Structures : les fournisseurs à la tâche pour « verdir » leurs produits

Structures : les fournisseurs à la tâche pour « verdir » leurs produits

Appréhendée à la veille de son entrée en vigueur, la RE 2020 soumet les matériaux à la question environnementale. L’enjeu est la diversité de l’offre. @Fabemi




Les jeux sont-ils faits ? La RE 2020 fera-t-elle la part belle à la construction bois ? Les pouvoirs publics ont affiché leurs choix, et le mode de calcul retenu pour l’analyse de cycle de vie dynamique des matériaux oriente la prescription.

 

Pour Samuel Gardavaud, PDG de Gardavaud Habitations dans le Doubs et aussi président du CNDB (Comité national pour le développement du bois), cet argument n’explique pas le succès du matériau. Il rappelle le travail mené depuis quinze ans.

 

 

 

« Nous nous sommes structurés et nous avons investi dans des ateliers, des bureaux d’études, des machines numériques, de la logistique de chantier… » Ce qui se traduit par une offre de maison individuelle ou de construction collective qui répond aux standards de qualité et de budget des maîtres d’ouvrage.

 

Il le souligne : « La part de marché du bois est passée de 2- 4 % il y a 10-15 ans à quelque 10 % aujourd’hui. Ce matériau est aussi utilisé pour 30 % des agrandissements et pour la moitié des surélévations. »

 

Le pari des ciments verts

 

Laurent Truchon, directeur délégué de CimBéton, est optimiste pour le matériau béton. « Les résultats des simulations menées avec des bureaux d’études indépendants indiquent qu’il existe des solutions pour respecter la RE2020 jusqu’en 2025. »

 

Après cette date, les seuils seront relevés. Pour réduire l’empreinte carbone, poursuit Félicien Thiou, responsable construction durable chez CimBéton, il faut « utiliser les ciments à basse teneur en clinker, redimensionner les éléments... ». Par ailleurs, la rédaction de fiches (FDES) précisément renseignées devrait sensiblement réduire l’empreinte carbone des bétons.

 

Le métal à mal avec la RE2020

 

En revanche, le secteur de la construction métallique dit prendre la mesure des conséquences de la RE2020, pour lui-même et pour toute la filière bâtiment. Patrick Le Pense, responsable du secteur construction chez ArcelorMittal, pose un avis tranché.

 

« Toutes les industries sont d’accord sur la nécessité d’une transition énergétique. Mais les choix pris dans le cadre de la RE2020 sont politiques, dogmatiques, anti-techniques et anti-scientifiques. Le texte est inapplicable et se retrouvera non opérationnel. Il ne sera pas possible d’atteindre les performances, ce qui donnera lieu à des actions juridiques comme à la mise en difficulté d’entreprises. »

 

Vers une réduction de 35 % des énergies carbonnées

 

Si l’acier est peu présent en maison individuelle, il répond aux besoins du collectif : création de balcons rapportés, de coursives… Il est surtout adapté aux marchés des bâtiments agricoles, de l’industrie agro-alimentaire, de la logistique…

 

Ce secteur parie sur l’avenir avec des solutions de production innovantes. Patrick Le Pense évoque la production d’acier sans haut fourneau, sans charbon. L’une des voies consisterait « à effectuer une réduction directe du minerai de fer dans un four alimenté en hydrogène vert ». Cette industrie s’est aussi placée sur les rails d’une réduction de 35 % des énergies carbonées en 2030 et de la neutralité carbone en 2050.

             

  

Les réglementations se bousculent en 2022

La filière gros-œuvre connaît l’importance du chantier de la transition environnementale. Outre l’application de la RE2020, au 1e janvier 2020, le tri sélectif s’imposera sur les chantiers.

Dès janvier prochain, l’application de la RE 2020 traduira concrètement le tournant créé par la stratégie nationale bas carbone mentionnée en 2015 dans la loi de transition énergétique, et présentée en 2018.

Son but : atteindre, en 2050, un niveau « incompressible » d’émissions de CO2, soit 80 Mt CO2 eq. C’est pratiquement l’estimation du seul secteur du bâtiment en 2015 : 88 Mt CO2 eq, soit 20 % des émissions totales d’alors. À l’échéance de 2050, le secteur du bâtiment, se voit alloué une part de 5 Mt CO2 eq, avec une marche intermédiaire à 45 Mt CO2 eq en 2030.

 

Le décret de la RE2020 publié

Le décret relatif à la RE2020 et l’arrêté présentant les règles de calcul (1 800 pages) sont parus cet été. Les besoins énergétiques doivent être réduits d’environ 30 % par rapport à la RT 2012 : l’isolation thermique et le traitement des ponts thermiques sont renforcés ; le calcul du bilan bioclimatique (Bbio) doit, en plus de la maîtrise des déperditions en hiver (isolation et étanchéité à l’air), prendre en compte le comportement estival. Les concepteurs soumettront leurs projets au double indice carbone du chantier et de la vie de l’ouvrage.

 

Il faut trier les déchets de chantier et recycler

Autre sujet important à prendre à bras le corps : celui des déchets de chantier. Après l’entrée en application, en février 2020, de la loi contre le gaspillage et en faveur de l’économie circulaire, une consultation s’est tenue en juillet dernier dans le but de rédiger un décret sur la responsabilité élargie du producteur pour les produits et matériaux de construction. En clair, il s’agit de traiter les dépôts sauvages et de développer le recyclage pour éviter la saturation des décharges.

 

42 millions de tonnes de déchets

Rappel : le bâtiment produit chaque année quelque 42 millions de tonnes de déchets dont 30 Mt (75%) sont inertes. Le texte doit s’appliquer au 1er janvier 2022. Les fournisseurs – industriels, importateurs… – seront impliqués dans la gestion du tri sélectif de sept catégories de matériaux : métal, plastique, verre, bois, fraction minérale, plâtre et papier. Un maillage territorial de points de reprise sera développé, et deux éco-organismes – un pour les inertes, l’autre pour le second œuvre - seront chargés de gérer cette activité. À noter qu’à l’ouverture de la consultation publique, 26 entreprises ont annoncé se regrouper autour du projet Valobat, initié par le groupe Saint-Gobain.

 

 

            

   

Innovations : répondre aux préoccupations environnementales

Optimiser les matériaux, trouver des solutions hybrides… Voilà les maîtres-mots des avancées techniques en matière de matériaux de gros œuvre et d’enveloppe. L’avantage principale produit est l’amélioration de leur valeur ajoutée.

Premiers exemples chez le briquetier Wienerberger. Sa brique à isolation répartie Climamur, précédemment version très haut de gamme des éléments monomurs, devient, à la faveur de la RE 2020 le produit de base du catalogue. Grâce aux alvéoles chargées de laine de roche, les parois répondent aussi bien aux rigueurs du climat d’hiver que d’été.

Autre exemple chez cet industriel avec l’Eco-Brick : l’épaisseur de cet élément de parement est réduit de 35 mm (65 mm au lieu de 100 mm) pour à la fois réduire son empreinte carbone en fabrication et transport et permettre d’augmenter l’épaisseur de l’isolant extérieur sans modifier le profil de la paroi.

Démarche similaire chez Schöck qui modifie ses rupteurs de ponts thermiques pour isolation par l’intérieur en optant pour une isolant plus efficace, en styrène et graphite, et en modifiant le placement des aciers pour en réduire le nombre tout en augmentant la reprise des efforts tranchants.

 

L’acier diminue son poids carbone

Autres exemples. Knauf Insulation qui marie l’isolant et l’étanchéité à l’air, réduisant la tâche finale à la pose d’un adhésif aux liaisons. Idem pour Actis qui produit des isolants en panneaux toute hauteur d’étage, accélérant les opérations de pose.

Chez ArcelorMittal, l’enjeu environnemental repose sur l’économie de matière et la durabilité. Depuis ce printemps, il propose les parements Granite HDXtreme sur feuille d’acier à haute limite élastique galvanisé d’une épaisseur réduite de 30 % et revêtues d’un complexe de peinture polyuréthane vernis. Les parements peuvent ainsi afficher une garantie décennale renforcée en bord de mer, et de 40 ans en milieu rural. Une économie de matière et une durabilité qui joue en faveur du poids carbone du produit.

 

La voie aux solutions complètes biosourcées

Côté bois, pour Jean-Marc Pauget, architecte et expert au CNDB, « La RE 2020 ouvre la voie aux solutions complètes biosourcées et à la mixité des matériaux. » Pour traiter le premier sujet, le CNDB a produit une compilation de solutions dans un document B.A.-Bois de juin dernier pour faire le point sur les différents isolants biosourcés (paille, chanvre, cellulose, fibre de bois, liège…) au regard de leur durabilité et de leur comportement à la thermique d’été. Le rapport livre des solutions traditionnelles dites de technique courante dans un cadre assurantiel. Quant au sujet de la mixité des matériaux – bois et connecteurs acier, bois et dalles béton –, il permet de répondre aux exigences en matière de thermique, d’acoustique et de comportement sismique.


Source : batirama.com/ Bernard Reinteau

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