J. Chanut: « Le BTP est l’un des plus beaux métiers du monde »

J. Chanut: « Le BTP est l’un des plus beaux métiers du monde »

Jacques Chanut est le nouveau président de la fédération française du Bâtiment. Optimiste, il juge le métier « passionnant » et encourage les créateurs d’entreprises à s’y investir.




Bâtirama : Comment s’organise la vie d’un président de la FFB, patron d’une entreprise de maçonnerie dans l’Isère et père de famille ?

 

Jacques Chanut 

: Cette vie se prépare… Le fait d’avoir été vice-président national de la FFB m’a fait prendre la mesure de ce que représente le poste. J’avais compris qu’en termes de disponibilité, il fallait s’organiser à titre personnel et professionnel. La légitimité d’un président, c’est de rester entrepreneur, car ce poste est avant tout un mandat confié par des adhérents, et non une carrière. En aucun cas, je n’abandonnerai la présidence de mon entreprise, malgré la présence d’un directeur général associé au sein de l’entreprise. J’ai besoin de voir mes collaborateurs et c’est également utile pour garder un discours clair et lucide.

 

 

Un entrepreneur désireux de créer son entreprise dans le BTP s’adresse à vous pour vous demander conseil. Que lui direz-vous d’emblée ?

 

Je lui dirai que c’est un métier passionnant qui sera rempli de moments difficiles mais aussi de bons moments. Certes, la période actuelle ne sera pas simple pour lui, mais le secteur a déjà connu des crises. En tout cas, il aura bien choisi son secteur car il existe de vraies perspectives d’avenir avec de nombreux besoins en Logement. Et même, s’il y a des problèmes de financement aujourd’hui, il vaut mieux travailler dans un secteur porteur.

 

Je lui aussi dirai que c’est l’un des plus beaux métiers du monde… ce n’est pas le plus simple, mais c’est l’un des plus passionnants en tout cas… Et puis, c’est aussi un métier de contact. Il est d’ailleurs important d’avoir le sens des relations humaines dans ce métier et d’aimer les autres, surtout quand on doit assumer des responsabilités dans l’entreprise.

 

Pensez-vous qu’il faille un niveau de formation minimum aujourd’hui pour rejoindre le métier ? Et dans quels domaines en priorité ?

 

La formation est indispensable. Déjà, sur le plan technique, nos métiers deviennent complexes et requièrent des connaissances et des mises à niveau régulières et fréquentes. Cela suppose aussi d’avoir soif d’apprendre. Sur la partie gestion, il est également impératif de se former si l’on veut pérenniser l’entreprise.

 

Ce sont d’ailleurs les créateurs et les repreneurs les mieux formés qui réussissent le mieux. Dans l’une de nos Chambres de métiers, en Haute Loire, un module de formation complémentaire a été mis en place, pour apprendre à calculer le prix de revient d’un devis. Cela a contribué à augmenter fortement la durée de vie des entreprises artisanales !

 

Si ce créateur d’entreprise vous dit qu’il envisage de faire travailler des auto entrepreneurs qui lui ont proposé leurs services ? Que lui direz vous ?

 

Pour assurer la satisfaction des clients et la pérennité de l’entreprise, il faut assurer un travail de qualité en assurant une mise en œuvre dans les règles de l’art, avec des équipes bien formées. L’auto entrepreneur peut avoir l’apparence d’un remède mais il constitue un véritable poison pour l’entreprise.

 

Il va en effet répondre par une approche de bricolage à une demande de métier qui doit être réalisée par de vrais professionnels pour de vrais clients. Et puis, c’est une main d’œuvre instable car l’auto-entreprenariat est avant tout un statut limité dans le temps. Je lui déconseillerais vivement de le faire !

 

Si ce créateur vous dit également qu’il envisage de faire travailler des travailleurs détachés ? Que lui direz vous ?

 

Le système de détachement existe bel et bien et le nier serait une bêtise. En fait, nous combattons la fraude organisée face à ce système légal. Elle peut porter sur le salaire payé, le nombre d’heures effectuées, les jours de repos et peut conduire à une dérive totale du système. Une entreprise peut être amenée à vendre de la main d’œuvre pour un prix trois fois inférieur au prix de revient. 

 

Il faut donc rappeler à notre créateur d’entreprise les règles du jeu et lui dire ce qu’il risque s’il ne respecte pas la loi. Il faut qu’il sache que son client sera aussi responsable en cas de dérive du système. Enfin, n’oublions pas les principes d’éthique en termes de relations humaines.

 

Pourquoi contestez-vous la mise en place d’un compte pénibilité ?

 

La loi met en place pour chaque salarié une fiche de suivi qui, dans 99 % des cas, n’est pas applicable par les entreprises. Comment cautionner un système qui n’est pas applicable ? Tout le monde doit retrouver ses esprits ! Cela traduit une méconnaissance totale du secteur du Bâtiment et du fonctionnement des chantiers.

 

Les critères de pénibilité sont en effet multiples et imprévisibles et il ne sera pas possible de suivre pas à pas le salarié et de déterminer ce qui est pénible ou pas sur un chantier. Qui plus est, cela arrive au moment où les pouvoirs publics nous parlent de simplification et de baisse de charges pour les entreprises ! Or, 85% de notre masse salariale sera taxée à hauteur de 1,8 % avec ce système.

 

Une politique de prévention vous semble plus adaptée dans le Bâtiment ?

 

Cette politique de prévention existe et a déjà mise en place dans nos métiers avec nos partenaires de l’OPPBTP. Or, le nouveau système proposé repose sur la réparation. S’il est mis en place, les entreprises ne feront plus de prévention !

 

Par ailleurs, ce système créera un appel d’air violent et immédiat pour l’emploi de travailleurs détachés, au risque de détruire de nombreux emplois directs ! Alors, tout le monde doit vite retrouver ses esprits et son bon sens…

 



Source : batirama.com / Fabienne Leroy

2 Commentaires
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  • par Mitch47
  • 24/06/2014 08:59:55

Et bien moi je trouve que ce gars à au moins le mérite de dire les choses telles qu'elles sont et de ne pas pratiquer la langue de bois pour faire plaisir à tout le monde tout en gardant un message d'espoir pour ceux qui veulent essayer. Franchement c'est de plus en plus rare parmi nos élus. Affaire à suivre mais là où il a bien raison c'est qu'il faut arrêter de croire qu'une entreprise çà se gère comme au monopoly. C'est pas une partie de plaisir, et si on ne compte pas passer la moitié de son temps à faire de la paperasse et à calculer comme il faut ses différents devis, et bien il vaut mieux rester salarié et faire valoriser son savoir faire et sa technique plutôt que de s'engluer dans une aventure que l'on n'arrivera pas à mener à bien jusqu'au bout. Çà ne fera pas plaisir à tout le monde mais bon : TOUT LE MONDE N'EST PAS FAIT POUR ÊTRE CHEF D'ENTREPRISE !!! Et il n'y a aucune honte à le dire !!!

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  • par RICO
  • 23/06/2014 20:07:39

POURQUOI ENCORE CREER DES ENTREPRISES ALORS QUE BEAUCOUP SONT APPELEES A DISPARAITRE !! AVIS A TOUS NOS ENVIEUX DE CREER, N'OUBLIEZ PAS DE BIEN CALCULER L'ENSEMBLE DES CHARGES Y COMPRIS LA CFE ET TOUT CE QUI SERT A ENGRAISSER LES FAINEANTS !!

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