Halle des sports de Nîmes : une toile Serge Ferrari ondule comme une vague sur le toit

La toile signée Serge Ferrari ondule comme une vague sur le toit de la Halle des sports de Nîmes. © Laure Pophillat

Conçue comme un lieu de vie et de rencontres, la Halle des sports de Nîmes, fruit de la collaboration entre les Ateliers A+, le groupe Serge Ferrari et l'artiste Alain Clément, s'inscrit dans le bleu denim du ciel.




Conçue comme un lieu de vie et de rencontres, la nouvelle Halle des sports de Nîmes, fruit de la collaboration entre les Ateliers A+, le groupe Serge Ferrari et l'artiste Alain Clément, s'inscrit dans le bleu denim du ciel nîmois.

Le projet a été pensé afin de prendre en compte l'environnement et les hommes dans une démarche bioclimatique, un support de choix pour l'artiste Alain Clément, qui a imaginé la vague ondulante (les 2 500 m2 de panneaux habillés de la membrane Frontside View 381 Serge Ferrari) comme un hommage à l'histoire de la ville de Nîmes.

Les Ateliers A+ avaient pour ambition de réaliser un projet durable, parfaitement intégré au site, tout en ayant un fonctionnement simple, et ce avec une architecture résolument contemporaine, moderne et artistique, valorisant tout autant la ville que les sportifs qui auront l'usage de la Halle.

Bien évidemment, l'utilisation de la courbe en façade, à l'image d'un drapé en tissu n'est pas fortuite, dans une ville qui a inventé la fameuse toile denim, celle dont on fait les jeans.

 

Couleur denim, dont on ne se lasse pas, autant sur la toile que dans le ciel nîmois. © Laure Pophillat

 

"Nous avons mis notre savoir-faire et notre passion pour concevoir un projet exemplaire et manifeste, ancré dans les enjeux de ntore époque", précisent les architectes Philippe Cervantes (à droite) et Gilles Gal, des Ateliers A+, ajoutant "Nous n'avons pas la prétention de croire que notre architecture soit de l'art, mais nous ne cessons d'aborder cette question du beau. Nous avons toujours souhaité exposer de l'art dans nos réalisations mais nous cherchons à aller plus loin que cette seule exposition et faire en sorte que l'intervention de l'artiste devienne une vraie composante de notre architecture." © Laure Pophillat

 

 

 

Une conception bioclimatique

Située dans la vaste zone du Mas de Vignoles, derrière le stade des Costières, la nouvelle Halle des sports de Nîmes se voit ... et surtout resplendit de loin ! Ce qui était par ailleurs le but : la façade devait créer un repère visuel dans cette zone industrielle.

Ce complexe sportif, financé par la ville pour un coût de 25 millions d'euros, sera inauguré début novembre. Outre l'aspect visuel fort, le bâtiment, possédant la certification E3C1-Bepos, joue résoluement la carte d'un engagement bas carbone pour sa construction, avec :

– une omniprésence du bois, du moins pour tous les espaces intérieurs, en charpente treillis, en charpente à poutres pleines croisées, en faux-plafond, en parement mural acoustique, en menuiserie intérieure, avec une volonté de circuit court (l'entreprise vient de Mende) ;

– Une installation géothermique, qui chauffe et refroidit toute l'année (le bâtiment ne comporte pas de climatisation), avec une vingtaine de sondes descendant à 140 mètres de profondeur ;

– Des panneaux photovoltaïques (600 m2) ;

– Une pompe à chaleur individuelle dans chaque salle ;

– Un revêtement cool-roof ;

– Les ouvrants aux façades qui autorisent la sur-ventilation nocturne ;

– Et, enfin, la juxtaposition des matériaux ayant une forte inertie thermique au niveau du sol.

 

Le complexe sportif prévoit d'accueillir onze disciplines, avec une capacité d'accueil allant jusqu'à 2 500 personnes. En se dotant de ce nouvel équipement de 8 700 m2 composé de six salles dédiées, la ville de Nîmes offre un lieu à dix-huit associations locales et onze disciplines.

Pour les Ateliers A+, "c'est avec le plus grand soin que l'ingénierie, les matériaux et les systèmes constructifs ont été conçus, avec pour objectif de réduire les consommations énergétiques et les émissions de carbone, tout en pérennisant l'usage du bâtiment dans le temps."

 

 

 

Optimiser l'espace

La superficie de la parcelle au sol ne permettant pas de placer l'entièreté des salles au sol, la superposition en R+1 était évidente et une condition constructive sine qua non. Il y avait une volonté d'optimiser l'emprise au sol, mais également l'espace. Tout le bâtiment a été conçu afin que les salles puissent être exploitées indépendamment les unes des autres tout en étant parfaitement intégrées à l'ensemble de la structure.

 

La salle de GRS (700 m2) présente les caractéristiques suivantes : une structure avec des portiques à fermes treillis de grande portée (38m), un socle en béton brut lasuré et des murs à 3m de hauteur, une finition intérieure OSB, des îlots acoustiques fibralith naturel (fibre de bois) ainsi qu'un bac de toiture perforé. © Laure Pophillat

 

 

La salle de gymnastique artistique (1 400 m2) présente les mêmes caractéristiques que la salle de GRS, avec en sus des cubes en mousse recouvrant les fosses béton de 1,5 m (pour la réception de saut). © Laure Pophillat

 

 

La salle polyvalente, au rez-de-chaussée, comporte une entrée indépendante ouverte sur l'extérieur. La hauteur sous plafond est de 4 m50 et les poutres sont en béton car la salle d'escrime se trouve juste au-dessus. © Laure Pophillat

 

 

 

Faire entrer la lumière dans ce lieu de vie

 

L'escalier

Élément central de la Halle des sports, l'escalier est ouvert sur le vaste hall et baigné de lumière. Là encore, il a été privilégié une intervention locale, puisque l'entreprise chargée de sa conception, puis de sa construction, est montpelliéraine. Cette structure métallique, avec un remplissage bois, a été assemblée sur place sans boulons.

 

Jeux d'ombre et de lumière dans l'escalier. © Laure Pophillat

 

 

La terrasse

Comme pour l'entrée principale de la Halle des sports, il a fallu prendre en compte une contrainte climatique indissociable de la ville de Nîmes : le vent du nord. dès lors, il devenait évident de prévoir cette entrée principale côté sud, tout comme l'orientation de la terrasse, d'autant plus qu'elle est destinée à être un lieu commun, voire un lieu de festivités. Elle est bordée d'une bande plantée avec (entre autres) l'arbre symbolique du Sud : l'olivier.

 

La terrasse orientée sud est bien protégée du vent, avec la toile servant de auvent tout autant qu'elle agrandit l'espace. © Laure Pophillat

 

Le auvent de la terrasse et l'entrée principale permettent d'observer comme d'apprécier l'incroyable travail effectué sur la charpente métallique. © Laure Pophillat

 

 

La salle omnisport et la salle d'armes / escrime

Cette salle omnisport (handball, basketball, volleyball en compétition et scolaire, et escalade), d'une surface de 1 100 m2 pour 210 places en gradins, constitue la salle centrale, prise entre les autres salles, et de fait moins soumise aux contraintes, et notamment celles relatives aux éléments de la charpente. Ladite charpente (toutes les charpentes du bâtiment ont été pensées différemment) est faite de poutres en bois lamellé-collé en V âme pleine reposant sur des poteaux en V. Les voiles latéraux en béton sont de grande hauteur (14m). Quant à l'acoustique, la salle est sur un bac de toiture perforé et des îlots acoustiques triangulaires fibralith naturel.

 

L'élément central de la Halle des sports, lumineux et ouvert sur les autres salles. © Laure Pophillat

 

 

La salle d'escrime comporte 14 pistes, une charpente bois et une vue ouverte sur la salle omnisport, avec des murs de façade en MOB, une finition intérieure OSB ou plâtre perforé. © Laure Pophillat

 

 

Fenêtre ouverte sur la salle omnisport. © Laure Pophillat

 

 

 

La toile de (la Halle des sports de) Nîmes made by Serge Ferrari

 

Un défi technique

La beauté de cette toile, prévue pour venir unifier et magnifier le travail architectural, ondulant dans le ciel bleu nîmois, ne doit pas faire oublier la prouesse technique d'un matériau qui doit donner l'expression d'une légèreté, d'une ondulation sous le vent, tout en étant solidement arrimé. "Tenir les châssis suspendus a été le plus difficile", révèle Laurent Tournié, le responsable prescription chez Serge Ferrari Group, précisant que la "technologie brevetée Précontraint permet de fabriquer une toile offrant à la fois légèreté et haute résistance, des atouts indéniables pour ce projet." Mais il a tient à préciser que "Ça fait 50 ans qu'on fait ça, chez Serge Ferrari, on maîtrise."

Les plus grands panneaux faisant 2,5 m de large, il a fallu que les cadres soient assemblés au sol, puis grutés. En tout et pour tout, 130 panneaux ont été nécessaires. La toile pèse 500gr/m2 ; elle demeure un matériau souple autorisant toutes les audaces. Toutefois, qui dit souple ne dit pas élastique : pendant le processus de fabrication, la toile est tendue à plat dans les deux sens, chaîne et trame, évitant de fait les courbures et réduisant l'élasticité une fois posée. Cela garantit que la toile demeure tendue, ainsi que la pérennité du produit. Le bilan carbone au mètre carré est imbattable, rappelle Laurent Tournié : "le bilan carbone de la membrane Frontside View 381 est significativement infrieur à celui d'autres matériaux, contribuant à la légèreté globale du bâtiment et à une empreinte écologique réduite. Non seulement la toile elle-même est plus légère, mais elle permet également l'utilisation d'une structure porteuse aérienne, ce qui renforce l'harmonie et la fluidité des courbes du bâtiment, inspirées par la riche histoire textile de Nîmes."

 

 

La toile est fournie blanche par Serge Ferrari, le vernis est ensuite rajouté par l'imprimeur. L'enjeu était que le dessin soit parfaitement visible et la toile parfaitement tendue. Au besoin, les panneaux peuvent être remplacés. Et si la toile ne fait pas le tour complet du bâtiment, c'est uniquement une question de budget. © Laure Pophillat

 

 

Une œuvre d'art

Le sujet de l'art et du beau questionne tout autant l'artiste Alain Clément que les Ateliers A+, qui raconte que "ce furent des esquisses innombrables, des maquettes à toutes les échelles, des effets d'impression, des tests pour trouver la force des couleurs imprimées sur la résille entre opacité et transparence, des gestes au pinceau à l'échelle du corps projetés 20 fois plus grands, avec leur dynamique traversant d'un coup 190 panneaux verticaux, chacun de 10 mètres de haut".

 

Alain Clément voulait rester dans la tradition des tisserands nîmois et, entre les pulsions et les impulsions, il fallait que prédomine une couleur forte : le bleu, de Nîmes. © Laure Pophillat

 

 

Pour Alain clément, ici en photo, passionné et passionnant, l'essentiel est de "donner à voir ce face-à-face entre la toile et le corps vivant", ajoutant qu'une "peinture se bonifie lorsqu'elle se partage". © Laure Pophillat

 

Les mots d'Alain Clément, dont le vœu était de créer "le symbole d'une grande voile tendue aux vents dans un seul mouvement emportant le bâtiment. Des tracés larges et dansant BLEU de Nîmes, des tracés NOIRS rapides et directs, des fonds GRIS modulés pour lier et faire palpiter l'ensemble à vos yeux" résument parfaitement tout le projet architectural et artistique de cette Halle des sports. Vœu exaucé.

 

 

Fiche technique

Surface : 8 700 m2 SDP / Espaces extérieurs : 2 226 m2
Montant : 15 000 000 € HT


Calendrier :

– Janvier 2022 : concours - études de conception/technique ;

– 15 Juin 2023 : première pierre et annonce de l'artiste ;

– 20 septembre 2024 : livraison.


Maître d'ouvrage : Ville de Nîmes
AMO : Solutions Conseils / CBE
Maîtrise d'œuvre : Architecture, Design, Management, Économie, Ingénierie, Environnement : Ateliers A+
BET structure : IB2M
BET enveloppe textile : ABACA
BET acoustique : Acoustic Technologies Midi
Synthèse : C&G
BET VRD : Epsilon GE
BET géotechnique : EGSA
BET géothermie : ANTEA
Bureau de contrôle : Sud-Est Prévention




Source : batirama.com / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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