Isolants biosourcés : plus que jamais dans la course

Isolants biosourcés : plus que jamais dans la course

Eco-responsabilité, durée de vie des produits, santé des usagers, confort et sécurité de pose, performances attestées et garanties : les atouts des isolants biosourcés expliquent leur usage accru.




Photo ouverture/ Une solution de paroi isolant biosourcé-plaque de plâtre (Biofib-Siniat)

 

Les isolants biosourcés sont issus de déchets de bois (fibre et laine de bois), de journaux ou cartons recyclés (ouate de cellulose), ou de chutes de tissus (laine de coton). Ils sont aussi des co-produits de cultures (paille de blé, chanvre, lin, riz, herbes …) et d’élevage (laine de mouton).  

 

Ceux qui sont d’origine végétale disposent d’un atout majeur, à l’heure où l’on cherche à séquestrer un maximum de carbone : ils ont capté du CO2 lors de la photosynthèse et stockent le carbone biogénique. En rouleaux et panneaux, ils sont employés en isolation rapportée, par l’intérieur ou l’extérieur.

 

Certains fabricants s’associent pour proposer des solutions complètes. Quant aux produits en vrac, ils sont soufflés, insufflés ou projetés par voie humide. En isolation répartie, les monomurs se montent en bottes de paille, en blocs moulés ou en béton de chanvre ou bois.

 

Un impact réduit


Généralement moins impactants pour l’environnement (faible énergie grise ; bon bilan carbone ; bon taux de recyclabilité) comparés aux autres isolants, les biosourcés sont aussi appréciés pour leur bon bilan sanitaire, lié à une mise en œuvre aisée et peu ou non irritante pour les poseurs, et pour les usagers, à des émissions de COV faibles ou inexistantes et à leur capacité à réguler l’hygrométrie dans les parois.

 

Les produits fabriqués industriellement garantissent une qualité stable et un approvisionnement sécurisé. La plupart disposent d’ATec ou d’ATEx et certains isolants sont labellisés ou certifiés (Acermi, Keymark, …). Attestées, leurs performances thermiques, acoustiques, de résistance au feu et de durabilité en font des produits de plus en plus recherchés.

 

Des freins qui n’en sont plus


Si de nombreux isolants biosourcés restent plus onéreux que les laines minérales et polystyrènes, le surcoût engendré, très faible à l’échelle de la construction globale, n’est pas un obstacle. De plus en plus demandeurs, les maîtres d’ouvrage et les architectes trouvent désormais sans difficulté des artisans formés aux spécificités de mise en oeuvre liées à certains produits (formation obligatoire selon les règles professionnelles, pour la paille et le béton de chanvre).

 

Les fabricants forment à leurs produits et accompagnent les chantiers. Associations, pôles de compétitivité et négoces spécialisés proposent eux-aussi des sessions de formation, en présentiel et en ligne. L’emploi raisonné des isolants biosourcés doit privilégier la ressource locale ou peu éloignée, car le bilan carbone s’alourdit avec le temps de transport (ce bilan reste dans tous les cas plus intéressant que celui des isolants classiques).

 

             

 

La paille et le liège, deux cas à part

 

 

Reconditionnement de ballots de paille

 

Matériau très peu cher, car non transformé et disponible à proximité des chantiers partout en France, la paille est vendue en direct. Elle n’est pas encore conditionnée de façon standardisée pour le bâtiment, où son emploi exige un taux d’humidité et une densité stables ainsi que des dimensions précises des bottes (36 x 46 x 80 ou 120 cm, ou 50 x 80 x 80 ou 120 cm). Adaptée à l’isolation par l’extérieur de tous les types de murs, la paille est amenée à se développer.  

Ressource non locale, peu abondante et longue à se régénérer, le liège est onéreux, mais en milieu humide, il fait valoir ses incomparables qualités isolantes, acoustiques, d’imputrescibilité et de tenue dans le temps, notamment pour isoler murs et soubassements.

 

             

 

Isolants biosourcés : un taux de croissance de 15 %

 

 

La fibre de bois est très utilisée en construction à ossature bois.

 

Les isolants biosourcés rencontrent de plus en plus d’adhésion, ce qui se traduit par une progression forte et régulière de leurs ventes depuis plusieurs années. Actuellement ils représentent entre 8 et 10% du marché des isolants et leur taux de croissance annuel tourne autour de 15 %.

 

La fibre de bois et la ouate de cellulose continuent la course en tête, mais le chanvre et le coton recyclé gagnent du terrain. 21 millions de m2 d’isolants fibres ont été posés en 2018, soit 200 000 t/an de fibres végétales ou issues du recyclage. Une opération d'isolation thermique sur dix intègre des biosourcés et ils sont plébiscités en construction bois, majoritairement en ITI (Isolation thermique par l'intérieur) mais la part de l’ITE (Isolation thermique par l'extérieur) augmente significativement.

 

             

 

Réglementation : vers plus d’environnement et moins de carbone

 

 

Panneaux Gramitherm fabriqués à partir d’herbe

 

Le contexte réglementaire est incontestablement favorable aux isolants biosourcés, qui s’accordent parfaitement avec l’objectif de neutralité carbone visé en 2025/2030 par la France, et le programme de rénovation énergétique reboosté. Le bâtiment, grand contributeur d’émissions de gaz à effet de serre, doit fortement réduire ses émissions pour que la France respecte ses engagements du plan climat.

 

Pour le neuf, la prochaine réglementation (dite RE 2020 mais qui entrera en application en janvier 2022) doit conduire à des constructions de niveau Bepos (Bâtiment à énergie positive), produisant autant d’énergie qu’elles en consomment. Elle inclura un indicateur carbone reflétant le niveau d’émission de CO2 du bâtiment, ce qui favorisera logiquement l’emploi des isolants biosourcés, capteurs de carbone et issus de ressources renouvelables.

 



Source : batirama.com/ Emmanuelle Jeanson

L'auteur de cet article

photo auteur Emmanuelle JEANSON
Collaboratrice de longue date de Batirama, elle est journaliste indépendante dans la presse pro du bâtiment et de l’énergie depuis ses débuts dans le métier (qui remontent à la dernière décennie du siècle dernier !). Ses sujets de prédilection : tout ce qui contribue à une construction plus soutenable ; les techniques anciennes remises au goût du jour ; les énergies renouvelables ; aller à la rencontre des artisans et de leur quotidien, mais aussi comprendre les enjeux de l’activité industrielle.
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