Du béton dans le béton, c’est possible

Du béton dans le béton, c’est possible

Le projet national Recybéton vient de dévoiler un second point d’étape des recherches, validant la faisabilité du béton dans le béton.




Il y a un peu plus de 5 ans, 47 acteurs du secteur de la construction s’unissaient pour lancer le Projet National Recybéton avec 2 objectifs principaux : la réutilisation de l’intégralité des matériaux issus des bétons déconstruits, y compris les fines, dans de nouveaux bétons et le recyclage de matériaux issus de la déconstruction des bétons comme matière première pour la production de liants hydrauliques.

 

Ce deuxième colloque, après celui à la SMABTP Paris en 2015, a abordé de nombreux thèmes tels que la performance et la durabilité des bétons contenant des granulats recyclés ; les apports des chantiers expérimentaux ; les technologies et les procédés de recyclage ; ainsi que les ressources en matériaux recyclés et les aspects environnementaux ; et enfin, les leviers pour le développement du recyclage du béton.

 

« Ces travaux démontrent qu’il est possible d’utiliser du béton pour faire du béton », résume Jacques Roudier, président de l’Irex et du projet national Recybéton. On peut l’introduire dans de fortes proportions, tout dépend bien entendu de l’usage du béton et des performances attendues, dans le respect des règles de l’art. »

 

 

De 0 à 100 % de granulats recyclés

 

A l’heure de la Loi sur la Transition énergétique qui a fixé un taux de valorisation des déchets du BTP à 70 % d’ici 2020, c’est plutôt une bonne nouvelle. Rappelons que les déchets du BTP sont un enjeu majeur pour le secteur de la construction et pour les collectivités locales, avec une production annuelle d’environ 231 millions de tonnes dont une fraction seulement est recyclée. La production de granulats recyclés est estimée à moins de 10 % de la production nationale totale.

 

Les études en laboratoire et les chantiers expérimentaux ont donc validé la faisabilité. « Les bétons mis en œuvre sur les chantiers expérimentaux ont été fabriqués sans difficulté particulière et avec les performances et caractéristiques conformes aux attentes. Aucun désordre n’a été constaté. C’est important pour la suite car l’innovation a besoin d’avoir été éprouvée grandeur nature », souligne Jacques Roudier.

 

Les cinq chantiers expérimentaux ont concerné différents types d’ouvrage : dalle de parking, des parties d’ouvrage d’art, des aménagements extérieurs, des murs et des dalles et avec un taux de granulats recyclés allant de 0 à 100 % de sable et granulats recyclés. L’une des expérimentations se poursuit avec un ciment « recyclé » fabriqué en substituant 15 % de la matière première par du sable recyclé.

 

 

Aucun désordre sur les chantiers expérimentaux

 

Les retours sont très satisfaisants puisque d’abord, en termes de mise en œuvre, aucune différence n’a été ressentie par les équipes entre un béton classique et un béton recyclé. Une légère dégradation des propriétés a été constatée dans le cas de la simple substitution. Mais aucun signe de mauvais comportement en service n’est apparu à ce stade alors que l’on a un recul de 3 ans sur un des chantiers (Chaponost dans le Rhône).

 

Toutefois, la méconnaissance de ce sujet des granulats recyclés engendre de la part des différents acteurs concernés la peur de prendre des risques. Risques qui n’existent pas forcément au final mais cela implique pour la profession la nécessité d’informer et de former. L’évolution des textes clés comme la norme béton ou les Eurocodes devrait aider à la mise en place du béton dans le béton.

 

« Les seules limitent restent la quantité disponible et à une distance raisonnable des chantiers, reprend Jacques Roudier. Les granulats sont des produits pondereux à valeur unitaire faible. D’un point de vue économique et environnemental, on privilégie donc les distances faibles sauf lorsqu’il s’agit de produits particuliers ». Le dispositif en place reste inégal y compris en termes des capacités de traitement.

 

 

Une dépendance à la territorialisation

 

Cette forte dépendance de la disponibilité des granulats recyclés à la territorialisation s’affiche comme un frein à généralisation de la pratique. La disponibilité est pour l’instant concentrée autour des grandes métropoles, or, pour qu’il y ait de la ressource disponible, il faut de la demande et pouvoir prétendre ainsi à une utilisation à l’échelle industrielle.

 

La mise en place d’un dispositif qui permette un traitement ou un recyclage de relative proximité est donc nécessaire au développement du béton recyclé. Le traitement des déchets est de la compétence des régions, ces résultats peuvent être l’occasion de réviser les schémas directeurs. Alors que les bénéfices économiques du recyclage s’avèrent incertains, une étude est actuellement en cours sur l’impact de différentes mesures publiques.

 

Le projet, entré dans sa phase finale, donnera lieu à une publication scientifique, reprenant l’ensemble des différents travaux, un guide à l’usage des professionnels et des propositions d’évolutions normatives en direction d’un « valorisation forte ». Pour mémoire, depuis 2012, la norme béton autorise 20 % de substitution de granulats naturels par des granulats recyclés dans les bétons soumis à des classes d’exposition courante.




Source : batirama.com / Corinne Bailly

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