Le décret traçant la stratégie énergétique de la France est en tête des priorités du ministre de l'Énergie et de celles du Premier ministre, ainsi que l'a affirmé le ministre de l'Économie Roland Lescure, au sujet de ce texte sensible qui déchire la classe politique.
"La programmation pluriannuelle de l'énergie, elle est au sommet de la pile du ministre de l'Énergie, elle est aussi au sommet de la pile du Premier ministre" Sébastien Lecornu, a assuré à la presse le ministre de l'Économie et des Finances, également chargé de l'énergie, lors d'un déplacement au salon du nucléaire civil près de Paris.
La programmation énergétique de la France, dite PPE3, qui a déjà plus de deux ans de retard, semble être le cadeau empoisonné que chaque ministre lègue à son successeur, et qui n'en finit donc pas de se faire attendre. Mais le Roland Lescure se veut rassurant : "on est en train de travailler, j'ai repris le crayon il y a maintenant trois semaines pour faire atterrir tout ça". "On va rencontrer les parlementaires qui ont beaucoup travaillé là-dessus et on va vous revenir très vite avec une programmation pluriannuelle de l'énergie qui [...] va permettre de lancer les grands projets dont on a tant besoin", a encore précisé le ministre. Nous voilà donc rassurés.
Le gouvernement précédent avait promis de publier le décret de la PPE3 d'ici à la "fin de l'été", avant finalement de renoncer. Le Premier ministre de l'époque François Bayrou, alors sous menace d'une censure du Rassemblement national, avait expliqué début août avoir retardé la publication "pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires" avec les partis et les groupes parlementaires.
Le texte avait donné lieu à des débats enflammés dans la classe politique au printemps entre pronucléaires et partisans des renouvelables, lors de l'examen d'une proposition de loi elle aussi consacrée à la programmation énergétique.
La PPE3 fixe la feuille de route énergétique de la France sur dix ans pour sortir des énergies fossiles et atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce à une relance massive du nucléaire combinée au développement des renouvelables.
Initialement, le gouvernement avait prévu de présenter sa stratégie énergétique dans un projet de loi pour début 2024, avant finalement d'opter pour la voie réglementaire devant la "guerre de religion" opposant pro-renouvelables et pro-nucléaire, comme l'avait admis à l'époque le ministère de l'Énergie alors dirigé par Roland Lescure lors de son précédent passage à Bercy.
Mais aujourd'hui, "la guerre des religions est terminée", a martelé le ministre. "On a besoin d'engager des grands projets dans le nucléaire, dans l'éolien offshore" et "de continuer sur la dynamique des énergies renouvelables" a-t-il insisté.