La nouvelle norme béton et l'artisan - Partie 1

La nouvelle norme béton et l'artisan - Partie 1

Depuis le 1er Janvier 2005, le béton dispose de nouvelles normes et d’un DTU révisé. Objectif : garantir une meilleure durabilité de l’ouvrage en béton. L’artisan se doit d’assimiler une nouvelle sémantique avec une grande rigueur.




 

Les règles du jeu concernant le matériau béton et sa mise en œuvre ont changé. En effet, le DTU 21, autrement dit le “DTU exécution des ouvrages en béton”, vient d’être révisé, afin d’être en adéquation avec la norme européenne NF EN 206-1 – Béton et de son annexe nationale.

 

La logique de moyens va progressivement laisser sa place à la logique de performances imposées par l’Europe, ce qui modifie considérablement un certain nombre de pratiques, mais clarifie les responsabilités du prescripteur, du producteur et de l’utilisateur et ce quel que soit le volume de béton !

 

La norme NF EN 206-1 s’applique au béton destiné aux structures coulées en place, aux structures préfabriquées…et ce depuis le 1er Janvier 2005. Le béton peut être du béton fabriqué sur chantier, du béton prêt-à-l’emploi ou du béton destiné à la préfabrication.

 

La première partie de cet article concerne le béton prêt-à-l’emploi, le thème du béton de chantier sera abordé dans une deuxième partie.

 

LE PAYSAGE NORMATIF CONCERNANT LE BÉTON, DEPUIS LE 20 AVRIL 2004, EST LE SUIVANT
Hier Aujourd'hui

Conception :

BAEL 91

Conception :

BAEL 91 puis bientôt Eurocode 2

Matériau béton :

- BPE : XP P 18-305

- Béton de chantier : NF P 18-201 (DTU 21)

Matériaux béton :

NF EN 206-1 (applicalbe le 1/01/2005

Mise en oeuvre :

- NF P 18-201 (DTU 21)

- Fascicule 65A

Mise en oeuvre :

- NF P 18-201 (DTU 21) de juin 2004

- Fascicule 65A en cours de révision

 

Les trois points à retenir

 

  1. La résistance du béton : la norme européenne introduit des nouvelles classes de résistances qui se substituent aux anciennes désignations B25, B30, etc. et qui sont devenues C25/30, C30/35… lesquelles désormais correspondent aux résistances mesurées sur cylindre pour la première valeur et sur cube pour la seconde.

 

Il ne faut pas perdre de vue que cette norme est européenne et que l’utilisation du cylindre 16 x 32 concurrence le cube de 100 mm chez d’autres partenaires européens. Pour quelques valeurs usuelles, la correspondance entre les anciennes et les nouvelles désignations est la suivante :

 

Anciennes désignations Nouvelles désignations
B12 C12/15
B16 C16/20
B20 C20/25
B25 C25/30
B30 C30/37

Les valeurs sont exprimées en MPa

 

  1. La consistance du béton : Si les classes de résistance évoluent, le norme NF EN 206-1 définit également deux exigences : les classes de consistance et les classes d’exposition (anciennement appelées classes d’environnement). Initialement, existaient 4 classes de consistance, à savoir : F : Ferme, P : Plastique, TP : Très Plastique, Fl : Fluide.

 

Désormais, il existe 5 classes de consistance : S1, S2, S3, S4, S5 (S pour slump). L’équivalence entre les nouvelles et les anciennes classes de consistance est précisée dans le tableau ci-contre. Les bétons autoplaçants (verticaux ou horizontaux), de rhéologie hyperfluide et utilisés pour des semelles filantes, des planchers ou des dallages ont une consistance qui se mesure en France, au moyen de l’essai d’étalement.

 

La norme européenne distingue 6 classes d’étalement : F1, F2, F3, F4, F5 et F6. Les diamètres des galettes sont détaillées dans le tableau ci-dessous.

 

CLASSEMENT DES CONSISTANCES
Classes de consistance NF EN 206-1 Affaissement au cône d'Abrams (mm) Anciennes classes de consistance
S1 10-40 F
S2 50-90 P
S3 100-150 TP
S4 160-210 F1
S5 ≥  220  

 

DIAMÈTRE DES GALETTES
Classe d'étalement NF EN 206-1 Diamètre de la galette (mm)
F1 ≥  340
F2 de 350 à 410
F3 de 420 à 480
F4 de 490 à 550
F5 de 560 à 620
F6 ≥  630



 

  1. La classe d’exposition du béton 

    : Une meilleure durabilité de l’ouvrage en béton passe inéluctablement par une meilleure adaptation du béton aux agressions dont il risque d’être l’objet. Dans la précédente norme BPE, il était question de classes d’environnement ; désormais la nouvelle norme considère des classes d’exposition.


Ces classes d’exposition sont au nombre de 6, alors que la précédente norme en définissait 5. Les risques de corrosion des armatures, de gel/dégel ou d’agressivité chimique sont les trois risques principaux.
 

  • Vis-à-vis du risque de corrosion des armatures induit par carbonatation du béton

    , la norme européenne distingue deux classes d’exposition.

 

CLASSEMENT D'EXPOSITION VIS-À-VIS DU RISQUE DE CARBONATION
Classe d'exposition NF EN 206-1 Type d'environnement Exemple
XO Très sec

Béton non armé

XC1 ou XC2 16/06-514

Humide, rarement sec

Fondations superficielles courantes

Voiles extérieurs protégés de l'humidité

 

  • Vis-à-vis de l’attaque au gel/dégel avec ou sans agent de déverglaçage

    , les classes d’environnement, 2a,2b1 et2b2 disparaissent au profit des nouvelles classes XF1, XF2, XF3 et XF4. Une carte de France des zones de gel/dégel ainsi que les cantons concernés sont proposés dans le fascicule FD P 18-326 (voire carte de France).


En ce qui concerne le risque d’agressivité chimique (exemple une fumière), la norme précédente proposait la classe 5, avec 3 sous-classes 5a, 5b et 5c, désormais les sous-classes XA1, XA2 et XA3 se substituent aux précédentes.

Nous attirons l’attention de l’entrepreneur sur sa responsabilité du point de vue du choix de la sous-classe. A lui d’exiger de son maître d’ouvrage ou de son maître d’œuvre des informations précises, afin qu’il puisse faire le bon choix. A défaut, les techniciens du BPE sont là pour l’aider, mais le choix final et la responsabilité li incombent totalement.

Deux autres classes complètent les clases précédentes : la classe XD et la classe XS.

    a.    La classe XD concerne les environnements riches en chlorures non marins comme les piscines.
    b.    La classe XS intéresse, quand à elle, les environnements de bords de mer.

Du point de vue des produits du béton prêt-à-l’emploi, les BCN (béton à la résistance) et les BCS (bétons au dosage) n’existent plus et sont remplacés par les BPS (Béton à Propriétés Spécifiées) et par les BCP (Béton à Composition Prescrite). Toutefois, l’industrie du BPE proposera essentiellement des BPS.

 

 

Solution n° 1 : Fondations superficielles d’une maison individuelle

 

 

  1. Coulage de semelle filante en béton autoplaçant



Certains fabricants, comme Lafarge Béton, proposent un béton adapté à cette problématique, à savoir un béton autoplaçant (donc hyperfluide) associé à des fibres métalliques.

 

Ce produit est sous AT (Avis technique) car il ne s’agit pas d’une technique traditionnelle, il est donc fondamental de respecter les recommandations d’utilisation et éventuellement se rapprocher des techniciens du groupe.

 

Les bétons de grande fluidité et selon la norme NF RN 206-1 ont une consistance S5 (mesurée au cône d’Abrams) ou F6 (mesurée à l’essai d’étalement). Comme pour tout béton, la consistance est sous la responsabilité du producteur, par conséquent aucun d’ajout d’eau ne doit être accepté par l’artisan.

Avantages :

gain de temps, rentabilité indiscutable, réduction de la pénibilité et suppression des armatures.

Inconvénients :

limitation d’utilisation à des zones non sismiques (AT 1/01-777).

 

Pour en savoir plus

 

Recommandations de mise en œuvre des BAP et des BAN
SEBTP 6-14 rue La Pérouse
75784 Paris Cedex 16




 

Solution n°2 : Dalle de compression d’un plancher

 

 

Le béton autoplaçant (consistance S5 ou F6) et de classe d’exposition minimale XC1 constitue, très certainement, un partenaire idéal pour l’artisan. L’hyperfluidité du béton autoplaçant assure un gain de temps à l’artisan tout en lui garantissant une qualité optimale…mais encore doit il respecter un certain nombre de règles élémentaires, mais fondamentales.

 

Concernant les dalles de compression, il est indispensable de fixer convenablement le ferraillage, les gaines de câbles, ainsi que tout élément destiné à être noyé dans le béton et de colmater tous les orifices supérieurs à 2 mm ; par ailleurs, et avant coulage, une préhumidification sans excès s’impose.

 

Le coulage peut être réalisé à la pompe avec flèche ou au moyen de tapis, voire à la benne et l’étalement et le lissage du béton s’effectuant au râteau et à la barre de répartition suivant deux directions perpendiculaires. Si une dalle de compression exige une planéité parfaite, il faut préciser que l’autonivellance du produit n’est pas compatible avec la réalisation des terrasses pentues.

 

Un produit de cure devra être appliqué, à l’avancement, après le deuxième passage de la barre. Son objectif : éviter l’évaporation trop rapide de l’eau excédentaire du béton, responsable de fissures. Quelles que soient les conditions atmosphériques, la cure est une opération qui doit être systématisée.

 

Avantages :

gain de temps et de pénibilité

Inconvénients :

la grande fluidité du produit peut occasionner des fuites.

 

 

Solution n°3 : Réalisation d’une aire de stockage agricole

 

Très fortement sollicités aussi bien du point de vue mécanique que chimique, ces ouvrages sont paradoxalement très techniques. Destinés à stocker du lisier ou du fumier, ils doivent avoir une épaisseur minimale de 15 cm en béton comportant deux nappes de TS de 150 x 150 (bas et haut) en fil de 8 mm, avec un enrobage de 4 cm.

 

Le dallage doit être pentu de 2 à 4% afin de permettre l’écoulement des jus vers un caniveau de récupération. Classiquement et conformément à la norme XP P 18-305, la classe d’environnement était de 5b, le dosage minimale en ciment ES ou en liant équivalent de 350 kg/m3 et pour une consistance plastique. Cette spécification correspondant à une agressivité moyenne est conforme au cahier des prescriptions techniques du ministère de l’Agriculture (circulaire DEPSE/SDEEA n° C95/7028).

 

Toutefois, il est nécessaire de rappeler que certains jus ont des pH très acides et nécessitent des spécifications plus sévères. Du point de vue de la norme NF EN 206-1, la classe d’exposition correspondant à une agression chimique est la classe XA, avec trois sous-classes XA1, XA2 et XA3.

 

La classe d’agressivité moyenne XA2 autorise des pH ³ à 4.5 et la classe XA3 ne permet d’atteindre que des pH > à 4. pour des pH plus petits (cas fréquents), la solution “béton seul” n’est pas autorisée, il y a donc lieu de protéger l’épiderme en contact avec les jus au moyen d’une protection de surface de type résine ou autre.

 

A signaler la formulation d’Agilia Forme de Lafarge Bétons qui est parfaitement adaptée aux exigences des constructions agricoles.

 

LES CLASSES D'EXPOSITION ET QUELQUES APPLICATIONS

XO

Béton non armé ne subissant aucune agression

XC1

XC2

Béton de fondation superficielles (sur sol non agressif)

Béton protégé de l'humidité

XF1

Béton non protégé soumis à du gel faible ou modéré

XF2

Béton non protégé soumis à du gel faible ou modéré + sels de déverglaçage

XF3

Béton non protégé soumis à du gel sévère

XF4

Béton non protégé soumis à du gel sévère + sels de déverglaçage

XS1

Béton soumis à l'air marin (frange de 1 km/mer)

XD2

Radier de piscine

XA1

XA2

XA3

Fondations soumises à agression chimique ou milieu agroalimentaire

 

  1. Il s'agit d'un BPS, Béton à Propriétés Spécifiées (béton à la résistance), anciennement dénommé BCN.
  2. La classe d'exposition est XF1 (voile extérieur non protégé), anciennement 2b1 BA.
  3. La classe de résistance est C25/30 ou ex B25.
  4. La classe de consistance est S4 (béton fluide) ou Très Plastique, au sens des anciennes appellations.
  5. Une attention particulière est portée sur les éventuels ajouts, notamment d'eau, qui rendent le béton non conforme à la norme.

 

Pour en savoir plus

 

Syndicat National du béton prêt-à-l’emploi
3, rue Alfred Roll
75849 Paris Cedex 17

 

Tous les documents cités dans le présent article sont disponibles auprès de l’AFNOR, Tél. : 01 41 62 80 00 ou commande en ligne à www.afnor.fr

 

 

Source : batirama.com / Hubert Kœnig

3 Commentaires
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  • par guitoulabricole29600
  • 10/07/2015 12:37:13

Bien expliqué.

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  • par BATIGUA ANTILLES
  • 21/01/2013 18:48:42

MON BÉTON LONGRINE BA EST COULER A 350KG ,JE VOULAIS SAVOIR SI JE RESPECTE LES REGLES?

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  • par meneo
  • 19/01/2013 12:38:52

Bonjour, Dans le paragraphe 2 de la solution n°2 de la page 1 de la "nouvelle norme béton et l'artisan" vous évoquez la possibilité de passez les gaines techniques dans une dalle de compression : "Concernant les dalles de compression, il est indispensable de fixer convenablement le ferraillage, les gaines de câbles, ainsi que tout élément destiné à être noyé dans le béton". Hors il me semblait que cela été interdit par la dtu 23, en tout cas il est précisé que cela nécessite un enrobage de la gaine avec un minimum de 4 cm de béton , ce qui ne peut être le cas avec une dalle de compression. Y aurait il une subtilité que je n'aurais pas saisi? Cordialement,

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