Maison à ossature bois : comment se passer du pare-pluie ?

A la différence des autres plaques de plâtre, la plaque Defentex permet de faire le contreventement des éléments à ossature bois, donc de remplacer l’OSB, mais aussi le pare-pluie qui lui est associé pour protéger les éléments en cours de montage et pendant toute la vie de l’ouvrage. C’est le premier panneau de contreventement utilisable sans parie pluie, validé par un Document technique d'application (DTA).

Les nouveautés des grands groupes attendent leur heure

Les grands groupes internationaux de la plaque de plâtre disposent d’équipes de recherche et de marketing qui innovent en permanence mais sortent leurs nouveautés au meilleur moment. Le lancement de la plaque Defentex n’est pas une réaction contre les fabricants d’OSB qui auraient franchi la ligne en proposant une alternative à la plaque de plâtre intérieure. Même si, au CIB de Nantes en juin 2022, on remarquait non loin du stand Siniat, qui présentait déjà la Defentex, sur un autre stand, des panneaux OSB résistants au feu. L’écran thermique en bois contre la plaque de contreventement qui remplace l’OSB et le pare-pluie…

La crise des matériaux a frappé

Pour autant, le moment d’introduction des nouveautés n’est pas anodin, et ce n’est pas la pression de l’innovation d’un salon professionnel qui fait pencher la balance. Dans le cas de la Defentex, si l’on voulait chercher une logique, on pourrait trouver trois arguments.

Bussy-Saint-George : un chanter de charpentes Cénomane. Photo ©Rémi Jaouen

• Premièrement, la crise des matériaux a poussé à bout les constructeurs bois en ce qui concerne, notamment, les délais de livraisons de l’OSB, et les prix ;
• Parallèlement, les laboratoires attestent qu’il est aujourd’hui impossible de donner aux panneaux OSB une résistance à la vapeur d’eau moyenne correcte, les panneaux plus épais étant parfois plus perspirants que les fins.
• Enfin, il devient évident que sur les chantiers de la construction bois, les pare-pluie sont très souvent exposés aux UV bien au-delà de leurs capacité de résistance.

Si l’on ajoute la catastrophe climatique, les perspectives de la RE2020 et l’envol de la construction bois comme alternative à la maçonnerie, on comprend que le moment pour sortir la Defentex est bien trouvé.

Siniat se démarque

Depuis qu’Etex a repris les activités de Lafarge Plâtres et créé Siniat, la coexistence au sein du groupe de la marque Eternit et Siniat a déjà aiguillé le marketing vers la construction bois. Chez les autres, va pour tartiner des plaques de toutes les couleurs et de toutes les épaisseurs pour répondre à des réglementations feu ou acoustique calibrées. La construction bois est une aubaine, une rente de situation.

Pour être précis, ce n’est pas l’arrivée d’Etex qui a poussé l’équipe de Siniat à se pencher sur la maison à ossature bois (MOB) à la française. La proximité géographique, à Avignon, entre les plâtriers et les ingénieurs bois de Gaujard Technologies a eu son effet. Le patron actuel de la Scop Gaujard, Thomas Charlier, modérateur au Forum Bois Construction de Lille de la nouvelle formule d’atelier collaboratif IBC (association des ingénieurs bois construction), est un ancien de Lafarge Plâtres. Déjà à l’époque de son changement de métier, Olivier Gaujard, qui sera honoré dans le cadre de ce même Forum pour de multiple initiatives disruptives et persévérantes tout au long de sa carrière, l’a fait comprendre : la construction bois avait besoin du développement de plaques multi-fonctions.

Après la plaque Weather Defense (WD)

Siniat a écouté et développé la Weather Defense, une plaque qui fait l’office d’écran thermique et s’impose grosso modo pour les constructions bois à partir de R+3. Depuis 10 ans, la WD a largement fait son trou et dans la foulée, Siniat a trouvé le pendant de la WD pour les immeubles de taille inférieure à R+3, un énorme marché en plein développement.

Groupe Scolaire Le Bourget réalisé en 2022 par Meha Charpente

En France, à la différence de l’Allemagne, les éléments de construction de la MOB sont contreventés par l’extérieur, pour des raisons historiques. La première étape de la préfabrication française, depuis 2000 environ, a consisté à créer des éléments contreventés et souvent protégés en atelier par un pare-pluie. La dévolution des lots faisait que le plaquiste se chargeait ensuite, après le clos-couvert, de poser les isolants et la contre-cloison intérieure, ainsi que le pare-vapeur.

Vous avez dit hors site ?

Aujourd’hui, le hors site est dans toutes les bouches, et les constructeurs bois veulent se distinguer de la filière béton par une préfabrication poussée. L’une des conséquences est que tout le monde essaie de simplifier le millefeuille. Enlever le pare-vapeur, on n’y est pas encore arrivé, malgré une longue révision du DTU 31.2 et le développement d’isolants perspirants.

Par contre, côté rue, avec la Defentex, on peut arriver à faire du deux en un. L’Avis technique concerne un élément MOB contreventé par la Defentex, préfabriqué avec un isolant recouvert d’un pare-vapeur. De fait, souvent encore, le plaquiste réalise sur site une contre-cloison qui permet de tirer les câbles. Mais si la préfabrication évolue encore, on aboutira à des solutions de MOB à deux faces de plâtre, peut-être une plaque verte à l’intérieur pour prévenir une exposition aux intempéries.

Ulrich Villain de Siniat ajoute les atouts suivants :

• Insensibilité aux termites permettant le respect de la règlementation anti-termite pour les panneaux structurels.
• Fabrication Française.
• Recyclabilité à l’infini.
• Le panneau est classé A1 mais il ne faut pas le dire car un même panneau ne peut se prévaloir de remplir à la fois une fonction statique (contreventement) et une fonction d’écran thermique.

Vers le hors site biosourcé

Une autre voie est également envisageable : la valeur Sd (résistance à la diffusion de la vapeur d’eau) de la Defentex est très faible, ce qui signifie que la plaque est hautement perspirante. Tous les acteurs de l’isolation biosourcée applaudissent car c’est ce dont ils ont besoin. Reste à imaginer dans la foulée la face intérieure en terre crue ou autre matériau naturel perspirant avec un facteur 5 par rapport à la Defentex. Donc, avec une valeur Sd cinq fois supérieure à celle de la Defentex. De cette façon, on pourra enfin se passer enfin de ce vilain pare-vapeur fossile en respectant le DTU 31.2.

En attendant, la nouvelle plaque Defentex sera présentée le 13 avril 2023 à Lille au 12^eForum Bois Construction, dans le cadre des Tréteaux de l’Innovation.