La cogénération, production simultanée de chaleur et d'électricité, est partout sur le salon ISH de Francfort. Ce n'est pas exactement une idée nouvelle mais les technologies évoluent.

Il existe en effet des cogénérateurs de plus de 100 kW_el (puissance électrique) et simultanément de 200 à 300 kW_th (puissance chaleur) depuis une bonne quinzaine d'année. La grande nouveauté est, d'une part, que la cogénération baisse en puissance et offre des systèmes pour le logement ; d'autre part, que les technologies utilisées par les fabricants se multiplient.

 

Microcogénération

 

Cette année à ISH, pratiquement tous les fabricants mettent en avant des microcogénérateurs individuels. On parle de microcogénération jusqu'à 36 kW de puissance électrique. Le modèle le plus classique est construit autour d'un moteur Stirling (une invention du pasteur écossais Stirling au XIX^ième siècle) à combustion externe qui produit électricité et chaleur, complété par un corps de chauffe à condensation.

 

Ces machines se présentent le plus souvent sous la forme d'une chaudière murale gaz de bonne taille. Comme tous les fabricants utilisent un moteur Stirling fourni par l'anglais Microgen, tous ces modèles sont remarquablement similaires et affichent une puissance électrique de 1 kW_el pour une puissance thermique de 3 à 5,6 kW_th, complétée par 24 kW apportés par un corps de chauffe gaz à condensation. 

 

En France, le moteur de calcul de la RT2012 a prévu la microcogénération et lui affecte une performance énergétique attrayante. Si bien que, malgré les puissances thermiques bien trop importantes pour la construction neuve, les fabricants commencent à recommander ces « écocogénérateurs » muraux aussi bien pour le neuf que pour la rénovation.

 

DeDietrich a commencé avec précaution la commercialisation en France de son écogénérateur Hybris Power depuis quelques mois, en l'accompagnant obligatoirement d'une formation des installateurs. En effet, moteur Stirling oblige, ces appareils vibrent.

 

Par construction, ils comportent de nombreuses protections, comme 6 à 8 amortisseurs de vibrations intérieurs, et plusieurs couches résilientes à la fois dans la jaquette et entre le mur et l'appareil. Mais il faut tout de même une installation attentive pour éviter toute propagation de bruit.

 

Autoconsommation

 

Dans le groupe Thermea, Brötje commercialise son écogénérateur en Allemagne depuis un peu moins d'un an et devrait l'introduire en France l'an prochain. Vaillant annonce également la commercialisation du sien en France, à la fois sous la marque Vaillant et sous la marque Saunier-Duval. Vaillant propose dés à présent en Allemagne le microcogénérateur ecoPOWER 1.0 (1 kW_elet 2,5 kW_th), qui ne repose pas sur un moteur Stirling, mais sur un moteur à gaz à combustion interne (surtout, ne pas dire moteur à explosion) fourni par Honda.

 

 Le groupe Bosch dispose également d'une machine qui sera vendue en France l'an prochain chez e.l.m leblanc et sous la marque Bosch. Viessmann, pour sa part, lancera deux modèles Stirling en Allemagne cette année et au moins un en France en 2014.

 

Nous espérons que ce sera son microcogénérateur au sol VitoTwin 350-F, comportant un réservoir d'ECS de 175 l en dessous : 1 kW_el, 3,6 à 5,3 kW_th et jusqu'à 26 kW_th  avec le corps de chauffe à condensation. En effet, comme ces appareils produisent de l'électricité seulement lorsqu'ils produisent de la chaleur, la présence du ballon permet d'absorber plus de chaleur et donc de produire plus d'électricité.

 

L'électricité produite est auto-consommée par l'utilisateur et non-revendue. Contrairement au photovoltaïque, le tarif d'achat de l'électricité issu d'une microcogénération n'est pas du tout attrayant. Viessmann a donc prévu de faciliter l'autoconsommation en proposant des prises de courant commandable à distance par radio.

 

Ce qui permet, quand l'écogénérateur est en production, de déclencher la mise en route d'un ou deux appareils ménagers, un lave-linge et un lave-vaisselle, par exemple, et d'autoconsommer l'énergie produite, réduisant d'autant les achats d'électricité au réseau. Nous devrions voir une bonne douzaine de microcogénérateurs à base de moteurs Stirling sur le marché français en 2014.

 

Source : batirama.com / Pascal Poggi

 

 

Minicogénération aussi

 

Au-delà de 36 kW_el et jusqu'à 250 kW_el, on ne parle plus de micro, mais de minicogénération. Le moteur de la RT2012 a prévu ça aussi. Il faudra un petit moment pour que les BE s'en aperçoivent, mais ensuite, les prescriptions de minicogénérateurs pourraient se multiplier en logement collectif neuf et en tertiaire.

 

Le groupe Vaillant offre toute une gamme de minicogénérateurs faisant appel à des moteurs à combustion interne : ecoPower 3.0 (1,5 - 3 kW_el et 4,7 - 8 kW_th), ecoPower 4.7 (1,5 – 4,7 kW_elet 4,7 – 12,5 kW_th), ecoPower 20.0 (7 - 20 kWel et 12 - 42 kW_th). Viessmann a acheté ESS, un spécialiste de la minicogénération, et propose le Vitobloc 200 EM-20 /39 (20 kWel et 39 kW_th). Buderus dispose également d'une gamme faisant appel à des moteurs à gaz MAN, dérivés des moteurs diesel utilisés dans la motorisation des camions.

 

Wolf en propose aussi, tout comme Bosch, Hoval et une bonne quinzaine d'autres marques sur le marché allemand. Le seul qui possède une vraie expérience en la matière, cependant, est la marque Senertec qui a vendu plusieurs dizaines de milliers de cogénérateurs à moteurs à combustion interne de sa gamme Dachs depuis 20 ans.

 

Cette marque fait partie du groupe Thermea et il n'est pas strictement impossible que l'on voit ses matériels en France, avec d'autres noms et sous les marques Chappée ou DeDietrich fin 2014 ou en 2015. Senertec présente un nouveau modèle plus puissant à ISH 2013, destiné au petit tertiaire.