ExpoBiogaz (1) : la filière s'installe dans le paysage

ExpoBiogaz (1) : la filière s'installe dans le paysage

Durant deux jours, le salon ExpoBiogaz à Strasbourg fait le point annuel sur cette filière en plein développement.




Le biogaz sort de l’ombre pour arriver sous les feux de l’actualité. Après une année marquée par la création du Comité biogaz, la loi de transition énergétique et la programmation pluriannuelle des énergies, la filière biogaz poursuit un chemin désormais moins chaotique.

 

C’est du moins ce qui devrait être mis en évidence par le quatrième salon ExpoBiogaz qui a ouvert ses portes aujourd’hui à Strasbourg. Alors que cette industrie s’est déjà largement développée en Allemagne, son savoir-faire s’importe et s’impose en France.

 

En quoi consiste la production de Biogaz ? Tout simplement à rassembler des matières fermentescibles – des déchets agricoles, alimentaires, industriels de station d’épuration… – à leur faire produire dans un méthaniseur le gaz – du CH4, du CO2, mais aussi de l’H2S – qu’ils produiraient naturellement s’ils se dégradaient naturellement, à récupérer essentiellement le CH4, le méthane, pour l’utiliser.

 

 

  1. L'unité de méthanisation Méthavos du Sydeme de Sarreguemines (67). 120 sites de méthanisation devraient être installés d'ici 2020. © site Methavos 1 / Methavos - Sydeme

 

Vers une économie circulaire

 

Plusieurs débouchés existent : produire de l’électricité à l’aide d’un groupe électrogène ou réinjecter le méthane dans le réseau de gaz naturel… après épuration et mise aux normes de GrDF.

 

Si cette présentation schématique n’a rien de nouveau, la structuration de cette filière en France ne présente pas le profil d’une sinécure. En particulier, l’injection. Elle est désormais portée par GrDF qui a bien perçu le moyen de faire basculer son image de distributeur de combustible fossile – le gaz dit naturel – à celui de vecteur de “gaz renouvelé” et d’acteur d’une économie circulaire.

 

Il s’agit pourtant d’une révolution pour cette entreprise. Avant les années 2000, les gestionnaires de la décharge de Graulhet, dans le Tarn, avait imaginé injecter le gaz émis par les déchets ménagers ; le bras de fer a duré des années.

 

1 400 sites de production à moyen terme en France

 

Sur les brisées des perspectives produites par les militants de négaWatt en 2011, le biogaz a désormais convaincu de son intérêt pour le transport – les constructeurs de poids lourds recourent au GNV pour tenir les engagements de réduction de pollution et répondre aux consignes de l’Euro 6 – et le bâtiment – chauffage, production d’eau chaude sanitaire, cuisson.

 

Déjà, les pouvoirs publics ont posé depuis plusieurs années l’objectif de disposer de 1 400 sites de production de biogaz à moyen terme en France.

 

Dans leur rapport 2015, les acteurs du gaz renouvelable (GrDF, le SER, GRT Gaz, SPEGNN et TIGF) indiquent que 17 points d’injection étaient en service à la fin de l’an passé : l’injection de gaz renouvelables dans les réseaux est passé de 30 GWh en 2014 à 82 GWh en 2015.

 

 

  1. Les quatre temps de la filière biogaz. Chacun porte un potentiel de développement et d'emploi.

 

10 % de biogaz dans les réseaux en 2030

 

Surtout, quelque 200 projets sont « dans les tuyaux », soit 3 866 GWh annuel. L’équivalent de la consommation de 320 000 abonnés au gaz.

 

Le rythme de montage des sites de production est à l’avenant. 120 projets devraient se réaliser d’ici 2020, dont un tiers seulement sera consacré à l’injection ; mais ils produiront deux tiers de la puissance énergétique mise à disposition.

 

Pour sa part, la programmation pluriannuelle de l’énergie mise sur pied après la publication de la loi de transition énergétique prévoit 10 % de biogaz dans les réseaux en 2030. Soit 30 TWh de biométhane dans les réseaux de gaz ; ce qui équivaut à la consommation de 2,5 millions de clients des fournisseurs de gaz. Les paliers intermédiaires sont déjà dans les esprits : 4 TWh injectés en 2020, 6 à 8 TWh en 2023.

 

Un potentiel d’activité et d'emploi

 

Le dynamisme de cette industrie tient à son évolution globale. À la faveur du développement en Scandinavie – depuis près de 20 ans – et plus récemment en Allemagne, les acteurs bénéficient d'équipements technologiquement matures.

 

À ce titre, les difficultés rencontrées par les investisseurs tiennent plus à la conception ad-hoc des installations, au montage financier, à l'acceptation du projet par le voisinage qu'au défi technique.

 

Par ailleurs, ces premières expériences ont conduit à copier des montages économiques éprouvées.

 

C'est en particulier ce qui a aidé et présidé à la rédaction, en 2011, des textes réglementaires sur les modalités de rachat du gaz de site de méthanisation. Le tarif de rachat est de 45 à 95 €/MWh selon le site, modulé de primes selon le type d'intrant.

 

 

  1. Le potentiel technique à l'horizon 2050 permettrait d'atteindre un volume de production de 400 à 550 TWh de biométhane. De quoi couvrir les besoins actuels des consommateurs de gaz d'origine fossile.

 

Une filière mal évaluée dans le Bâtiment ?

 

Surtout, le gisement de matières à traiter est réellement important. Aujourd'hui, les intrants issus des collectivités – déchets ménagers et boues de stations d'épuration – sont majoritaires ; mais les fumiers, lisiers et déchets de cultures constituent en réalité 80 % des produits méthanisables, selon l'Ademe. Le secteur agricole dispose d'un potentiel considérable.

 

En termes d'emplois, le Club Biogaz de l'ATEE établit à 10 000 le nombre de postes de travail qui seraient créés pour le montage des sites, et à 5 000 celui dédié à leur entretien et leur maintenance.

 

Dans le secteur du bâtiment, étonnamment, cette filière semble regardée avec distance. Pourtant, elle devrait interpeller les installateurs, notamment quant à l'adaptation des générateurs à ce nouveau combustible.

 

Cependant, une major de la construction semble avoir compris le potentiel de la méthanisation : elle prépare, pour les années 2025-2030, un immeuble qui disposerait de sa propre unité de production de biogaz, en pied d'immeuble, à partir des effluents des résidents. Le point dur à traiter est évidemment la sécurité du site qui, en l'état actuel de la réglementation, serait classé ICPE-Sévéso.

 

 


Source : batirama.com / Bernard Reinteau

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