Un chantier de réhabilitation Quai Voltaire à Paris met à jour des trésors perdus

Un chantier de réhabilitation Quai Voltaire à Paris met à jour des trésors perdus

De plus en plus à l’étroit, le Musée d’Orsay s’est porté acquéreur d’un ancien hôtel particulier. Les travaux de rénovation ont mis à jour les vestiges d’un hôtel particulier du XVIIème siècle.




Le Musée d’Orsay conserve la plus grande collection impressionniste au monde. Les visiteurs affluent. Bref, le musée devient de plus en plus à l’étroit dans ses murs. Laurence des Cars, présidente des Musées d’Orsay et de l’Orangerie, a donc lancé début 2020 le projet « Orsay Grand Ouvert », dans le but de rendre aux publics et aux collection l’intégralité de l’ancienne gare d’Orsay.

 

Ce qui signifie qu’il faut déménager hors de la Gare d’Orsay, tout ce qui n’a pas directement trait à la conservation et à l’exposition des collections, notamment les bureaux et l’énorme fonds documentaire que conserve le musée. Les bureaux, qui se trouvent le long de la façade rue de Lille, à l’opposé de la Seine, seront, à terme, déménagés en face dans l’un des bâtiments appartenant aujourd’hui à la Caisse des Dépôts et de Consignations.

 

Pour leur part, les actuelles Documentation et Bibliothèque du musée déménageront dans un tout nouveau Centre de recherches et de ressources (CRR) qui sera aménagé au 29 quai Voltaire. En se donnant les moyens d’approfondir la recherche sur la période artistique majeure qu’est la seconde moitié du XIXème siècle, ce centre accueillera un réseau international d’étudiants et de chercheurs en favorisant des collaborations nationales et internationales avec des universités et des partenaires de premier plan.

 

Le 29 Quai Voltaire à Paris

 

Le Musée d’Orsay s’est donc rendu acquéreur du bâtiment du 29 quai Voltaire qui abritait auparavant la Documentation Française. Vendu 12 millions d’euros par l’Etat, le site du 29 Quai Voltaire est devenu la propriété du Musée d’Orsay fin 2018.

 

Ce bâtiment comptait 3 salons inscrits à l’inventaire des monuments historiques : le salon doré, le salon boisé et le petit salon style Empire. Début 2020, sous la conduite d’ Agathe Boucleinville, Directrice de l’Architecture, de la Maintenance et de la Sécurité des Bâtiments, Cheffe du service Architecture et Muséographie, l’exploration du bâtiment a commencé par une étude patrimoniale, menée en interne par l’équipe d’architectes du patrimoine et d’architectes du service architecture et muséographie d’Orsay, en collaboration avec deux partenaires : Grahal pour la recherche documentaire et Studiolo pour l’études des décors inscrits et l’archéologie du bâti.

 

L’histoire de ce bâtiment a connu 6 grandes étapes. Dès 1633, est construit un premier hôtel particulier, l’Hôtel de Montcarvel. En 1685, il est agrandi – une aile est ajoutée rue de Beaune, perpendiculaire au quai – et devient l’Hôtel de Mailly. Vers 1740, des jardins sont ajoutés, des travaux de décoration sont entrepris et il devient l’Hôtel d’Aumont. Avant de s’appeler Hôtel de Nesle à partir de 1776.

 

De 1799 à 1868, les bâtiments sont transformés en « immeuble de rapport », des appartements sont aménagés, des boutiques sont ouvertes en rez-de-chaussée. En 1868, les bâtiments sont divisés en 7 lots, six sont démolis. Seul le lot 1 subsiste en l’état, 29 Quai Voltaire. Sous d’autres propriétaires, il est occupé jusqu’en 1941.

 

A cette date, l’Etat rachète les bâtiments des 29 et 31 Quai Voltaire, devenus fort vétustes, pour y abriter d’abord les Journaux Officiels, puis, à partir de 1959, pour y installer ce qui deviendra la Documentation Française jusqu’en 2018.

 

Le curage du bâtiment aboutit à une série de découvertes

 

Les travaux ont commencé début 2021 par 6 mois de dépollution – plomb et amiante – et par ce que les architectes appellent le « curage » du bâtiment.

 

 

 

Au rez-de-chaussée, la purge de l’enduit intérieur laisse découvrir les arcades de la galerie qui, en 1685, longeait le jardin intérieur. ©PP

 

 

 

 

Lors du curage, dans l’escalier de service sont découvertes d’ancienne solives peintes, datant probablement de l’Hôtel primitif, démontées et réutilisées – déjà l’économie circulaire – vers 1685 pour la construction de l’escalier de service. ©PP

 

 

 

 

Le salon doré et son plafond inscrit est un chef d’œuvre de l’Hôtel de Mailly-Nesle. Ses lambris ne sont pas d’origine. Les originaux ont en effet été déposés et transportés vers 1910 au château de La Borde. ©PP

 

 

 

 

Le salon boisé date du XVIIe siècle. Il abrite toujours des boiseries de style Régence, probablement posées vers 1710. ©PP

 

 

 

Vers 1803, ce petit salon Style Empire a été aménagé au second étage. Il contient encore une fenêtre caractéristique du XVIIe siècle, avec ses volets intérieurs de part et d’autre. ©PP

 

 

Remettre le passé en évidence

 

Le projet d’aménagement du CRR, dirigé par Agathe Boucleinville, vise à remettre au jour les traces et vestiges du passé, autant que possible.

 

 

 

Les demi-niveaux aménagés pour la documentation française vont disparaître pour restaurer au moins les volumes et proportions initiales de l’ancien Hôtel de Mailly construit au XVIIe siècle, dont la plus grande partie a été détruite en 1868. ©PP

 

 

Les démolitions ont fait perdre au bâtiment sa cohérence d’ensemble. Le projet vise donc à lui donner une nouvelle cohérence en mettant en valeur les éléments d’origine encore en place, qui ont été repérés et étudiés depuis début 2021, grâce à une véritable investigation archéologique du bâti, à des sondages dans les structures.

 

 

 

La terrasse vers le quai sera abaissée pour éviter la marche de seuil et végétalisée. ©PP

 

 

 

Une paroi végétalisée sera aménagée pour séparer le bâtiment rénové de son voisin au 31 Quai Voltaire. Toutes les verrières seront refaites. ©PP

 

En comptant la Maîtrise d’œuvre interne au Musée d’Orsay, une soixantaine de personnes participent aux études initiales et aux premières explorations du bâtiment. Le budget prévu pour cette transformation se monte à 16 millions d’euros, mais il sera probablement revu à la hausse. Le permis de construire devrait être déposé à l’automne 2021. Le réaménagement devrait être terminé en 2024.

 

 

 

Voici l’équipe qui dirige ce projet, de gauche à droite, Agathe Boucleinville, Directrice de l’Architecture, de la Maintenance et de la Sécurité des Bâtiments, Cheffe du service Architecture et Muséographie, Sylvie Patry, Directrice de la Conservation et des Collections des musées d’Orsay et de l’Orangerie, Laurence des Cars, Présidente de l’Etablissement public des musées d’Orsay et de l’Orangerie. ©PP

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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