Spie Batignolles investit dans un deuxième atelier d’impression 3D

Après Ernest, voici Mathilde, robots d’impression 3D œuvrant chez emPrinte et prénommés comme le fondateur M. Batignolles et son épouse. © EJH

Premier constructeur français à s’être doté d’une cellule d’impression 3D afin d’industrialiser la fabrication d’éléments constructifs en béton imprimé, Spie Batignolles déploie son offre commerciale “emPrinte” en 2024.




Après le démarrage en 2022 d’un premier atelier d’impression 3D au sein de son parc-matériel d’Ollainville (Essonne), le groupe Spie Batignolles a installé une nouvelle unité, cette fois à Saint-Bonnet-de-Mûre (Rhône). Le bâtiment de 300 m² a été réaménagé pour installer le robot Mathilde, doté d’une cellule d’impression 3D X-TreeE qui a bénéficié d’évolutions technologiques. Le premier robot d'impression 3D acquis pour l'atelier d'Ollainville portait le prénom de M. Batignolles ; le second, celui de son épouse. Ce sont désormais deux robots qui œuvrent chez emPrinte.

Un troisième atelier situé dans le Sud-Ouest accueillera en 2025 une machine encore plus performante.

 

Une boîte de réservation coulée par le robot. © Spie Batignolles

 

 

emPrinte, une marque Spie Batignolles qui monte

emPrinte, l’entité créée par Spie Batignolles pour concevoir, fabriquer et commercialiser des éléments constructifs et de mobilier urbain en 3D, dispose aujourd’hui d’une capacité d’impression de deux tonnes par jour pour chacun de ses deux sites.

La toute jeune structure (14 collaborateurs) ne fait que débuter son activité mais progresse très rapidement. S’adressant aux maîtres d’ouvrage, aux architectes, aux bureaux d’études et à tous les constructeurs, elle prend en charge chaque projet de A à Z : R&D, design, production et post-production (texturage, usinage, insertion d’éléments, coulage de matériaux complémentaires, etc.).

 

Mathilde est positionnée sur un rail de 10 m de long qui permet à la tête d’impression de se déplacer de façon à couler plusieurs éléments à la suite, avec un gain de productivité par rapport à Ernest. © EJH

 

 

 

Des éléments de coffrage sur-mesure

Toutes sortes de pièces sont réalisées par emPrinte : des boîtes de réservation avec ou sans incorporation (armatures, lattis en métal déployé, boîte d’encadrement), des nœuds de poutres, des poteaux de coffrages perdus, longrines, plots de toiture, murets, etc. "L’impression 3D peut être un outil utile partout où des coffrages induisent une perte de productivité", résume Alexis Hermet, directeur qualité de réalisation et innovation technique chez Spie Batignolles.

En 2023, le groupe a approvisionné en éléments de coffrage imprimés une cinquantaine de ses propres chantiers avec à la clé un gain de temps de main d’œuvre par rapport à une solution de coffrage traditionnel, une réduction de la pénibilité du travail grâce à la suppression des étapes de coffrage/décoffrage, et une réduction des déchets de bois utilisés habituellement pour le coffrage. Début 2024, emPrinte en a également fourni à quelques clients situés à proximité. L’offre commerciale se met en place et les professionnels intéressés peuvent désormais commander quelques exemplaires ou une série importante d’éléments aux dimensions qui leur conviennent et venir les chercher en direct ou être livrés (une forme simple peut être fabriquée très rapidement).

"La technologie de l’impression additive va notamment permettre de supprimer des tâches pénibles, de sécuriser et de simplifier les chantiers", indique Jean-Charles Robin, le PDG de Spie Batignolles.

Les robots permettent également de fabriquer du mobilier (assises, tables, jardinières, etc.) et des éléments complexes aux formes hors norme, comme des voussoirs de passerelles, des panneaux de façade et bien d’autres éléments architecturaux ou purement décoratifs.

À terme, l’objectif de Spie Batignolles est d’équiper plusieurs de ses sites pour développer une offre de proximité sur le territoire.

 

Boîtes de réservation posées dans des voiles. Tous types de formes et de dimensions sont réalisables. © Spie Batignolles

 

 

 

Des enjeux de taille

Si une fabrication maîtrisée, locale et rapide est un atout indéniable de la technique, celle-ci présente bien d’autres avantages : n’utiliser que la quantité de matière nécessaire à la réalisation du produit permet de préserver les ressources (jusqu’à 50 % d’économie de matière).

L’empreinte carbone du bâtiment s’en trouve réduite et le sera d’autant plus en utilisant des "encres" bas carbone (Lafarge vient d’en commercialiser une qui offre une résistance mécanique équivalente aux encres standards).

À terme, l’objectif est de diminuer de 30 à 50 % les émissions de CO2 des éléments produits en impression 3D par rapport aux modes constructifs traditionnels.

 

La capacité à fabriquer des éléments structurels avec la technique de l’impression 3D sera une prochaine étape décisive. Des travaux de R&D sont en cours chez plusieurs fabricants de machine. © EJH

 

 

 

Créer une filière avec des partenaires

Spie Batignolles contribue à mettre en place une filière industrialisée de l’impression 3D d’éléments constructifs. Son dirigeant, Jean-Charles Robin, en est convaincu, avec les nouveaux modes constructifs, qui se digitalisent et se décarbonent, le BTP vit probablement sa plus grande transformation depuis ces 50 dernières années. Et cette révolution va de pair avec l’apparition de nouveaux métiers, susceptibles d’attirer les jeunes vers la construction !

Pour mener à bien ce projet d’impression 3D de grande dimension pour le bâtiment, Spie Batignolles s’est associé au concepteur de têtes d’impression 3D X-treeE. La start-up, qui accompagne les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre dans l’intégration d’éléments imprimés dans leurs bâtiments, vient de mettre au point X-Head v.4.0. Cette quatrième génération de tête d’impression est deux fois plus rapide (8 à 10 litres par minute), plus robuste et plus facilement nettoyée que la précédente. Son logiciel, plus ergonomique, la rend aussi plus simple à utiliser.

Autre partenaire précieux de Spie Batignolles, Lafarge France développe des encres bétons pour l’impression 3D dans la construction. Sa nouvelle gamme TectorPrint (avec des niveaux de résistance à la compression de 25 à 90 MPa permettant une grande vitesse d'impression) comporte notamment la première encre 3D bas carbone en France. La gamme est adaptée à toutes les réalisations sur site ou en atelier, y compris d’éléments structurels.

 

Le robot est capable de couler diverses “encres” de ciment, de béton, mais aussi de la terre, du plâtre, etc. © EJH

 


Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson

L'auteur de cet article

photo auteur Emmanuelle JEANSON
Collaboratrice de longue date de Batirama, elle est journaliste indépendante dans la presse pro du bâtiment et de l’énergie depuis ses débuts dans le métier (qui remontent à la dernière décennie du siècle dernier !). Ses sujets de prédilection : tout ce qui contribue à une construction plus soutenable ; les techniques anciennes remises au goût du jour ; les énergies renouvelables ; aller à la rencontre des artisans et de leur quotidien, mais aussi comprendre les enjeux de l’activité industrielle.
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