La compétition EuroSkills 2012* a vu 18 français défendre les couleurs tricolores. Gros plan sur la taille de pierre avec son expert national et membre du jury européen : Olivier Dupé.

Pourquoi votre métier a-t-il concouru à Londres (Wordskills) et en Belgique pour Euroskills ?

 

Olivier Dupé 

: la taille de pierre a en effet concouru à Londres en 2011 (et la France a remporté la médaille d’Or), mais c’était sans doute la dernière fois car nous étions déjà en difficulté avec seulement 7 pays présents aux épreuves. (Ndlr : il en faut 12 minimum pour participer à WorldSkills). En revanche, nous participons à Euroskills (compétition européenne qui doit regrouper au minimum 6 pays) depuis 2010 car nous souhaitons conserver une compétition pour notre profession. Mais depuis le mois de Juin, nous avons appris que 14 pays s’étaient préinscrits pour la prochaine compétition Worldskills à Leipzig en 2013, ce qui nous nous fait renaitre l'espoir d'une compétition à l’internationale.

 

Comment se sont passées les épreuves en Belgique ?

 

Il y avait donc bien 6 pays pour cette compétition : la France, l’Angleterre, le Portugal, l’Autriche, la Finlande et la Belgique. La concurrente Autrichienne a remporté la médaille d’or devant le Français Boris Debourbe, médaillé d’argent. La gagnante avait participé aux épreuves de Londres et a pu peaufiner sa technique afin de rattraper les points perdus à Londres. Le concurrent Français avait, quant à lui, fini 4e aux épreuves nationales de Paris. Nous n’avons pas pu sélectionner le concurrent français le mieux placé aux épreuves nationales de Paris (arrivé donc 2e) faute de financement.

 

Quel est le problème de financement pour la compétition d’EuroSkills ?

 

Chaque candidat français présent à EuroSkills doit avoir son propre sponsor qui peut être sa Région, son centre de formation… Je comptais sur la Capeb (Confédération artisanale des petites entreprises du Bâtiment) pour apporter les financements, comme en 2010, pour mettre tous les candidats des nationales sur un pied d'égalité mais elle n’a pas reconduit sa participation cette année. Les Compagnons du Devoir ont donc sponsorisé leur propre candidat en taille de pierre. Ceci dit, les sociétés Degami et Thauvin nous ont apporté leur soutien par de la fourniture en outillage comme la Sarl Cottenceau, pour du prêt.

 

Que comptez vous faire par rapport à ce problème ?

 

Je souhaite évoquer la question à l’occasion des finales nationales à Clermont-Ferrand fin novembre. Et puis, dans deux ans, c’est la France qui accueillera EuroSkills, ce sera peut être plus facile de trouver des sponsors nationaux. Enfin, il faut savoir que cette compétition européenne ne date que de 2008, il faut aussi laisser les choses s’installer et s’améliorer au fil du temps… De même, la France n’a présenté que 12 métiers. Peut être, pourrait-on réfléchir afin que cette compétition européenne trouve tout son sens en s’ouvrant à d’autres métiers.

 

Quelles sont caractéristiques de l’épreuve de taille de pierre ?

 

Les épreuves européennes présentent un niveau similaire aux épreuves internationales. Les sujets sont juste un peu allégés car il y a un jour de compétition en moins. Le niveau est bon en France, ce qui explique les nombreuses médailles reçues. Il nous faudra néanmoins revoir une partie de  la description technique de cette épreuve qui demeure traditionnelle, en dépit de l’utilisation du marteau pneumatique et de la lecture de plans informatiques.

 

Comment souhaitez faire évoluer l’épreuve ?

 

Nos métiers de taille de pierre affleurent ceux de la marbrerie, ce qui n’est pas le cas des autres pays. Nous avons fait une proposition d’évolution qui intègre une petite machine de débitage afin de montrer la technologie de la pierre, mais cela n’a pas été accepté par les autres pays, pour des raisons de formation. Par contre, un accord a été trouvé dans la conception des sujets pour qu'ils soient assemblables en fin de compétition pour montrer que nous sommes encore des bâtisseurs. Autre fait significatif : les Pays-Bas s’inscrivent chaque année à cette compétition mais renoncent à y participer car l’épreuve demeure trop traditionnelle à leurs yeux…

 

Mais votre épreuve présente néanmoins des points forts…

 

Oui bien sûr, car elle est l'une des plus économiques aujourd’hui ! L’installation d’un atelier de taille de pierre demeure économique et ne prend presque pas de place. Ce qui n’est pas le cas de toutes les épreuves qui nécessitent la fourniture de grosses machines et de grandes quantités de matériaux. Le côté artistique séduit et attire le public car nous y avons apporté aussi en guise d'évolution de la gravure et de l'ornementation…

 

*Olympiades des métiers à l’échelle européenne qui se sont déroulées en Belgique, à Spa-Francorchamp

 

Légende : Olivier Dupé à droite en compagnie du candidat français médaillé d'argent Boris Debourbe.

 

 

Source : batirama.com / Fabienne Leroy

 

 

3 médailles pour le Bâtiment

 

Parmi les 12 métiers représentés* (dont 3 dans le Bâtiment), la France rapporte une médaille d’or, deux médailles d’argent et cinq médailles d’excellence :

 

• Médaillé d’Or : Valentin Iltis (Ferblantier-Couvreur)
• Médaillés d’Argent : Boris Debourbe (Taille de pierre) et Charles Cussonneau et Gergö Kupas (Plâtrerie & constructions sèche)

 

* aide à la personne, robotique, réparation machine agricole, maréchal-ferrant, soudage, constructeur de route, solier (poseur de revêtements de sol et parquet), étalagiste (conception de vitrine), cuisine et service en salle.

 

EuroSkills 2014 : à Lille !

 

La France, avec l’appui de la Région Nord–Pas-de- Calais, organisera les prochains EuroSkills du 2 au 4 octobre 2014 à Lille. Choisis par le Conseil d’Administration de WorldSkills Europe, porteur d’EuroSkills, la Région Nord–Pas-de-Calais et WorldSkills France (Cofom), représenté par son Président Michel Guisembert, ont signé la convention de partenariat vendredi 5 octobre 2012 à Spa-Francorchamps (Belgique), à l’occasion des épreuves européennes qui s’y sont déroulées du 4 au 6 octobre 2012.

 

Compétition européenne

 

Rassemblés autour de 300 juges, experts et observateurs, les 400 concurrents d’EuroSkills – qui ne doivent pas être âgés de plus de 25 ans – sont lycéens, apprentis, compagnons, étudiants ou jeunes salariés. Ils s’affrontent dans une quarantaine de métiers différents : coiffure, manager de projet, spécialiste Cisco, spécialiste Microsoft, spécialiste d’open source, web design, infographiste, technicien, imprimeur, fraisage CNC, usinage, soudage, contrôle industriel, mécatronique, charpentier, maréchal-ferrant, cordonnier, maçon, carreleur, toiture métallique, contremaître, constructeur de route, menuisier, cuisine, service en salle, aide à la personne, taille de pierre, étalagiste et développeur de jeux électroniques.