Le Gradient à Annemasse : trois bâtiments Minergie P au coût d’exploitation très faible

Le premier bâtiment de la résidence Le Gradient à Annemasse certifié Minergie P. Trois bâtiments et 144 logements seront construits. © PP

100 €/an pour le chauffage, l’eau chaude, la ventilation et la maintenance des équipements d’un appartement neuf de 70 m², construit au standard Minergie P. C’est la promesse des frères Philippe et Thierry Dentand.




Issus d’une famille active dans le bâtiment depuis 80 ans, les frères Philippe et Thierry Dentand ont créé la SCCV La Chimère et se sont lancé dans la construction de trois bâtiments neufs, totalisant 144 logements. Mais voilà, les frères Dentand, qui se définissent plus comme des constructeurs que comme des promoteurs – l’expression promoteur-constructeur leur a plu – voulaient construire durable et avec une consommation d’énergie la plus faible possible. Comme ils connaissent bien le marché suisse, tout proche d’Annemasse, ils ont décidé d’obtenir la certification suisse Minergie P, parmi les diverses certifications Minergie existantes.

 

Comme le demande le standard Minergie P, tous les ponts thermiques du bâtiment ont été traités. Ceux des balcons sont compensés par des rupteurs de ponts thermiques Schöck qui ont poussé les concepteurs à ajouter des piliers en avant des balcons pour reprendre l’effort en cisaillement affaibli par les rupteurs. © PP

 

 

Le standard Minergie P

Par rapport à la certification Minergie de base, le standard Minergie P améliore nettement l’enveloppe, réduit les déperditions thermiques, traite les ponts thermiques, ajoute une vérification de l’étanchéité à l’air durant le chantier (≤0,6 V/h sous une différence de pression de 50 Pascal entre l‘intérieur et l’extérieur, soit pas plus de 0,8 m3/h.m²) et requiert une ventilation continue des logements. Pour garantir le confort d’été, la température ambiante des logements ne peut pas dépasser 26,5 °C pendant plus de 100 heures par an.

La consommation d’énergie ne doit pas dépasser 35 kWh/m².an, dont un maximum de 17 kWh/m².an pour le chauffage. Un bâtiment Minergie P ne peut utiliser plus de 30 % d’énergie fossile dans son bilan de consommation annuelle et doit être équipé d’une installation photovoltaïque d’une puissance minimale de 30 kWc par bâtiment avec une production minimale annuelle de 959 kWh/kWc. Enfin, il faut prendre en compte la mobilité électrique.

 

Initialement, le projet ne portait que sur deux bâtiments. Devant le succès de la commercialisation du premier, un troisième sera construit. Deux niveaux de parking courent sur toute la surface de la parcelle. © PP

 

 

Les solutions techniques retenues

Pour atteindre la performance de l’enveloppe exigée par Minergie P, les façades du premier bâtiment quasiment achevées sont isolées par l’extérieur par 22 cm de polystyrène graphité (R = 6,86 m².K.W) ou par 16 cm de PIR (R = 7,25 m².K.W). Les menuiseries bois en double vitrage, fournies par MéO ex-MC-France, atteignent un Uw de 0,5 W/m².K et sont toutes protégées par des BSO Schenker Storen.

 

98 % des besoins de chauffage et 60 % des besoins d’ECS sont couverts par 19 forages géothermiques de 200 m de profondeur. C’est de la GMI ou géothermie de minime importance soumise à déclaration, mais non à autorisation préalable. © PP

 

 

 

Les forages géothermiques en boucle fermée alimentent deux pompes à chaleur eau glycolée/eau Weishaupt. Ils ont été réalisés directement par Weishaupt qui possède une filiale de forage, mais a arrêté cette activité en France. Le Gradient à Annemasse a été l’un de leurs derniers chantiers de forage. Le de la solution géothermique, essentiellement attribuable aux forages, se monte à 7 500 € par logement. Au total pour les trois bâtiments, les forages géothermiques et l’installation des pompes à chaleur eau glycolée/eau coûteront environ un million d’euros HT pour un chantier à 23 M€ HT en coût de construction. © PP

 

 

 

Une chaudière gaz à condensation Weishaupt WTC-GB-A couvre les pointes des besoins de chauffage et de production d’ECS. Les trois générateurs alimentent deux ballons tampons pour le chauffage et deux préparateurs d’ECS de 1 000 litres installés au sous-sol du bâtiment. © PP

 

 

L’installation photovoltaïque en toiture

Au total, les trois bâtiments seront équipés de 700 m² de panneaux PV verre/verre, posés horizontalement sur châssis. La copropriété se chargera de la distribution en autoconsommation collective et revendra le surplus à EDF. Le produit de la revente vient en déduction des charges des occupants.

 

 

 

 

 

Les panneaux photovoltaïques, fabriqués en Chine, atteignent une production annuelle de 1200 kWh/kWc. © PP

 

 

 

La solution de ventilation double flux collective

Zehnder a fourni l’équipement de ventilation pour le bâtiment : six CTA double flux Zehnder Carma, fabriquée par Caladair, une entreprise française créée en 1979, installée à Macon et achetée par Zehnder en 2022. Ces CTA sont certifiées par le Passivhaus Institut de Darmstadt, avec des taux de récupération de chaleur sur l’air extrait de 82 à 86 % selon les modèles. Toute l’installation de ventilation a été dimensionnée et installée par Meyer Ventilation, un partenaire Zehnder de longue date.

 

Parmi les six CTA CARMA 9070 G SMART LOBBY posées sur le chantier, cinq sont installées en terrasse et une en sous-sol. Elles offrent des débits modulables de 2 470 à 4 000 m3/h, avec une consommation d’électricité certifiée de seulement 0,43 Wh/m3. © PP

 

 

Les CTA Zehnder Caladair sont équipées s’une filtration F7 sur l’air neuf et d’une filtration M5 sur l’extraction. Sur l’entrée d’air neuf de l’échangeur, des résistances électriques assurent le dégivrage en hiver lorsque la température de l’air descend en dessous de - 5 °C. Ce qui peut entraîner une prise en glace de l’échangeur, une baisse de débit et de rendement, si ce n’est pas corrigé. Fournis par EBM-Papst, les moteurs des ventilateurs sont à courant continu et vitesse variable. © PP

 

 

 

 

 

L’entreprise Meyer ventilation a fabriqué elle-même toutes les gaines de section rectangulaire et carrée. En revanche, les canalisations circulaires et les pièces à doubles joints à lèvres ont été achetées à Linden. © PP

 

 

 

Dans les logements, l’installation double flux requiert naturellement deux jeux de gaines : pour l’insufflation et pour l’extraction. Louis Lopès, le président de Meyer Ventilation, a souligné que les exigences du standard Minergie P a conduit ses équipes à prêter encore plus d’attention que d’habitude à l’étanchéité des réseaux de ventilation : toutes les connexions sont jointées et étanchées, chaque raccordement porte des doubles joints à lèvres, etc. Si le double flux est désormais la règle en tertiaire net et se développe un peu en maison individuelle, il est encore très rare en logement collectif. L’entreprise n’a réalisé que cinq chantiers de double flux en collectif au cours des quinze dernières années.

 

Dans chaque logement, un caisson distribue l’air neuf, avec autant de piquages que de bouches de soufflage. © PP

 

 

 

Chaque caisson de distribution est piloté par un registre de compensation motorisé placé juste en amont. L’installation de ventilation est conçue à pression constante et débit variable. Pour respecter la règlementation française sur la ventilation en logement, lorsqu’il faut surventiler les pièces humides, le registre de compensation s’ouvre pour accroître le débit, tout en maintenant la pression. © PP

 

 

 

Les bouches d’extraction d’air sont tout à fait classiques, mais la forme des bouches d’insufflation leur donne une longue portée de soufflage, de manière à bien balayer tout le volume de la pièce. © PP

 

 

 

À gauche, les frères Philippe et Thierry Dentand sont les promoteurs de l’opération Le Gradient à Annemasse. Second en partant de la droite, Louis Lopès, le président de Meyer Ventilation. À droite, Julien Roselli, le responsable technique projet Zehnder qui a aidé les concepteurs et l’entreprise tout au long de l’opération. ©PP

 

 

La promesse de performance sera tenue : avec l’autoconsommation de l’électricité photovoltaïque qui réduit la facture d’électricité pour les parties communes du bâtiment (éclairage, ascenseurs, etc.) et la revente du surplus à EDF qui vient en déduction des charges, le coût d’exploitation annuel d’un logement de 70 m², en comptant le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et la maintenance des équipements, ne dépassera pas 100 euros.



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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