"Unanimité pour un plan logement", demande la FFB afin de freiner la crise

La crise du logement neuf ne se dément pas. © Laure Pophillat

Ce mardi 17 septembre avait lieu la conférence de presse de la FFB. Malgré la baisse continue des taux d’intérêt depuis le début d’année et une chute au ralenti, la profonde récession du bâtiment demeure d'actualité.

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Selon Olivier Salleron, l'espoir réside dans le fait qu'Emmanuel Macron souhaite faire du logement sa priorité et que dans le même temps, le logement et la rénovation énergétique ont été mis en avant dans les programmes des politiques.

 

Olivier Salleron, ici en photo, apprécie que les politiques fassent leur mea culpa. "Mieux vaut tard que jamais !", selon lui. "Nous espérons des mesures concrètes pour Batimat. Il ne faudrait pas que notre Batimat se transforme en Salon de l'agriculture 2024.", a-t-il ajouté. © Olivier Salleron / FFB

 

 

 

 

Le recul se poursuit

 

Pour le logement résidentiel neuf

La crise du logement neuf ne se dément pas. En glissement annuel sur sept mois à fin juillet, les mises en chantier chutent encore de 13,4 %, ce qui confirme une tendance 2024 aux environs de 260 000 logements, un niveau proche de celui de la fin des années 1950. De fait, les permis, qui reculent encore de 9,9 % sur la même période, ne laissent pas espérer de rebond prochain. Et si le point bas se rapproche pour les ventes de maisons individuelles, entrées les premières dans la crise, il n’en va pas de même dans la promotion immobilière. En sus, il faudra du temps pour que toute amélioration à l’amont se traduise en activité pour le bâtiment.

Plus en détail, dans l’individuel, sur les mêmes périodes que précédemment, les ouvertures de chantier continuent de chuter encore fortement, à respectivement - 22,5 % et - 23,0 %. En revanche, la baisse des autorisations se tasse sur trois mois à - 8,4 %, contre :

– sur six mois : - 13,0 % ;

– Sur neuf mois : - 14,7 % ;

– Et - 16,2 % sur douze mois.

 

Du côté du collectif, le repli de 5,5 % des mises en chantier en glissement annuel sur sept mois à fin juillet 2024 laisse place à un rapide rebond de 11,1 % sur trois mois. Il s’alimente du programme non pérenne de rachat du stock des promoteurs par Action Logement et CDC Habitat. D’ailleurs, les permis pour ce segment restent clairement orientés à la baisse, en glissement annuel sur sept comme sur trois mois, respectivement de 7,1 % et 5,3 %.

 

 

Du côté du non résidentiel neuf

L’atterrissage ressort plus net dans le non résidentiel neuf, alors qu’il est à son plus bas historique avec une tendance à un peu plus de 21 millions de m2 commencés sur 2024. De fait, les surfaces mises en chantier et autorisées ne reculent "plus que" de 6,9 % et 2,0 % sur les sept premiers mois de 2024 rapportés à la même période de 2023.

Pour la FFB, l’effet des élections municipales de 2026 se lit enfin clairement dans la progression de 11,7 % des surfaces commencées de bâtiments administratifs glissement annuel sur trois mois à fin juillet. Mais on relève également une quasi-stabilisation des volumes pour les locaux industriels et commerciaux sur la même période.

 

 

L'activité amélioration-entretien

Quant à l’activité en amélioration-entretien, elle continue de croître mais de moins en moins vite. Entre les deuxièmes trimestres 2023 et 2024, elle s’affiche en modeste hausse de 1,1 % hors effet prix, toujours pénalisée par la réforme ratée de MaPrimeRénov’ en début d'année 2024. Malgré l’assouplissement bienvenu de ce dispositif en mai dernier, la rénovation énergétique n’a progressé que de 0,4 %. De plus, les remontées de terrain ne laissent guère espérer d’accélération d’ici la fin d’année.

Au global, la production bâtiment recule de 4,3 % en volume en glissement annuel sur le premier semestre 2024 et la FFB confirme sa prévision de - 5,5 % sur l’année.

 

 

 

 

 

Des entreprises médaille d’or de la résilience

Alors "qu’on pronostiquait une envolée des défaillances dans cette situation de crise d’activité, force est de constater, pour l’heure, une certaine résistance", relève la FFB dans son communiqué. La fin 2023 a bien vu une progression rapide dans le bâtiment, de 45 % précisément en glissement annuel sur les quatre derniers mois de l’année, mais avant une stabilisation, voire une légère décrue depuis, puisque la tendance des défaillances sur les huit premiers mois de 2024 correspond à une hausse de 30 %.

L’emploi suit le même mouvement que les défaillances. Salariés et intérimaires en équivalent-emplois à temps plein confondus, le bâtiment a perdu environ 28 000 postes entre les premiers semestres 2023 et 2024. Compte tenu de l’effondrement de la productivité et sur la base des remontées de terrain, la FFB craint une accélération sur le second semestre, avec une estimation concernant un recul de l’emploi entre 40 000 et 50 000 sur l’ensemble de l’année et à 60 000 entre fin 2023 et fin 2024.

 

 

 

 

 

L'espoir qui fait vivre

Selon la FFB, et malgré l’absence de gouvernement depuis plus de deux mois, trois facteurs très positifs méritent signalement. Tout d'abord, il est à noter un net reflux de l’inflation, y compris sur les matériaux mis en œuvre par le bâtiment, ce qui se traduit par une baisse confirmée des taux d’intérêt immobiliers, laissant espérer un passage sous la barre des 3 % à l’horizon 2025. Enfin, le troisième facteur positif est visible dans l’amélioration du moral des ménages, qui booste leur capacité et envie de se projeter, notamment au travers d’un projet immobilier.

Toutefois, l'attentisme, qui consisterait à attendre que ces facteurs jouent suffisamment pour renverser la tendance, constituerait un "pari dangereux". Car "malgré la baisse des taux, la capacité d’engager des opérations reste pénalisée par un manque d’apport personnel ou de fonds propres chez nombre d’acteurs". Et puis le bâtiment "s’inscrit dans un temps long et ce qui n’est pas engagé aujourd’hui manquera pendant plusieurs trimestres". Autrement dit : si personne ne bouge, 2025 s’inscrira encore comme une année de crise du secteur.

 

 

 

 

 

Quatre mesures de la FFB pour constituer l’armature d’un plan logement

Il importe donc que le nouveau gouvernement retienne, dans le PLF pour 2025, des mesures d’impact rapide pour les marchés du bâtiment, tant que le secteur peut répondre. La FFB rappelle les quatre principales mesures qu'elle soutient :

– un rétablissement d’un PTZ (Prêt à Taux Zéro) universel, ou d’un prêt à taux réduit sur le même principe, avec de longs différés de remboursement ;

– Une prorogation du Pinel, faute de disposer du temps suffisant pour élaborer et mettre en place un autre dispositif ;

– Un maintien en 2025 des aides à la rénovation énergétique, dont MaPrimeRénov’ dans ses conditions actuelles ;

– Et, enfin, un arrêt de la surenchère réglementaire, avec notamment un glissement des étapes à venir de la RE2020.

 

Des mesures primordiales dont nul ne peut contester la nécessité, même au plan européen, puisque toute l'UE est dans l'attente de la nomination d’un Commissaire au logement. Et la FFB de conclure qu'elle "n’ignore pas la situation budgétaire de notre pays. Elle se rappelle en revanche qu’une activité immobilière bien orientée, ce sont aussi de bonnes rentrées fiscales pour la Nation."



Source : batirama.com / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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