Les terres excavées des chantiers parisiens cherchent des débouchés

Les terres excavées des chantiers parisiens cherchent des débouchés

L’abondance de terres excavées par les chantiers parisiens dont ceux du Grand Paris et l’évolution réglementaire relative aux déblais invitent à mettre en place de nouvelles filières de traitement.




Les chiffres indiquent des volumes considérables : les percements des tunnels du Grand Paris Express vont produire quelque 45 millions de tonnes de terre, et les travaux autour des gares et installations techniques sur ces nouvelles lignes devraient générer dix fois plus de déblais.

 

Très tôt, le Grand Paris Express s’est préoccupé de trouver des exutoires, en Île-de-France et en dehors des limites régionales. La Région Île-de-France a annoncé son ambition d’en recycler 2 millions de tonnes d’ici fin 2020 et 5 Mt en 2026.

 

Orienter les déchets inertes et pollués

 

Ce grand chantier télescope l’application depuis le 1er janvier 2015 de l’arrêté du 12 décembre 2014 sur l’admission des déchets inertes dans les installations de stockage adaptées*. Ce texte précise les seuils de polluants permettant d’orienter les terres vers les exutoires pour déchets inertes, non dangereux ou dangereux ; il est aussi possible de les utiliser en remblais ou aménagement.

 

Pour autant, la gestion des déblais de chantiers est un véritable casse-tête pour les responsables de chantiers. Pour répondre aux nouvelles demandes, l’entreprise parisienne Ypréma vient de lancer la filiale Yterres. Présidée par Pierre Prigent – le fils de Claude Prigent, PDG d’Yprema –, son objet est « d’aider les clients à se simplifier la vie », explique François Przybylko, directeur commercial d’Yterres.

 

Cette entreprise est épaulée par un géologue, Karl Sache, qui dispose des moyens techniques d’analyse des polluants nécessaires pour orienter les matériaux vers une quinzaine d’exutoires. Les entreprises peuvent aussi faire appel à un bureau d’études indépendant. Depuis son lancement, cette activité gère une quinzaine de chantiers et un volume annuel de 15 000 t de déblais. Une commercialisation plus intense de ce service sera lancé début 2020.

 

Exploiter les terres pour les transformer en matériaux

 

Une autre initiative aux résonances très écologiques s’est développée depuis fin 2017 : Il s’agit du projet Cycle Terre**, porté par la ville de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Cycle Terre se propose de traiter les terres excavées sur le parcours local du futur métro et de les transformer en matériaux de construction de terre crue : principalement des briques, des enduits et des panneaux obtenus avec le moins d’énergie possible – uniquement pour malaxer et presser les éléments, sans les cuire.

 

Ce projet lauréat d’un financement européen de 4,9 M€ dispose d’un budget de total de 6,1 M€ complété par des partenaires. Elle est accompagnée par des structures telles que Grand Paris Aménagement, la Société du Grand Paris, le cabinet d’architecture Joly et Loiret, l’association d’architectes CRAterre, les ingénieurs de l’Ifsttar, Sciences Po…

 

Le permis de construire de l’atelier de validation des procédés techniques a été déposé le 22 novembre dernier, et début décembre, le plan local d’urbanisme de Sevran a été modifié afin d’accueillir, dès le début de l’année 2020, l’atelier de 2 500 m².

 

De nombreux sujets à l’étude

 

Pour autant, de nombreux sujets sont encore à l’étude : où préparer la terre, la concasser, la sécher, la stocker. L’espace alloué à Sevran est trop restreint pour réaliser ces opérations.

 

Pour accéder aux marchés locaux de construction comme ils l’envisagent, les promoteurs de Cycle Terre vont aussi s’atteler à décrocher leurs premiers chantiers et obtenir des appréciations techniques d’expérimentation (Atex). Les premiers produits devraient sortir fin 2020.

 

L’ambition n’est pas sans rappeler celle des promoteurs de la construction bois il y a quelques décennies.

 

* Arrêté du 12 décembre 2014 relatif aux conditions d'admission des déchets inertes dans les installations relevant des rubriques 2515, 2516, 2517 et dans les installations de stockage de déchets inertes relevant de la rubrique 2760 de la nomenclature des installations classées, JORF n°0289 du 14 décembre 2014, texte n° 11.

** https://www.cycle-terre.eu/

 


Source : batirama.com / Bernard Reinteau

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