Ecocem et Cemex collaborent pour développer la technologie ACT dans les bétons bas carbone

Olivier Guise d'Ecocem (à droite) et Michel André de Cemex France officialisent leur collaboration autour de la technologie ACT. © PP

Selon Ecocem, créateur de la technologie ACT, et Cemex, producteur de Béton Prêt à l’Emploi (BPE), ACT devrait permettre de diviser par deux la charge carbone du ciment d’ici 2030. Ensemble, ils veulent le prouver.




Ecocem et Cemex ont en France des intérêts convergents. Cemex est l’un des tous premiers cimentiers dans le monde. Pas en France, toutefois, où Cemex France produit et commercialise des granulats et des BPE (Bétons Prêts à l’Emploi) grâce à 330 sites de production. Pour Cemex France, la décarbonation de ses BPE, le plus rapidement possible, est un enjeu majeur.

Ecocem, un groupe franco-irlandais, a été fondé il y a une vingtaine d’années avec l’ambition de diminuer drastiquement les émissions de CO2 provenant d’un des matériaux les plus utilisés au monde : le ciment. Il compte y parvenir en remplaçant le clinker, l’un des principaux composants du ciment traditionnel et à forte charge carbone, par des liants bas carbone, dont la technologie ACT fait partie.

 

 

Remplacer le laitier de haut-fourneau

Ecocem conçoit la technologie ACT comme un substitut fiable et durable du laitier de haut-fourneau, premier matériau utilisé pour remplacer le clinker dans le ciment. Comme le laitier est un sous-produit de la sidérurgie, son empreinte environnementale est considérée comme faible. Mais voilà, il devient plus rare et plus cher et ça ne va pas s’arranger. D’abord en termes de disponibilité, Arcelor-Mittal a annoncé la réduction de 50 % de sa capacité de production d’acier en Europe d’ici 2030. S’il faut importer du laitier de haut-fourneau de Chine, d’Inde ou d’Afrique du Sud, son empreinte environnementale n’est plus nulle du tout. Ensuite, la demande des cimentiers, face à une production déclinante, a poussé le prix du laitier à la hausse. Bref, le laitier est efficace en tant que substitut du clinker, mais n’a pas vraiment d’avenir.

 

Ecocem estime que la technologie ACT peut remplacer le ciment classique dans environ 80 % des bétons formulés aujourd’hui. Début 2026, l’usine Ecocem de Dunkerque, en collaboration avec les Carrières du Boulonnais, atteindra une capacité de production annuelle de 300 000 à 400 000 t de ACT. © Ecocem

 

 

La technologie ACT

ACT, ou mieux encore, la technologie ACT, est un ciment bas carbone et possède deux composants : un liant et des adjuvants. Le liant, sur lequel Ecocem ne s’étend pas outre mesure, remplace 80 % du clinker par rapport à un ciment de Portland traditionnel. Les adjuvants, quant à eux sont ajoutés dans le béton, pour garantir l’efficacité de ce nouveau liant.

Du coup, Ecocem promeut sa technologie là où la fabrication du béton fait l’objet d’un soin et d’un suivi minutieux : auprès des entreprises qui fabriquent du BPE à travers le territoire, auprès des préfabricateurs d’éléments en béton. La première version de la technologie ACT a été annoncée fin 2022, son industrialisation est prévue pour cet été.

La technologie ACT vient d’obtenir, début 2024, une ETE, Évaluation Technique Européenne, qui constitue une étape majeure vers le marquage CE. Ensuite, même si ACT remplace le ciment, ce n’est pas exactement un ciment et les normes du ciment ne lui sont pas applicables. Ecocem a donc choisi de passer par la procédure des ATEC du CSTB pour développer cette technologie sur le marché français.

 

 

15 centrales à BPE pour tester la technologie ACT

Il reste de nombreux aspects techniques à résoudre avant un large déploiement de la technologie ACT. Cemex aide Ecocem à accélérer la mise sur le marché en sortant la technologie ACT du laboratoire et de la première centrale à béton. L’entreprise a en effet décidé de consacrer quinze centrales de BPE à la production de béton formulé avec ACT. L’une d’entre-elle produit tous les jours des blocsd lego en béton utilisés par Cemex lui-même pour stocker divers produits. Cette application, qui ne comporte aucune question d’assurabilité puisque les produits sont utilisés par l’entreprise fabricante pour ses propres besoins, va en revanche permettre d’acquérir une réelle expérience de la fabrication des bétons avec la technologie ACT et de leur comportement par tous temps et dans toutes sortes de formulations. Ce comportement est en effet différent selon le type de granulats utilisés. Premier ouvrage en BPE ACT, Cemex a coulé une dalle extérieure sur une aire d’autoroute en Normandie, il y trois semaines. Un mur démonstrateur sera bientôt réalisé à Créteil avec Bouygues Construction, ainsi qu’un local à vélo dans le sud de la France.

 

Nous en sommes aux prémices. Cemex utilisera la technologie ACT d’Ecocem dans 15 de ses centrales de fabrication de BPE dès cette année. Le but est d’acquérir le maximum d’expérience dans la fabrication des béton formulés avec la technologie ACT. Puis d’analyser le comportement des ouvrages en béton ACT pour optimiser leur formulation. © PP

 

 

Ecocem et Cemex pensent pouvoir couler plusieurs milliers de m3 de BPE ACT cette année. Michel André, de Cemex France, expliquait que les entreprises et les concepteurs recherchent des technologies permettant de réduire l’empreinte carbone des bétons, sans changer les habitudes des chantiers, ou le moins possible, et sans augmenter les coûts. Cemex envisage d’incorporer à terme la technologie ACT dans les trois gammes de bétons bas carbone Vertua. La technologie ACT devrait lui permettre de proposer des BPE dont l’empreinte carbone serait inférieure à 120 kg CO2/m3, soit encore mieux que sa gamme Vertua Ultra, la plus performante aujourd’hui. Mais tout ce développement, rappelle Michel André de Cemex France, ne se fera que si la technologie ACT est compétitive du point de vue économique. Elle le sera, jure Olivier Guise, directeur exécutif ECOCEM France en charge de la stratégie.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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