Kermarrec Promotion se lance dans le Passif avec un premier bâtiment collectif à Thorigné-Fouillard

Kermarrec Promotion se lance dans le Passif avec un premier bâtiment collectif à Thorigné-Fouillard

Un bâtiment passif de 35 logements a remporté les Pyramides d’Argent. Le coût prévisionnel du chauffage s’élèvera à seulement 70 € TTC par an pour un T3 de 65 m².




Kermarrec promotion entame sa première réalisation au standard Passivhaus à Thorigné-Fouillard (35). Baptisée Muonio, cette opération comporte 35 logements du T2 au T5.

 

Muonio est né d’une double ambition : celle de la Ville de Thorigné-Fouillard d’édifier un programme exemplaire en matière de consommation énergétique et celle de Kermarrec Promotion d’offrir aux futurs résidents des logements accessibles aux prestations premium respectueuses de l'environnement.

 

“La réussite de cette opération tient aux efforts de tous ses acteurs : la Ville de Thorigné-Fouillard qui a su adapter la charge foncière aux exigences du passif, l’agence d’architecture Rhizome et le bureau d’études Équipe Ingénierie qui ont optimisé ensemble le projet, dès le premier coup de crayon et tout au long de la phase de conception, Kermarrec Promotion pour l’ambition globale et la conduite de l’opération”, déclare Nolwenn Lam Kermarrec, Présidente de Kermarrec Promotion.

 

 

 

Le bâtiment est un R+3 relativement compact, mais offrant au moins un balcon à chaque logement. ©Kermarrec Promotion

 

 

Pourquoi se lancer dans le Passif ?

 

Le label Passivhaus comporte trois promesses qui, à l’usage, sont vérifiées. Premièrement, un bâtiment certifié Passif n’aura pas besoin de rénovation énergétique durant toute sa vie en œuvre. Deuxièmement, un bâtiment labellisé, notamment en logement, garantit de faibles coûts de chauffage et une dépense – dépense en Euros et pas seulement en kWhEP – très réduite.

 

Troisièmement, l’essentiel du chauffage est fourni par un système de ventilation double flux avec récupération de chaleur. Sur le chantier de Thorigné-Fouillard, Kermarrec Promotion a tout de même demandé l’installation de sèche-serviettes électriques et de radiateurs électriques d’appoint, sous forme de bouches de ventilation double-flux équipées d’une résistance électrique, pour rassurer les acquéreurs, tout en sachant que ces derniers émetteurs ne seront sans doute jamais utilisés.

 

En effet, pour obtenir le Label Passivhaus – en France, il existe deux certificateurs : l’association La Maison Passive à Paris et Propassif  –, un bâtiment fait l’objet d’une étude thermique particulière, puis de deux vérifications de l’étanchéité à l’air sur le chantier.

 

Des bâtiments toujours proches des résultats de l'étude thermique

 

Dans la réalité de leur exploitation, les bâtiments passifs sont donc les plus proches des résultats de l’étude thermique. Autant, il a été constaté de formidables dérives dans l’exploitation d’immeubles collectifs BBC ou RT2012, autant les bâtiments passifs ont fait la preuve, depuis 1991, de l’intérêt de cette certification volontaire.

 

Le premier bâtiment passif certifié a été construit à Darmstadt en 1991. Il s’agit d’un petit bâtiment de 4 logements. Après bientôt 30 ans d’exploitation, et sans rénovation thermique, la moyenne des besoins de chauffage mesurée est de 9 kWh/m².an. Ce qui se traduit par un coût de chauffage au gaz de 44 € TTC/an pour un logement de 80 m². C’est en Allemagne, le gaz naturel y est un peu moins cher qu’en France, mais tout de même : moins de 50 € par an pour chauffer 80 m².

 

Toutes consommations d’énergie confondues, ces 4 logements de Darmstadt dépensent en moyenne 32 kWh/m².an, soit seulement 280 € TTC d’énergie par an pour un logement de 80 m². Le passif obtient des succès comparables en rénovation.

 

 

 

La construction passive demande un grand soin du détail. Une maquette de pose des fenêtres a été aménagée sur la façade de manière à ce que les entreprises puissent concrètement visualiser tous les points délicats de l’étanchéité à l’air de l’enveloppe. ©Kermarrec Promotion

 

Les 6 grands principes d'un bâtiment Passif

 

Comme l’explique Tugdual Allain, du BE Equipe Ingénierie, à la fois certifié Passif et grand propagateur de la construction passive, la conception d’un bâtiment passif repose sur 6 grands principes :

 

  • une isolation thermique renforcée, avec des fenêtres de grande qualité,

 

  • le traitement et la suppression de tous les ponts thermiques,

 

  • une excellente étanchéité à l’air,

 

  • une ventilation double-flux avec récupération de chaleur sur l’air extrait,

 

  • une captation passive, mais optimale, de l’énergie du soleil et du sol,

 

  • la limitation des consommations d’énergie des appareils ménagers.

 

L’outil de calcul des consommations d’une opération Passivhaus est le PHPP (Passiv Haus Planning Package), un applicatif sous Excel, développé et maintenu par le Passivhaus Institut de Darmstadt en Allemagne. Pour être certifié passif, un bâtiment doit afficher :

 

  • un besoin de chauffage maximal de 15 kWh/m².an,

 

  • un besoin de froid maximal de 15 kWh/m².an*0,3THG, où THG est l’intégrale de temps entre la température de point de rosée et une température de référence de 13°C, durant toutes les périodes où cette différence est positive,

 

  • une durée des périodes de surchauffe d’été < 5%,

 

  • une étanchéité à l’air n50 < 0,6-1*volume du bâtiment pendant une heure sous une dépression de 50 Pa,

 

  • une consommation d’énergie totale – tous usages confondus - ≤ 120 kWh/m².an d’énergie non-renouvelable ou ≤ 60 kWh/m².an d’énergie renouvelable.

 

 

 

Au dernier niveau du bâtiment est construite une maison à ossature bois avec une enviable terrasse. ©Kermarrec Promotion

 

Les valeurs clés à atteindre pour les exigences d'une certification passive

 

Par expérience, les concepteurs de bâtiments passifs sont parvenus à des valeurs clés, dont ils savent que le bâtiment doit les atteindre pour parvenir à respecter les exigences d’une certification passive :

 

  • Le plancher bas, les murs extérieurs en ITE (Isolation thermique par l’extérieur) pour éviter les ponts thermiques liés aux planchers et aux murs de refend, et les toitures, doivent afficher un coefficient de transmission thermique U < 0,15 W/m².K.

 

  • Les fenêtres doivent posséder d’excellentes performances avec un triple vitrage dont le coefficient global de transmission d’énergie du soleil g ≥ 50%, une valeur Ug globale < 0,6 W/m².K, les châssis des fenêtres auront une transmission thermique Uf < 1 W/m².K.

 

  • Pour éviter les surchauffes d’été, les fenêtres sont équipées de BSO (Brise-Soleil Orientables).

 

  • La ventilation double flux affiche un taux de récupération de chaleur sur l’air extrait > 80%.

 

  • Selon les projets, la production d’ECS (Eau Chaude Sanitaire) fait appel au solaire thermique, à des pompes à chaleur ou à de la récupération de chaleur sur les eaux grises.

 

Le Passif sans surcoût par rapport à la RT2012

 

Le BE Equipe Ingénierie s’est fait une spécialité de la maîtrise des coûts dans la construction passive. Il est même parvenu à construire un magasin de motos à moins de 600 €/m² au standard passif.

 

Sur les 17 projets passifs réalisés ou en études de Equipe Ingénierie, Souligne Tugdual Allain, seuls 7 projets faisaient l’objet d’une volonté du maître d’ouvrage de construire passif. Pour les 10 autres projets Equipe Ingénierie a prouvé avec les architectes qu’il était possible de rester dans le budget prévu tout en construisant suivant le standard passif. Le BE suit des réalisations passives en logement social, dont le coût de construction est de l’ordre de 1250 à 1300 € HT/m².

 

L’opération de Thorigné-Foulliard a été construite pour un coût de 1 580 € HT/m², qu’il faut ajouter au coût du foncier de 250 € HT/m² SHAB.

 

Les résultats du PHPP et du chantier

 

Avec ces principes constructifs, au terme du calcul PHPP pour l’opération de Thorigné-Fouillard, la surface prise en compte – SRE pour Surface de Référence Energétique – atteint 2158,7 m². Les besoins de chauffage culminent à 7,83 kWh/m².an. La puissance de chauffage installée est de 8,70 KW/m². La fréquence de surchauffe (>25°C) est nulle.

 

L’étanchéité à l’air atteint n50 = 0,6 volume/heure sous 50 Pa. Les concepteurs ont traité tous les points singuliers, ont formé les entreprises à la mise en œuvre de l’étanchéité à l’air et ont particulièrement suivi la mise en œuvre sur le chantier : jonction entre le bâti et la menuiserie, pénétration des fluides, etc.

 

En ce qui concerne la ventilation double flux, les concepteurs ont sélectionné une solution centralisée : un groupe double flux Zehnder ComfoAir XL 600, d’un débit de 2000 à 4000 m3/heure, est installé dans un local technique au sous-sol. Son taux de récupération de chaleur, certifié par le Passivhaus Institut atteint 85%.

 

Les bouches de soufflage comportent une résistance électrique, pilotée par une sonde de température dans le local desservi.

 

L’eau chaude sanitaire est produite par un ballon thermodynamique dans chaque logement, de manière à éviter les pertes d’une boucle de distribution collective.

 

La conception architecturale favorise l’éclairage naturel. Dans les circulations, l’éclairage est assuré par des luminaires à LEDs, couplés à une sonde de détection de présence et de luminosité lorsque la circulation a accès à l’éclairage naturel.

 

Des comptages d’eau froide, d’eau chaude et d’énergie sont prévus et permettront un suivi de toutes les consommations : électricité par poste, eau froide par logement, eau chaude par logement. Ces comptages doivent vérifier que les consommations prévisionnelles de niveau passif sont bien respectées en cours d'exploitation.

 

Un début encourageant

 

Mi-décembre 2020, le bâtiment sera bientôt hors d’air avec la fin de la pose des menuiseries PVC triple vitrage Hilzinger Zenit 76 (Ug = 0,6 W/m².K). Le bâtiment sera hors d’eau et hors d’air d’ici la fin de l’année.

 

Kermarrec Promotion s’est engagé dans cette opération sans connaissance préalable du Passif, mais solidement entouré par une agence d’architecture et un Bureau d'étude expert en la matière. Les 35 logements sont déjà vendus et le promoteur n’a noté aucune réticence du public, au contraire.

 

Il a donc décidé de répondre à plusieurs nouveaux appels d’offres en Passif.

 

Comparé à la RT2012, ce bâtiment est nettement plus performant. La RT2012 demande un Bbiomax de 66, le bâtiment atteint 18,4, soit Bbiomx-62%, alors que la future RE2020 demandera Bbiomax-30%. De même, le CEPmax RT2012 est de 66 kWh/m².an, tandis que le bâtiment affiche un CEP de 18,3 kWh/m².an seulement, dont 2,7 kWh/m².an pour le chauffage, 22,2 pour l’ECS, 10,8 pour les auxiliaires de ventilation (les ventilateurs du groupe double flux) et 4,1 kWh/m².an pour l’éclairage.

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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