Construction bas carbone : un cru 2019 qui reste insuffisant

Construction bas carbone : un cru 2019 qui reste insuffisant

Pour la quatrième année consécutive, la jeune Association BBCA a réuni son monde pour communiquer autour des 23 opérations labellisées cette année.




Légende : Le R+7 tertiaire WoodWork (à ne pas confondre avec Woodwork) à St-Denis, livrable en août 2020, atteint un niveau Performance en conception ©Nicolas Laisné-Dimitri Roussel

 

A l’aube d’une année 2020 en principe associée à la présentation d’une Réglementation environnementale censée prendre en compte la contribution d’une opération de construction aux émissions de gaz à effet de serre, L’Association BBCA peut se targuer de constater une montée en puissance de son label dédié.

 

De 15 opérations en 2016, 12 en 2017 et 13 en 2018, l’Association passe à 23 : 13 opérations tertiaires, 8 résidentiel en neuf, ainsi que 2 dans la nouvelle catégorie consacrée aux rénovations. Ce qui porte à 60 le nombre total d’opérations labellisées en quatre ans, un résultat plus qu’honorable, même si les compétiteurs HQE ou Effinergie restent loin devant.

 

 

Plus modestes (R+1), les bureaux homonymes Woodwork, livrables dans un an, affichent pour leur part un niveau optimal en conception (architecte : Urba Linea). ©Nacarat

 

Une excellence en attente de banalisation

 

Le label est attribué tantôt en phase conception, tantôt après livraison. Cette année, le ration conception/livraison s’équilibre presque. L’attribution d’un label pour une opération livrée est certes important pour montrer que le maître d’ouvrage est allé au bout de sa démarche.

 

Ainsi, les 48 logements du Passage Marie à St Ouen, qui faisaient partie du lot des opérations pilotes de BBCA en 2016, on atteint de stade de la livraison, tout comme une résidence étudiante à Champs-sur-Marne, ou l’immeuble de bureaux Enjoy à Paris.

 

Dans certains cas, on dispose désormais de référence labellisée en conception puis en réalisation atteignant alors le plus haut niveau, Excellence. On pense qu’il s’agit là de bâtiments particulièrement vertueux et précurseurs, mais en fait, il ne s’agit « que » de qui atteignent en gros une réduction de 500 kg de CO2 par m2 en comparaison avec une performance de référence de 1,5 tonnes, ce qui n’est rien d’autre que l’économie recherchée dans le cadre de la COP21.

 

Les 145 logements de l’immeuble sensations à Strasbourg (KOZ+ ASP), l’école maternelle du 90, Boulevard Auriol à Paris (LA + Desmichelle), deux références de la construction biosourcée, en sont. Mais aussi, en rénovation, les 102 logements remis à niveau par l’agence Lair et Roynette à St Just en Chaussée, trois bâtiments maçonnés parmi des dizaines d’autres où ce spécialiste intervient pour des rénovations énergétiques parfois couplées à des opérations de surélévation.

 

 

Le siège du bailleur Podeliha a opté pour des planchers CLT entre façade et noyaux minéraux, avec le plus haut niveau de réduction du carbone en conception ©Rolland et associés Architecte

 

Maigre bilan

 

Si l’on résume, à la veille du passage à l’année de la RE2020, deux bâtiments français, et guère plus, peuvent certifier cette année que selon les critères de l’Association BBCA, ils correspondent à ce que l’ensemble du Bâtiment français doit impérativement viser dans le cadre de l’accord de Paris.

 

Dans un cas, il s’agit d’une école maternelle en bois-paille à Paris. Dans l’autre, d’un programme de logements dont on sait déjà qu’il ne pourra plus être reconstruit comme tel, dès l’ors que l’arrêté du 7 août 2019 ne permet plus de laisser des panneaux CLT apparents dans le cas de logements de 3e ou 4e famille.

 

Certes, toutes les opérations vertueuses sont loin d’être labellisées, tandis que les labels concurrents ont pour leur part tenter de s’aligner ou de se rapprocher de la démarche BBCA pour leurs certifications les plus actuelles et les plus performantes.

 

Mais cela n’en reste pas moins un indice du retard que le Bâtiment français a pris dans ce qui apparaît comme une course-poursuite effrénée entre l’adaptation du monde de la construction et une dégradation accélérée qui risque de remettre en cause l’activité de construire.

 

 

La grande agence ferroviaire Arep teste deux micro-crèches de gare, pilotes, livrées avec un niveau BBCA Performance. ©Fabrizio Deandreis

 

Performance environnementale et engagement citoyen

 

Heureusement que la mouture 2019 a dévoilé également des opérations labellisées en phase conception. Dans quelques mois, les nouveaux bureaux R+1 de 750 m2 du constructeur bois Charpente Cénomane, à Requeil, seront pour ainsi dire les premiers bureaux garantis COP21 de France.

 

Cela n’étonne guère quand on sait que l’entreprise est en mesure depuis déjà un certain temps de calculer pour ses clients le bilan carbone de ses interventions. Il n’est pas étonnant que l’atelier NAO soit le concepteur, sachant que son équipe comprend l’ingénieur Jacques Anglade, précurseur de la construction zéro carbone en France, tout comme le bureau d’études Wigwam Conseil qui a porté le premier projet de résidence sociale E+C-, la résidence Helios pour Angers-Loire-Habitat.

 

Les 2450 m2 de bureaux Woodwork à Champs-sur-Marne devraient suivre en novembre 2020. Et puis il y aura, prévisionnellement en juin 2021, le nouveau siège social du bailleur Podelha à Angers, un ouvrage mixte R+5 qui se trouve être aussi l’un des plus gros marchés actuels en fourniture de panneaux CLT français Hexapli de PiveteauBois.

 

A noter que la performance « COP21 » ou BBCA Excellence n’est pas l’apanage de la construction bois, ni même des ouvrages mixtes. Ainsi, la Clinique soins-études FSEF – Vitry- le -François (51), conçue par Vallet Demartinis Architectes et livrée en avril 2020, a fait le choix du béton architectural.

 

 

Avec Olea, le tandem Atelier WOA / Vincent Lavergne Architecture Urbanisme va enfin pouvoir donner toute la mesure de son savoir-faire en matière de construction d’immeubles de logements en bois, version standing (à Pantin). ©Atelier WOA-Woodeum

 

Woodeum donne le ton

 

Côté logements, question compatibilité COP21, c’est le promoteur spécialisé bois et CLT Woodeum qui montre la voie. Les 31 logements en R+6 du Filao à Clichy (92) sont en instance de livraison (Architecte : Sylvie Solvet).

 

Deux bâtiments R+4 à R+6 avec 77 logements suivront d’ici le 3e trimestre 2021 (Architecte : Atelier WOA / Vincent Lavergne Architecture Urbanisme), sans oublier certains projets que Woodeum, plus présent que jamais dans la mouture 2019, a déjà fait valider en conception les années passées, comme l’opération Abelia à Bry-sur-Marne qui sort de terre actuellement.

 


Source : batirama.com / Jonas Tophoven

1 Commentaire
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  • par Totem-Cambium-même
  • 14/01/2020 15:25:49

Excellent article !

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