Au salon IBS 2024, l’actualité est toujours dominée par le décret BACS

Les solutions du français NodOn à IBS 2024

Les grands spécialistes de la GTB (Gestion Technique de Bâtiment) ont enfin compris que le décret BACS concerne aussi de petits bâtiments et développent une offre adaptée, plus simple et moins chère.




Le décret BACS, le décret BACS, le décret BACS, … les exposants ne parlaient que de ça au dernier salon IBS, qui s'est tenu à Paris, Porte de Versailles les 13 et 14 novembre 2024. Il était temps, mais les grands industriels de la GTB, de Schneider Electric à Siemens, ont finalement compris que le décret BACS rend obligatoire l’installation d’une GTB (Gestion Technique de Bâtiment) pour tous les bâtiments tertiaires – neuf et existants – qui comportent une installation de chauffage et/ou de climatisation d’une puissance nominale supérieure à 70 kW.

70 kW, c’est très peu et, dans un bâtiment existant datant d’avant les années 2000, cela correspond à une surface de 700 m2 environ. Autant dire qu’il s’agit de petits bâtiments qui, le plus souvent, ne sont pas équipés de GTB, qui ne disposent pas vraiment de personnel de pilotage des installations et ne peuvent pas se payer une GTB traditionnelle, complexe et coûteuse.

Le décret BACS s’applique déjà aux bâtiments neufs dont le permis de construire a été déposé à compter du 8 avril 2024, et s’appliquera aux bâtiments existants, dès que l’on rénove leurs systèmes de chauffage ou de climatisation, au plus tard, le 1er janvier 2027. Le décret demande que les systèmes techniques du bâtiment soient suivis et cite en particulier : le chauffage, la climatisation, la ventilation, la production d’eau chaude, l’éclairage, le système d’automatisation et de contrôle, la production d’électricité sur site et les systèmes combinant plusieurs de ces systèmes.

 

 

 

De petits fabricants agiles

Profitant que les grands constructeurs avaient les deux pieds dans le même sabot, plusieurs petits fabricants plus agiles ont développé des offres spécifique décret BACS pour de petits bâtiments tertiaires. Nous avions déjà rencontré Smart & Connective, dont l’offre repose sur un maillage du bâtiment par de petits automates, les CEOS. En amont, les CEOS sont raccordés les uns aux autres par un réseau Ethernet, Wifi, PoE (Power over Ethernet) et au Cloud par internet. En aval, chaque CEOS est capable de piloter en Modbus, ZigBee ou Z-Wave jusqu’à 20 « IoT » : des thermostats intelligents de zone, des capteurs multifonctions, des capteurs de flux de personnes, de présence, d’humidité relative, de température, de luminosité, de qualité de l’air, de consommations (eau, énergies), des actionneurs, ...

 

Les automates CEOS de Smart & Connective peuvent être équipés de passerelles vers les protocoles Modbus, BACnet, DALI 1 et DALI 2, OPC-UA, Lonworks pour piloter des processus techniques spécifiques. © PP

 

 

Wattsense, propriété de Siemens, a lui aussi développé une offre pour petits bâtiments autour de sa box Wattsense qui remonte les informations collectées dans le bâtiment en LoRa, en Ethernet ou en 4G vers la supervision. © PP

 

 

Lors du salon IBS 2024, nous avons découvert tyven, un nouvel acteur qui ne fabrique pas de matériel, mais développe un software qui exploite au mieux les possibilités des automates, capteurs, etc. qu’il choisit sur le marché. Tyven utilise notamment les têtes thermostatiques motorisées sans piles de l’allemand MicroPlet qui communiquent en LoRaWan. Ses capteurs communiquent en LoRaWAN. Il dispose de passerelles pour adresser les équipements de chauffage, de climatisation, de ventilation, … en BACnet, LonWorks, Modbus ou KNX. Un serveur local reçoit les données du bâtiment, les envoie dans le Cloud pour archivage et analyse, puis donne des ordres aux équipements. Une application de contrôle accède à Tyven pour : régler les plages de fonctionnement des équipements et leurs scenarii, fixer des points de consigne, contrôler l’état des systèmes pilotés et des capteurs installés, consulter les tableaux de bord, accéder à l’historique. L’installation de Tyven génère des CEE, ce qui couvre une partie du coût.

 

Tyven ne fabrique aucun matériel, mais développe les softs qui relient capteurs, actionneurs et serveurs, et restitue de manière simple et claire sur une application, les données de fonctionnement du bâtiment. © PP

 

 

 

Les grands ont enfin compris

Lorsque l’on arrivait sur le stand Schneider Electric à IBS 2024, on voyait tout de suite la nouvelle offre EcoStruxure Building Activate. C’est la solution de Schneider Electric pour mettre les petits bâtiments en conformité avec les exigences du décret BACS. Sa mise en œuvre coûte 15 000 à 20 000 € HT, contre 100 000 à 150 000 € pour un bon déploiement de EcoStruxure Energy Hub, part exemple. EcoStruxure Building Activate utilise ZigBee, un protocole de communication sans fil pour minimiser le coût de déploiement du réseau dans les bâtiments existants. Il offre naturellement des passerelles vers ModBus.

 

L’ajout du FlexServer au tableau apporte un modem embarqué, une communication en WiFi et en Ethernet et vers LoRaWAN grâce à un dongle USB. EcoStruxure Building Activate aboutit au minimum à une GTB de classe C, classe B avec un petit nombre d’ajout d’options pour avoir accès aux CEE. Ses API savent récupérer les données des compteurs intelligents d’Enedis et de GrDF. © PP

 

 

Une connexion au Cloud permet une mise en service de EcoStruxure Building Activate à distance depuis le Cloud, un archivage des données du bâtiments, leur analyse, la programmation des équipements, etc. Enfin, EcoStruxure Building Activate est une solution multisite pour les propriétaires de parcs immobiliers qui veulent comparer leurs bâtiments entre eux. © PP

 

 

Chez Hager, la nouvelle GTB simplifiée s’appelle domovea et repose sur le protocole KNX. © PP

 

 

Siemens met en avant la ConnectBox, celle de Wattsense rebaptisée, et ses multiples possibilités de communication en protocoles ouverts radio pour proposer une solution de GTB adaptée à la fois au décret BACS et aux petits bâtiments. © PP

 

 

 

LoRaWAN se développe

À travers toutes les nouvelles solutions proposées au salon IBS 2024, un trait commun émerge : l’utilisation quasi-systématique du protocole de communication LoRaWAN ou Long Range Wide Area Network. C’est une solution à longue portée, dotée d’un excellent pouvoir de pénétration à travers des murs en béton, gratuite et faiblement consommatrice d’énergie. Ce protocle adresse désormais directement des capteurs, comme chez Enless Wireless : contrôle de température, d’occupation des locaux, de qualité de l’air intérieur, etc. Mais il sert aussi à la télérelève de compteurs. Enless Wireless et tous les autre constructeurs proposent des passerelles LoRaWAN vers Ethernet, ModBus, KNX, BACNet, … pour s’adapter aux réseaux existants.

 

Socomec proposait à IBS une offre complète de suivi de la qualité du courant électrique, de monitoring des process techniques du bâtiment, … construite entièrement autour de LoRaWAN. © PP

 

Le protocole LoRaWAN est défendu depuis 2015 par la LoRa Alliance, une association internationale qui compte environ 125 membres, certifie les produits et s’attache au développement du standard.


Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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