consommation "réelle" ? etc.