Le pont de Pierre bordelais se refait une beauté (à 50 millions d'euros)

Le pont de Pierre bicentaire traversant la Garonne, Bordeaux. © Bordeaux métropole

La métropole bordelaise a annoncé ce vendredi 29 mars que le pont de Pierre, le premier (et longtemps unique) pont enjambant la Garonne, allait subir d'importants travaux de consolidation entre 2025 et 2029.




Construit sur ordre de Napoléon 1er en 1810, et achevé en 1822, le pont de Pierre bordelais enjambant la Garonne survit majestueusement au temps qui passe. Toutefois, pour qu'il puisse le faire encore longtemps, il était devenu urgent qu'il se refasse une beauté. En effet : ses piles, pesant chacune 5 000 tonnes, s'enfoncent de plusieurs millimètres par an. Les travaux sont non seulement inévitables mais indispensables afin de préserver et sauver ce qui constitue un inestimable patrimoine.

Jusqu'à la construction du pont Saint-Jean en 1965, le pont de Pierre a été le seul pont permettant de relier les deux rives de la Garonne, à Bordeaux. La rénovation du pont Saint–Jean, "bientôt terminée" selon Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, ainsi que l'inauguration cet été du nouveau pont Simone-Veil, étaient des préalables au lancement de ce chantier.

 

Le pont de Pierre a été le seul pont permettant de relier les deux rives de la Garonne, à Bordeaux, jusqu'à la construction du pont Saint-Jean en 1965. © Anonyme

 

 

 

Des travaux urgents

Le pont de Pierre, classé monument historique, mesure 487 mètres de longueur, 14,80 mètres de largeur, et possède 16 piles et 2 culées pour 17 arches maçonnées en pierre et en briques.

Le pont est soumis à des affouillements par contraction causés par le rétrécissement du lit de la Garonne, et des affouillements locaux générés par l’interaction entre les courants et les piles. Ces phénomènes érosifs créent des fosses d’érosion à proximité des piles et des pentes instables dans les talus sous-fluviaux qui supportent les fondations.

L'heure, pour le pont de Pierre, est donc critique, et ce pour trois raisons principales :

– Ses piles non renforcées, pesant chacune 5 000 tonnes, s'affaissent (plusieurs millimètres par an) dans le lit de la Garonne : cet affaissement concerne les piles P7 à P16, susceptibles à terme de compromettre l'intégrité des voûtes, comme le précise Stéphane Pokora, directeur voirie et ouvrage d'art à Bordeaux Métropole, expliquant que cet "ouvrage s'enfonce sous son propre poids depuis de nombreuses années" ;

– Les infiltrations d'eau généralisées, au niveau du tablier, détériorent considérablement la maçonnerie, avec pour conséquence le fait que le pont de Pierre n'est plus étanche désormais et que lesdites infiltrations abîment inexorablement l'intérieur de l'édifice, qui est creux ;

– Les défauts fragilisent la structure du pont.

 

Les travaux doivent être assurés par BG Ingénierie (mandataire) et 2BDM (co–traitant) pour un coût estimé du chantier s'élevant à 50 millions d'euros TTC.

 

Les infiltrations abîment inexorablement l'intérieur de l'édifice, qui est creux. © JB Mengès / Bordeaux Métropole

 

 

L'arrêt de la ligne A du tramway durant au moins 3 ans

Le pont de Pierre supporte aujourd’hui deux voies de tramway, deux voies de circulation routière et deux trottoirs pour piétons et vélos : 15 000 véhicules, 7 000 cyclistes et 60 000 usagers l'empruntent quotidiennement.

Le chantier entraînera donc l'arrêt de la ligne A du tramway, la seule traversant le fleuve, en juillet et août et ce "pendant au moins trois années à partir de 2025", a indiqué Stéphane Pokora, directeur voirie et ouvrage d'art à Bordeaux Métropole. Christine Bost, élue mi-mars présidente de Bordeaux métropole a évoqué un triple enjeu de "sécurité de l'ouvrage", de "sécurisation du réseau de transport", avec des travaux d'aiguillage "pour combler les fragilités identifiées" sur le tramway, et enfin "patrimonial".

Selon les phases du chantier, les travaux engendreront des coupures de la circulation des transports en commun sur le pont.

 

 

La nature des travaux

Les travaux visent à "conforter une dizaine de piles par la mise en place de micropieux, refaire l'étanchéité de l'ouvrage et ses maçonneries, ainsi que mettre en place des enrochements au pied des piles pour boucher les trous créés par les marées qui montent et qui descendent", a détaillé Stéphane Pokora.

Ainsi, des pieux d'une quarantaine de mètres de long vont être enfoncés afin d'atteindre les marnes, autrement dit les roches au fond du fleuve. Il y en aura seize par piles du pont. L'État, lorsqu'il avait encore la charge de son entretien, a effectué la même opération sur six des 17 piles de l'ouvrage. À charge pour la métropole de terminer la réfection des autres piles du pont.

Les travaux débuteront par le renforcement des piles, suivi de la consolidation de leurs fondations. Les pourtours des piles seront protégées à l'aide de gabions, sortes d'immenses filets d'acier contenant des rochers. En parallèle, le système d'étanchéité du tablier sera entièrement révisé. Enfin, le chantier s'achèvera sur la restauration patrimoniale de l'ouvrage.

Plan du chantier du pont de Pierre. © Bordeaux métropole




Source : batirama.com / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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