Réseaux d'eau chaude : détruire les légionelles (suite 1)





 

Si la légionnelle ne se développe pas dans l’eau froide, les systèmes de stockage par ballon l’aident à se développer en créant du carbonate et du magnésium, de véritables “hôtels à légionelles” ! Les appareils d’ECS semi-instantanée évitent leur formation dès le départ.

 

Si les ballons de stockage sont sources de développement de bactéries, l’instantané est en revanche trop gourmand en énergie : il s’agit donc de se tourner vers une production semi-instantanée par échangeurs à plaques. En allant à l’inverse du processus traditionnel, on en vient à faire un système instantané dans lequel les légionelles n’auraient pas le temps de s’accumuler. Certains appareils de production d’ECS déplacent ainsi le stockage du secondaire au primaire, assurant les besoins avec une eau chaude sanitaire instantanée dont les bactéries sont absentes, tout en ne consommant que la puissance nécessaire en semi-instantané. Les réservoirs de stockage au secondaire sont supprimés, ainsi que les chocs thermiques curatifs.


Certains producteur d’ECS semi-instantanés bénéficient d’un équipement complet pour favoriser la lutte antilégionellose : acier inox 316L, surface lisse anti-adhérente du calcaire, trappe de visite pour nettoyage, vidange totale pour évacuation des dépôts et surtout arrivée d’eau froide directionnelle (grâce à un tube qui descend jusqu’au bas du ballon du côté de la vidange, l’eau froide est dirigée vers le bas du ballon, évitant ainsi les dépôts). Certains appareils peuvent programmer un choc thermique à 70 °C possible. Une pompe d’homogénéïsation fait recirculer l’eau à l’intérieur du ballon pour une température identique dans tout le ballon, de bas en haut. Cette pompe est à déclencher au moment du choc thermique. À l’issue de ce choc, le ballon offre une eau disponible à 80?°C dans le ballon, de façon homogène, sachant que 70?°C est suffisant pour détruire les légionelles. Enfin, on trouve également des systèmes équipés d’un autodiagnostic avec mise en place de plages de chocs thermiques antilégionellose, la gestion de 2 pompes, qui peuvent programmer des chocs thermiques (notamment la nuit, ce qui est particulièrement apprécié en hôtellerie).

 

Intérêts : besoins en eau chaude sanitaire instantanée assurés avec une consommation
d’énergie adéquate


Limites : risque latent de légionelles dès que l’on ramène de l’eau froide non portée à haute température. Or, le plombier doit ensuite installer un mitigeur pour rafraîchir l’eau à la sortie du ballon, ce qui repose le problème de la légionelle.

 

Cas n° 2 : Destruction et chocs thermiques

 

Seule une température de l’eau supérieure à 60?°C sur toutes les sorties permet ­d’éviter ces bactéries, mais c’est rarement le cas. Une solution consiste à produire un choc thermique.

 

legionelle2.jpg

 

 

La plupart des fabricants d’appareils de production d’ECS apportent des solutions qui permettent de faire monter la température à 70 °C pendant plusieurs minutes. Les bactéries présentes dans le fluide sont ainsi soumises à une pasteurisation en continu assurant leur destruction permanente. C’est ce que l’on appelle le choc thermique, première solution de destruction. Il faut, en effet, deux minutes à 65 /70 °C pour détruire les légionelles. Donc, avec un volume accumulé en soutirage de pointe, on obtiendra environ 3 minutes à 70 °C. Certains chauffe-eau gaz ins­tantanés sont en outre pourvus d’une régulation, permettant un autodiagnostic et la mise en place de plages de tels chocs antilégionellose.

À noter : les systèmes de pasteurisation restent dans le domaine du curatif que l’on pourrait éviter. En effet, le problème se situe aussi et surtout au niveau de la distribution et de la conception des réseaux : les vitesses de circulation sont souvent trop faibles (il faut impérativement une vitesse supérieure à 0,2 m/sec, avec une température supérieure à 50 °C) ! 

 

Intérêts : relativement simple, si l’eau peut être chauffée à la température demandée et si les pertes de chaleur dans les conduites restent limitées.


Limites : certains matériaux (plastique, acier galvanisé…) ne supportent pas le choc thermique. Ce traitement choc doit rester exceptionnel. Son application à répétition favorise la formation de dépôts calcaires propices au développement de légionelles. 

 





 









 

Le développement des rubans chauffants offre des possibilités nouvelles pour empêcher le développement des bactéries.

 

Les rubans chauffants posés sur les tuyauteries sont capables d’assurer une température défavorable aux bactéries, y compris dans les réseaux isolés desservant les points de soutirage, grâce à un maintien en température évitant les points entre 25 et 45?°C. En asservissant le chauffage il est possible d’assurer la température idéale au point de soutirage ou de chauffer les canalisations critiques à 70-75?°C.

Intérêts : extrêmement facile à poser. L’asservissement pourra isoler temporairement la distribution de l’eau.
Limites : doivent être isolés pour préserver la sécurité. Les bras morts ne sont pas traités.

 

Cas n° 4 : Le choc chimique

 

Quand le choc thermique est impossible, le choc chloré peut être une alternative.

 

legionelle4.jpgLa désinfection chimique peut être continue au dioxyde de chlore. La décontamination se fait en continu à l’aide de 0,5 à 1 mg/l d’oxydants totaux (dioxyde de chlore, chlorures, chlorates), produits par un mélange de deux composants dans l’eau. On prépare une solution-mère dans un bac puis on l’injecte dans le réseau à l’aide d’une pompe, à partir d’un point situé en aval du dispositif de protection du réseau public. Il s’agit d’obtenir un résiduel de chlore libre d’au moins 2 mg/l dans l’ensemble du réseau. Si le chauffe-eau ou le ballon est contaminé, il faut l’hyperchlorer à des niveaux de 20 à 50 mg/l, le pH de l’eau étant maintenu entre 7 et 8. On fait ensuite couler chaque point d’usage jusqu’à détecter l’odeur de chlore et l’on maintient le chlore dans le réseau pendant au moins 2?h (et 24?h maximum) avant de vidanger et de rincer abondamment celui-ci.

 

Intérêts : une méthode efficace pour autant qu’elle soit réalisée de façon correcte, à l’aide d’un matériel adéquat et par du personnel expérimenté. Peu coûteux à l’achat, consommation importante : dans certains cas un surcoût de plus de 3 €/m³.
Limites : des nuisances aux utilisateurs ou une faible efficacité sur les biofilms du réseau (Biofilm et Legionella sont opprimés, pas tués complètement). La concentration en chlore libre résiduel peut entraîner la corrosion des métaux. Pendant la désinfection : installation hors service, ce qui la rend difficile à réaliser dans les hôpitaux. L’évacuation de l’eau de désinfection demande la dilution avant la décharge.

 

Info pratiques

 

Veille technologique, il faut :


un échangeur instantané sans perte de charge car la pompe de retour ne passe plus dans l’échangeur?;
• une maintenance sans obligation d’arrêt de la production. Ce montage ne nécessite plus un deuxième échangeur en secours?;
un stockage sur le primaire, qui ne nécessite plus de procédure de désinfection, d’ACS et génère une économie de la puissance souscrite?;
un organe de réglage auto-nettoyant pour la maintenance et l’entretien de l’équilibrage. Par un système “d’écluse” cette vanne autorise le passage des particules piégées en amont et les évacue à l’égout. La manœuvre, manuelle ou automatisée, permet le nettoyage de la canalisation et de la section de passage dans la vanne.

 

Attention au suivi et à l'entretien


L’entretien portera sur un suivi de tous les composants du circuit de distribution : vannes, clapets, mitigeurs, disconnecteurs, joints, pompes de recirculation. Il faudra procéder à un détartrage et une désinfection au moins annuels des ballons de stockage et de la robinetterie, à des purges régulières des conduites sous-utilisées, ainsi que des purges et une désinfection après travaux. Par ailleurs, il convient de surveiller chaque mois la mesure de la température et son temps de stabilisation (retour de bouclage général, sortie de production, points défavorables…) et procéder à une analyse annuelle des légionelles sur des points stratégiques. Autant d’informations à consigner dans un carnet sanitaire…





 

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