Outillage : le sans-fil a pris le pouvoir sur les chantiers

Ouvrier utilisant un outil Bosch

Le développement des gammes d’outillage fait la part belle aux technologies innovantes. Photo : Outre le perçage et le sciage, le sans-fil de forte tension a été adapté à de très larges applications en bâtiment. © Bosch




"Les artisans ont toujours les mêmes préoccupations", souligne Nicolas Saint-Ouen, directeur marketing et achats du fournisseur d’outils Edma : "gain de temps et réduction des efforts". Ces items pilotent la conception et la production des équipements lancés depuis plusieurs années, et ce cru 2023 ne fait pas exception.

 

Extension du domaine du sans-fil

 

On connaît l’intérêt des outils sans-fil sur les chantiers. Ils sont d’un usage plus souple. Les moteurs "brushless" affichent de hautes performances de couple et de consommation d’énergie. Et les fournisseurs de batteries ont aussi eu leur part dans ce succès : de 12 V en 5 à 8 Ah (Ampères/heure) il y a quelques années, on passe à 18, 22, voire 36 V en 12 Ah, même deux fois 36 V sur certaines machines (marteau-piqueur, tronçonneuse à béton...). De quoi tenir plusieurs heures et effectuer des travaux qui exigent autant de puissance que des outils filaires.

 

Outil Hikoki

Le fabricant japonais Hikoki est reconnu mondialement pour ses outils sans-fil particulièrement compacts. Ici, une boulonneuse à choc 36 V capable de produire un couple de serrage jusqu’à 770 Nm. © Hikoki


Petite revue de détails : Hikoki propose deux machines spécifiques pour les maçons. La cintreuse et découpeuse de fers à béton VB 3616 DAW2Z,  "2 en 1" sur 36 V, qui permet de travailler des diamètres de 8 à 16 mm selon des angles de 45, 90, 135 et 180°.


Toujours pour les bétonneux, l’outil en 36 V UW3628 DAW4Z est équipé d’une aiguille à vibrer les bétons banchés. De 825 mm de long et de 28 mm de diamètre, elle produit 12.000 vibrations par minute en mode normal et 15.200 en mode "puissance". D’une autonomie d’une heure, cet appareil a pour intérêts d’être compact, léger (4 kg) et de répondre aux situations de chantier courantes.


Pour les menuisiers, Hikoki propose la scie sur table C3610 DRJW4Z (29,5 kg) à lame de 255 mm de diamètre animé par un moteur brushless alimenté par batterie de 36 V ou par adaptateur sur secteur. En mode autonome, une charge de batterie permet de scier l’équivalent de 98 m d’aggloméré de 13 mm d’épaisseur.


Pour les finitions de plaques de plâtre, Flex développe une ponceuse pour murs et plafonds sur batterie 18 V. Pour traiter avec précision les points singuliers d’isolations, les poseurs de panneaux de polystyrène peuvent utiliser la découpeuse à fil chaud sur batterie 18 V proposée par Edma…

 

Perçage autonome et plus propre


Les fonctions élémentaires de perçage et de fixation motivent toujours autant les ingénieurs R&D. Bosch exploite sa technologie BiTurbo sur le perforateur GBH 18V-40C. Cet outil compact affiche une force de percussion de 9 J et une capacité de perçage de 40 mm dans le béton. Ce fabricant exploite aussi cette technologie de moteur sur le premier cloueur sans fil, le GNB 18B-38. Une charge d’accus suffit pour planter 500 fixations en acier de 16 à 38 mm dans le béton, et autant de 13 à 19 mm dans l’acier.

 

Pour ce qui est de la propreté sur chantier, les bonnes pratiques se généralisent :

 

Flex aspirateur

Le petit aspirateur Flex VC2 en 18 V se porte à la ceinture, avec un harnais. © Flex


Coté aspirateur, les solutions sans-fil se multiplient. Hilti en propose en version "sac à dos" (le VC 10M-22) ou à porter en bandoulière (VC 5-22) ; ce fabricant propose aussi des purificateurs d’air pour zone de chantier à grand débit (1 600 m³/h), l’AIC 2000, doté d’une filtration H13/Hepa. Bosch produit depuis plusieurs années son modèle "eau et poussières" sans fil GAS 18V d’une capacité de 10 l. Flex a mis au point un appareil à porter à la ceinture (VC 2 L MC Hip 18.0-EC) d’un débit de 1 200 m³/h, d’une dépression de 20,5 kPa et doté d’un réservoir de 1,5 l…

 

Maitriser la productivité

 

Mini télémètre Edma

Edma commercialise le mini-télémètre laser de sa filiale Condtrol capable de mesurer par triangulation. © Edma


Les outils électroniques de mesure sont des plus intéressants pour accélérer les chantiers. La raison tient à la production de données précises, au report sur logiciel pour réaliser des plans, à la souplesse de la prise de mesures par une seule personne. La technologie se démocratise, et le fabricant d’outils à main Edma lance deux innovations à très faibles coûts : le laser rotatif trois lignes Smart 3D Condtrol à moins de 400 € et un mini-télémètre, le Traccer 30 (75 mm de haut, 35 mm de large et 18 mm d’épaisseur pour 35 g) d’une portée de 30 m et capable de mesures indirectes, par triangulation, à moins de 60 €.

 

Satisfaire tous les marchés

 

gamme de baguettes de soudures et de brasures Guilbert Express

Guilbert Express a revu intégralement sa gamme de baguettes de soudures et de brasures pour s’adapter au plus large spectre d’usages, de la plomberie à la serrurerie, sur chantier et en industrie. © Guilbert Express

 

Les méthodes de construction évoluent. Néanmoins, les professionnels des métiers traditionnels attendent toujours des produits classiques à la hauteur de leurs besoins. En témoigne Bosch qui a introduit dans son catalogue des outils à main (marteaux, clés…). Les métiers traditionnels tels que l’installation thermique (chauffage, climatisation) ou de la serrurerie (façades) réclament des composants pour assurer tous types de liaisons par brasage ou soudage. Guilbert Express a ainsi revu sa gamme de brasures pour proposer 23 références de baguettes pour six segments (plomberie, installation gaz, soudo-brasage, autogène, argent, aluminium). Pour répondre à tous types de chantier, les baguettes sont disponibles en version classique (métal d’apport pur ou en alliage), enrobé ou fourré de décapant. Les conditionnements répondent aux demandes de quelques unités à 2 ou 5 kg.

 

Les méthodes de construction évoluent, et de nouveaux besoins pointent déjà. Chez Hilti, Gael Le Bloa indique travailler sur les constructions à base de matériaux biosourcés : bois, béton de chanvre, terre crue… Ce qui remet en question les techniques de fixation traditionnelles. Les travaux sont lancés avec plusieurs laboratoires. Même chose en outillage : le développement des isolants biosourcés modifient les moyens de pose. Impossible par exemple de couper un panneau de type Thermasoft Natura de Knauf avec un traditionnel "couteau à pain" pour laine minérale. Edma travaille sur un outil bi-lames, sorte d’évolution du couteau à viande Moulinex des années 70. Metoo oblige, on l’offrira à la fête des pères.

 

Conseils de l'OPPBTP : sans-fil, il faut comparer avant d’acheter

 

Mohamed Trabelsi

Mohamed Trabelsi, responsable organisations, méthodes et équipements à l’OPPBTP, a répondu à nos questions.


Batirama : Le sans-fil a pris de l’importance sur chantiers. Quels avantages et quels points de vigilance ?


Mohamed Trabelsi : Sans fil, sans rallonge, il est évident que ça apporte plus de liberté de mouvements et réduit certains risques tout en améliorant les conditions de travail. Mais la batterie augmente le poids des outils, demande plus d’efforts et peut provoquer des troubles musculo-squelettiques spécifiques. Même chose avec les équipements dotés d’une aspiration des poussières à la source : on rajoute un accessoire, un conduit  d’aspiration… L’emploi de ce type de matériels demande une prise en main, une adaptation du poste, voire une conduite au changement des pratiques.

 

Batirama : Selon quels critères les utilisateurs doivent-ils choisir leurs appareils ?

 

M.T. : Généralement, les utilisateurs regardent en premier lieu la puissance des outils. En réalité, il faut une approche multicritères et tenir compte de la puissance acoustique pour évaluer le niveau sonore, de la puissance vibratoire mentionnée sur la notice du fabricant, de tous les aspects de confort, d’ergonomie et de prévention intégrée, comme l’aspiration des poussières à la source, la protection contre "l’emballement", la torsion du poignet et la protection électrique. Sans oublier, le port d’EPI adaptés.

 

Batirama : Les batteries, elles-mêmes, constituent-elles un risque ?

 

M.T. : Oui, car ce sont des composants fragiles qu’il faut manipuler avec soin. On ne les jette pas dans la caisse à outils, il faut respecter les durées de charges, éviter l’humidité et les sources de chaleur… C’est d’ailleurs tout le sens de la directive européenne 2023/1542 parue le 28 juillet dernier qui traite de leur cycle de vie, quels que soient les usages.


Batirama : Pour l’OPPBTP, le sans-fil demande-t-il une action d’information particulière ?

 

M.T. : C’est déjà le cas sur le site preventionbtp.fr où les entreprises trouvent une foire aux questions sur ce sujet. De plus, nous organisons, pour 2024, une action spécifique sur l’électroportatif où seront détaillées les situations de travail et les points de vigilance.




Source : batirama.com / Bernard Reinteau

L'auteur de cet article

photo auteur Bernard REINTEAU
Après un parcours de formation en histoire, Bernard Reinteau s'est orienté vers le journalisme au début des années 80. Entré en presse professionnelle bâtiment fin des années 80, il a passé plus de quinze ans dans le groupe Moniteur, puis s'est orienté vers la presse spécialisée en génie climatique. Indépendant depuis 2015, il intervient sur plusieurs titres de la presse bâtiment, essentiellement sur des sujets techniques.
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