L'appel de la Capeb pour une "révision immédiate" de la réforme MaPrimeRénov'

Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, lors du salon Artibat 2023

Cet "appel de la dernière chance" a été lancé le 1er décembre : la Capeb "en appelle à la responsabilité de la Première ministre" et demande la révision de la réforme.




Pour ou contre la réforme de MaPrimeRénov' ? Annoncée le 11 octobre 2023 pour être appliquée dès le 1er janvier 2024, la refonte totale du système d'aide à la rénovation du gouvernement a fait couler beaucoup d'encre. La Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb) fait partie de ceux qui ont élevé la voix contre certains aspects de la réforme à venir, et souhaite la voir modifier. 

 

Dans le communiqué du 1er décembre, la Capeb fait la liste des points qu'elle aimerait remettre sur la table avant l'application de cette réforme. Sera-t-elle entendue ?

 

Un reste à charge trop lourd pour de nombreux ménages

 

La Capeb craint que l'obligation de passer par un parcours accompagné de rénovation d'ampleur pour prétendre à une aide MaPrimeRénov' pour les ménages occupant une passoire thermique ne force nombre d'entre eux à abandonner, ne pouvant assumer le reste à charge trop important, et cela sans compter "la très grande difficulté à intervenir en site occupé", et les contraintes logistiques pour ces mêmes ménages. La Capeb craint également que la condition de "sortie des énergies fossiles" ne pénalise les ménages ayant récemment installé une chaudière à très haute performance, en bénéficiant des aides mises en place à l'époque par le gouvernement. 

 

Des TPE défavorisées

 

Pour la Capeb, les plus petites entreprises vont être défavorisées par cette réforme, les rénovations d'ampleur privilégiant naturellement le choix d'entreprises générales. La Capeb regrette que ces petites entreprises ne puissent créer des groupements momentanés d'entreprise afin de proposer également des rénovations d'ampleur.

 

La réforme, de plus, utilise le dispositif RGE "sans prévoir d'amélioration". La Capeb rappelle que le dispositif "s'est rénévé inopérant contre la fraude et bien trop complexe comme en témoigne le nombre d'entreprises qualifiées RGE qui n'a cessé de diminuer depuis plusieurs années."

 

Des solutions pertinentes écartées

 

Pour la Capeb, donner la priorité à l'installation de pompes à chaleur au détriment de l'isolation est une erreur et regrette l'exclusion de nombreuses solutions alternatives (chaudières THPE hybrides ou fonctionnant au biogaz) pourtant pertinentes, notamment dans certaines régions et permettant de réaliser des économies d'énergie et de réduire l'empreinte carbone.

 

Exclusions des petits chantiers

 

Enfin, pour la Capeb, la massification de petits chantiers pourrait tout aussi bien conduire à l'objectif gouvernemental que les seuls gros chantiers. Or, "en privilégiant trop fortement les rénovations globales sans prise en compte d'un réel parcours de travaux, la réforme de MaPrimeRénov' exclut de fait les petits chantiers".

 

Jean-Christophe Répon, président de la Capeb, souhaite que la Première ministre "ne laisse pas cette réforme entrer en vigueur au 1er janvier prochain sans en avoir corrigé toutes ses failles. Leurs conséquences seraient trop graves pour les particuliers ainsi que pour les 622.000 entreprises artisanales du bâtiment !"

 

Réponse de GRDF

 

En réponse à notre article, GRDF a néanmoins souhaité préciser que la pompe à chaleur hybride est toujours éligible aux aides à la rénovation. GRDF a d'ailleurs mis sur son site un simulateur de rénovation pour les installations gaz des particuliers, sur lequel il est possible de lancer des simulations à la fois pour le montant des aides financières et pour les économies d'énergie qui découleraient de chaque type de rénovation.

 

A titre d'exemple, GRDF cite dans sa brochure le cas d'une famille de 4 personnes aux revenus modestes dans une maison individuelle de 110 m² à Lille, qui pourrait installer une PAC hybride et un thermostat performant en remplacement d'une chaudière de plus de 15 ans pour un coût estimé à 13.800 € TTC. L'aide de l'Etat serait alors de 7.070€ et le reste à charge pour cette famille serait de 6.730€ TTC. Les économies d'énergie, de 31% par an, permettrait de faire baisser la facture de 850 € par an.

 

On notera cependant que dans ce cas précis, le reste à charge reste très important pour une famille aux revenus modestes, et qu'il ne serait amorti par les économies d'énergie qu'au bout de 8 ans.  

 



Source : batirama.com /  Photo : Jean-Christophe Repon à Artibat 2023 © Emilie Wood

L'auteur de cet article

photo auteur Emilie Wood
Journaliste, photographe, vidéaste, Emilie Wood travaille depuis 2010 pour la presse, qu’elle soit professionnelle dans les domaines du BTP et de l’agriculture, ou généraliste. Pour Batirama, elle écrit sur des sujets aussi variés que la conjoncture BTP, l’évolution de la réglementation, la rénovation énergétique, les réformes, les innovations, ou encore l’actualité de l’immobilier. Elle apprécie particulièrement réaliser des portraits d’entreprises et révéler les femmes et les hommes qui, chacun à leur manière, font une différence, qu’ils soient entrepreneurs ou collaborateurs d’entreprise.
1 Commentaire
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  • par Chlamic
  • 17/12/2023 14:34:35

En Autriche, depuis plus de 15 ans, les 6 730€ seraient financés: - par un emprunt bancaire sur 10 ans, à taux 0 garanti par l'état, ce qui induit une mensualité de 66€ (avec dossier et assurance) absorbable par la famille à revenu modeste. Sauf erreur, des formules approchantes ont été adoptées par des cantons suisses et des länder est-allemands. Des Caisses d'Epargne slovaque (Sporitel'na) roumaine et tchèque auraient également adhéré à ce genre de prêt. A vérifier

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