Crise de la construction et PSE chez Nexity : 502 postes sont concernés

Ce jeudi 25 avril 2024, Nexity, le premier promoteur immobilier français, a annoncé vouloir supprimer 502 postes pour faire face à la durable crise de la construction.

Outre ce plan de restructuration, le promoteur souhaite également faire des économies sur les "frais généraux et immobilier", qui, avec la réduction de la masse salariale, doivent réduire ses coûts de 95 millions d'euros annuels. Enfin, Nexity s'est engagé dans une diversification, en se lançant dans l'énergie solaire ou bien  les produits d'épargne, ou encore la transformation d'espaces déjà construits afin de devancer les impératifs de zéro artificialisation nette.

Un PSE déjà annoncé fin février

Ce plan social avait déjà été annoncé fin février, sans que le promoteur ne précise alors combien de postes seraient concernés. Jean-Claude Bassien, le directeur général délégué du groupe, l'a révélé aujourd'hui : "Nous avons confirmé à nos partenaires sociaux que le processus d'information-consultation préalable au déploiement d'un plan de sauvegarde de l'emploi sera engagé et il concernera la suppression de 502 postes", ajoutant "Nous avons poursuivi nos actions en termes de réduction de notre base de coûts d'exploitation".

Compte tenu des procédures légales, "Il n'y aura aucun départ au titre du PSE avant l'automne, et plutôt fin octobre", a précisé Jean-Claude Bassien, ici en photo. Les effectifs du pôle Promotion-construction sont concernés, lesquels auront diminué de 27 % par rapport à 2022. © Nexity

Un PSE à 50 millions d'euros

Nexity précise dans son communiqué que le coût de ce plan pour le groupe est estimé à environ 50 millions d'euros. Le promoteur prévoit d'en tirer 36 millions d'euros d'économies dès 2025, puis 45 millions par an.

En 2022, Nexity employait au moins 2 800 personnes dans sa branche promotion. Le délégué syndical CFDT de cette branche, Emmanuel Brie, a révélé à l'AFP que près de 400 personnes avaient déjà "quitté le groupe avant même la mise en œuvre du plan social" et, en effet, Nexity employait 8 185 personnes fin 2023, soit approximativement 300 de moins que fin 2022, le groupe ayant déjà mis en place un non-remplacement des départs dans l'objectif de s'adapter à la conjoncture. Depuis, au moins 3 100 collaborateurs supplémentaires ont quitté le groupe lors de la cession de la filiale Nexity Services (devenue Evoriel) au fonds d'investissement Bridgepoint. Emmanuel Brie et ses camarades comptent se battre "pour qu'il y ait au maximum de la mobilité et des départs volontaires".

Lors de la cession de la filiale Nexity Services, il était prévu que les liquidités tirées de cette vente (400 millions d'euros) servent au désendettement et permettent à Nexity de mettre en œuvre "sans attendre" sa restructuration.

Le PSE le plus important de l'année

Ce plan social est le plus important annoncé cette année par un promoteur, la filiale immobilière de Bouygues ayant annoncé 225 suppressions de postes à venir, tandis que Vinci Immobilier a annoncé un plan social non chiffré pour le moment.

Tout comme ses concurrents, Nexity souffre :

– du renchérissement des coûts de construction, provoqué par les tarifs des matériaux et une réglementation environnementale plus stricte ;

– et l'effondrement de la demande, causé par les difficultés d'accès au crédit et la fin progressive de dispositifs fiscaux incitatifs.

Conséquence directe : au premier trimestre, les réservations de logements de Nexity ont chuté de 29 % en nombre et 22 % en valeur par rapport au premier trimestre 2023, indique le groupe, précisant cependant que les ventes au détail (aux particuliers) ne baissaient plus. "On est clairement au bas du cycle", a commenté Jean-Claude Bassien, le chiffre d'affaires de Nexity s'étant effrité de 14 % pour s'établir à 770 millions d'euros.

L'espoir est–il permis ?

Le promoteur espère tout de même repartir de l'avant, notant quelques indices positifs pour l'avenir, notamment le léger reflux des taux de crédit, ou le fait que les réservations reprennent, du fait d'efforts du groupe sur ses prix de vente.

Toutefois, pour Véronique Bédague, la présidente directrice générale de Nexity, cela ne signifie en rien la fin de cette crise structurelle du logement, comme elle l'a confié au journal Le Figaro : "Je ne vois pas d'amélioration rapide de la situation. Chaque baisse de taux d'intérêt nous donnera un peu d"air, mais cela prendra du temps. Et il y aura toujours un délai entre l'annonce d'une baisse et le moment où les banques se remettent à prêter".

Et c'en est pas fini des mauvaises nouvelles, puisque la FFB évoque le spectre de 90 000 suppressions d'emplois en 2024 dans l'ensemble de la filière ...