Le 22e Congrès International PassivHaus met le cap sur le logement social

Le 22e Congrès International PassivHaus met le cap sur le logement social

Construire passif n’est guère plus cher et réduit drastiquement les charges annuelles comme le démontrent les premiers intervenants du 22e congrès Passivhaus.




Le 22e congrès international Passivhaus a ouvert vendredi 9 mars matin à Munich. Lors de la session d’introduction dans la matinée, les deux communications principales, celles du Professeur Wolfgang Feist, fondateur du Passivhaus Institut et Professeur à l’Université d’Innsbruck, et celle de Frank Junker, Président de ABG Frankfurt Holding, portaient sur l’intérêt de construire au standard Passivhaus en logement social.

 

Leur discours est simple. Premièrement, le Passif n’est que 3 à 5% plus cher à construire que le niveau règlementaire allemand. Deuxièmement, un bâtiment Passif, particulièrement en logement, génère des coûts d’exploitation très réduits.

 

 

 

Selon Wolfgang Feist, en logement social, un bâtiment neuf Passif conduit à une réduction des consommations de 45 kWh/m².an, par rapport à un bâtiment simplement conforme à la réglementation allemande. Il requiert un surinvestissement de 83 €/m². ©PP

 

Le Passif, c’est à peine plus cher à l’investissement

 

Comme l’a rappelé Wolfgand Feist, par rapport à un bâtiment neuf réglementaire, 4 éléments sont nécessairement différents pour parvenir au passif : une surisolation des parois opaques, une meilleure qualité des ouvrants (portes et fenêtres), un traitement des ponts thermiques, une excellente étanchéité à l’air de l’enveloppe et une ventilation double flux avec récupération de chaleur. Ces quatre améliorations entraînent des investissements supplémentaires.

 

Mais elles conduisent aussi à une moins-value dans les systèmes de chauffage. En effet, les déperditions étant fortement réduites, les puissances nécessaires pour les émetteurs et les générateurs sont minorées par rapport à un logement classique. Les autres éléments du bâtiment – structure, toiture, aménagements intérieurs, installation électrique, etc. – demeurent identiques à ceux d’un bâtiment simplement réglementaire.

 

Wolfgang Feist s’est livré à une analyse du cycle de vie d’un bâtiment social au standard passif, situé en climat continental tempéré, pendant 25 ans, en retenant un taux d’actualisation de 2 % par an et en structurant les coûts comme le prescrit la norme allemande BINE 2017. Il a retenu une isolation thermique par l’extérieur en laine de roche, qui assure protection thermique et une protection contre la propagation du feu en même temps.

 

Conclusions, pour un logement social de 100 m² dans un bâtiment de 30 logements, le surcoût de construction du passif est environ de 83 € HT/m². Ce surcoût varie en fonction de la taille des bâtiments. Wolfgang Feist estime qu’il atteint 100 €/m² pour un bâtiment de trois niveaux avec deux logements par niveau, mais descend à 50 €/m² pour un bâtiment de 6 niveaux avec 10 logements par niveaux.

 

 

 

Pour atteindre le niveau Passif, une isolation thermique par l’extérieur de 17 à 20 cm de laine de roche suffit. Elle assure en même temps une protection contre la propagation du feu en façade. Partout en Europe, les acteurs du bâtiment garderont longtemps en mémoire la tragédie de la Tour Grenfell à Londres. ©PP

 

Le passif, ça ne coûte rien (ou presque) en exploitation

 

Une fois construit, continue Wolfgang Feist, ce bâtiment passif entraîne des consommations d’énergie pour le chauffage de seulement 15 kWhEP/m².an. Soit un coût de chauffage d’environ 120 €/an pour un logement d’une centaine de m². Les résultats sont similaires en rénovation.

 

L’exemple le plus frappant en rénovation est un bâtiment de 60 logements construit peu après la fin de la seconde guerre mondiale à Francfort dans la Tevestrasse. Il a été rénové au standard Passivhaus en 2006 par ABGFrankfurt Holding, une entreprise propriété de la ville de Francfort et consacrée la construction, à la rénovation et à la gestion de logements collectifs. C’est un spécialiste reconnu des bâtiments passifs depuis 15 ans.

 

Dans la rénovation de Tevestrasse, la consommation d’énergie pour le chauffage, l’eau chaude et la ventilation est passée de 200 kWhEP/m².an à 18 kWhEP/m².an. En 2008, après rénovation, le coût d’exploitation chauffage + ECS + ventilation pour une famille de 4 personnes dans un appartement de 120 m² était descendu à 8 € TTC/mois. Ce qui respecte pleinement la promesse : performance énergétique = faible coût d’exploitation.

 

 

 

Voici les surcoûts du Passif en logement social pour un appartement de 100 m² : isolation thermique 25 €/m², fenêtres et portes 21 €/m², traitement des ponts thermiques 2 €/m², étanchéité à l’air 3 €/m², Ventilation 40 €/m². Il y a une moins-value de 8 €/m² pour l’installation de chauffage. Ce qui donne un surcoût net de 83 €/m². ©PP

 

Moins de 1 €/m² par an pour le chauffage

 

ABG obtient des résultats similaires en construction neuve. D’ailleurs ABG ne construit plus qu’au standard Passivhaus. Dans son opération de logements neufs dans Gempstrasse, une famille dans un 107 m² avec 4 chambres, dépense en moyenne 60 € TTC/an pour le chauffage, soit 56 c€ TTC/m².an, largement moins d’un Euro/m².an.

 

Le Passif a d’autres avantages. La ventilation double-flux en continu assure un excellent confort et supprime tout risque d’apparition de condensation dans les logements. Ce qui protège le bâti contre la source de dégradations la plus courantes.

 

 

 

Bilan des coûts de construction à Munich pour du logement social dans des bâtiments raccordés au chauffage urbain : 1950 €/m² pour un bâtiment seulement réglementaire, 2000 €/m² pour un bâtiment performant et 2100 € pour un bâtiment passif. ©PP

 

ABG Frankfurt Holding ne construit que du Passif et s’attaque au BEPOS

 

En 2016, ABG a lancé la construction de son premier bâtiment à énergie positive avec Aktiv-Stadthaus, conçu par l’architecte Manfred Hegger dans le Weshafens au centre de Francfort. Le standard Passivhaus est toujours de rigueur, mais le Maître d’Ouvrage ajoute des panneaux photovoltaïques. Aktiv-Stadhaus portera 1000 panneaux PV en toiture et 330 en façade.

 

L’installation est complétée par un stockage d’électricité de 210 kWh sous forme de batteries Li-Ion. Du coup, Aktiv-Stadhaus est un bâtiment BEPOS et à très faible coût d’exploitation. Au point que ABG ne sépare plus le montant des charges – chauffage + ventilation + production d’eau chaude – de celui du loyer.

 

Il loue les logements d’Aktiv-Stadhaus pour un montant forfaitaire de 12,75 à 14,40 €/m².mois en étage courant et de 15,30 €/m².mois pour l’étage penthouse, charges comprises. De plus les occupants d’Aktiv-Stadhaus bénéficient de 1800 à 2500 kWh.an d’électricité gratuit issu de l’installation PV et autoconsommé.

 

 

 

Le bâtiment Aktiv-Stadhaus porte 1000 modules PV en toiture, 330 en façade et abrite un stockage d’électricité de 160 kWh (Lithium-Fer-Phosphate) pour maximiser l’auto-consommation de l’électricité photovoltaïque produite sur site. Dans chaque logement, des compteurs intelligents indiquent l’énergie consommée, l’énergie disponible dans le stockage et optimisent l’auto-consommation dans le but de diminuer la facture d’électricité pour chaque logement.

 

 


 


Source : batirama.com/ Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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