Réunies au salon Rénodays, qui s’est tenu à Paris Porte de Versailles les 7 et 8 cctobre 2025, les principales organisations professionnelles de la filière du bâtiment – CAPEB, FFB, Uniclima et Coédis (la fédération des distributeurs) – ont exprimé leur ras-le-bol. Elles s’accordent sur le diagnostic.
Premièrement, les mesures de soutien à la rénovation énergétique des bâtiments changent trop souvent, ce que ne permet pas aux acteurs – artisans, entreprises, BE, architectes, … – de s’en emparer utilement. Deuxièmement, ces changements donnent trop souvent des signaux négatifs aux ménages. Lorsque, par exemple, on retire les fenêtres ou l’isolation thermique des murs, tant intérieure qu’extérieure, des gestes aidés, cela revient à dire aux ménages que ce ne sont pas des mesures efficaces. Troisièmement, certaines décisions initialement bien parties aboutissent à des mesures absurdes. José Prétot, président de Coédis, a pris l’exemple de la TVA réduite sur le photovoltaïque. Descendre la TVA à 5,5 % sur les panneaux photovoltaïques et leur installation dans les logements était une bonne idée pour relancer l’activité. Malheureusement, cette mesure qui s’applique depuis le 1er octobre pour les installations d’une puissance inférieure ou égale à 9 kWc est assortie de restrictions telles – les panneaux doivent avoir une faible empreinte carbone (inférieure à 530 kgCO2eq/ kWc) et la teneur en métaux lourds doit être nulle ou faible : argent (inférieur à 14 mg/W), plomb (inférieur à 0,1 %) et cadmium (inférieur à 0,01 %) – que seules deux marques de panneaux sur le marché français y répondent. Ce qui ne va pas du tout relancer le marché du PV en logement.
Bref, ils en ont marre, mais ils sont déterminés à proposer quelques mesures simples, dès qu’ils disposeront d’un interlocuteur côté gouvernement. Oui, la vacance actuelle ne facilite rien. Tous regrettent d’ailleurs que Valérie Létard ait jeté l’éponge : elle était appréciée des organisations professionnelles pour son écoute et sa détermination en faveur du monde du logement.
De droite à gauche, Stanislas Lacroix, président d’Uniclima, Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, l’animatrice de l’évènement, Olivier Salleron, président de la FFB, José Prétot, président de Coédis, sont tombés d’accord ou presque sur le diagnostic à propose des dispositifs d’aide à la rénovation et ont proposé un petit nombre de mesures simples. © PP
Première chose, tout le monde préfère un ensemble de mesures, mêmes imparfaites, mais qui durent dans le temps, au moins cinq à dix ans, par exemple : vite un cierge à Saint-Rita, préposée aux causes désespérées. Olivier Salleron, président de la FFB, a rappelé que MaPrimeRénov’ a été modifiée 16 fois depuis 2020.
Deuxièmement, tous concèdent qu’il faut aboutir à une rénovation globale du parc de logement français d’ici 2050, mais ils contestent l’idée que mettre l’accent presque exclusivement sur la rénovation globale dans les financements par MaPrimeRénov’ soit le meilleur moyen d’y parvenir. Jean-Christophe Repon, le président de la CAPEB, a souligné qu’a fin juin 2025, 500 M€ avaient été alloués aux monogestes, contre 2,6 Md€ à la rénovation globale. Ce qui ne permet pas de massifier la rénovation.
Les quatre organisations plaident plutôt pour la création d’un parcours de rénovation par étape, mais attention : intelligent et bien conçu (le MAR est clairement visé). Ce parcours par étape est, selon elles, à la fois logique et répond aux attentes des ménages. Réorienter l’enveloppe, souligne Olivier Salleron, mais conserver une enveloppe tout de même. La trop forte réduction ou la disparition des aides publiques seraient préjudiciables.
Jean-Christophe Repon a répété, dans un plus grand désert que d’habitude faute d’interlocuteurs gouvernementaux, la revendication ancienne et parfaitement logique de la CAPEB : la qualification RGE doit aussi être obtenue par la valorisation de l’expérience sur chantier et pas seulement par de coûteuses et complexes démarches administratives. Ce qui permettrait de multiplier le nombre d’entreprises de moins de 10 salariés titulaires du RGE comme de faciliter leur accès au marché de la rénovation.
Stanislas Lacroix, président d’Uniclima, a souligné que Renodays était l’occasion de réunir la filière concernée par la rénovation et offrait un forum, une caisse de résonnance pour porter les revendications des organisations professionnelles. Il s’est au passage félicité que les bonus de CEE sur les pompes à chaleur soient réservés aux pompes à chaleur fabriquées en Europe et en majorité à partir de composants européens à partir de 2026.
De droite à gauche, Olivier Salleron, président de la FFB, Etienne Crépon, président du conseil d’administration du CSTB, Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, Philippe Rozier, directeur général de l’AQC, Nicolas Prudhomme, directeur de la Maîtrise d’Ouvrage et des politiques patrimoniales à l’USH, Philippe Gruat, président de l’AIMCC et Christophe Delcamp, directeur de la direction Assurances de Dommages et de Responsabilité de France Assureurs, ont signé la charte du programme Ambre le 7 octobre 2025 au salon Rénodays. © PP
L’activité continue malgré tout. Une partie des mêmes organisations – CAPEB et FFB, plus d’autres (Union Sociale pour l’Habitat (USH), l’Association des Industries de Produits de Construction (AIMCC), France Assureur et l’Agence Qualité Construction) – ont profité de Renodays pour lancer le programme AMBRE : Agir et Mobiliser pour Bâtier et Renover avec le REemploi.
À leurs côtés au sein de AMBRE, le CSTB bénéficie du statut d’invité permanent au sein du Comité de Pilotage du programme AMBRE. La durée du programme est évaluée à quatre ans. Il s’agira de :
– capitaliser, valoriser et exploiter les retours d’expérience ;
– Fiabiliser et de sécuriser les pratiques professionnelles ;
– Massifier, vulgariser et diffuser les bonnes pratiques.
L’une des grosses difficultés du réemploi, en construction et en rénovation, est le fait que la mise en œuvre de produits et matériaux de réemploi relève de la technique non-courante. Ce qui rend compliquées les questions d’assurabilité. Le réemploi n’est en effet pas couvert pour l’instant par les polices d’assurance construction de base – décennale, dommages d’ouvrage, etc. – et reste considéré comme une technique non-courante : performances des matériaux et produits, assurabilité, etc. Certaines filières se sont déjà organisées. La filière acier a publié en 2024, le premier référentiel de réemploi en France, accepté par la Commission Prévention Produits (C2P) de l’AQC, il permet la reconnaissance en technique courante des éléments structuraux en acier de réemploi couverts par cette recommandation professionnelle. À travers son projet SPIROU (Sécuriser les Pratiques Innovantes de Réemploi via une Offre Unifiée), le CSTB a publié en 2024 dix notes méthodologiques de diagnostic et d’évaluation des performances des matériaux de réemploi.