Salon de la maison passive : jouer la carte de l'efficacité en isolation

Salon de la maison passive : jouer la carte de l'efficacité en isolation

En maison passive, le choix de l’isolation est-il identique à celui des constructions classiques ? Les blocs structurels et isolants montrent leur intérêt en termes de performance et mise en œuvre.




Photo : Légers, rapides à mettre en place et performants, les éléments de polystyrène sont déclinés en radier, dalles, murs et toiture et permettent d'atteindre un niveau très élevé d'isolation thermique et d'étanchéité à l'air. © Euromac2

 

 

Des éléments de polystyrène à ferrailler et prêts à être chargés en béton prêt-à-l’emploi pour former une enveloppe… Ces produits présents sur les salons de la construction depuis de nombreuses éditions connaissent un véritable engouement avec le développement de la construction passive. Sur le dernier salon de la Maison Passive - Passi'bat, avril 2022 - , plusieurs références montraient leur potentiel. L’un des fournisseurs emblématiques, Euromac2, présent depuis la fin des années 70, dispose d’une gamme large de produits coffrants et isolants – des blocs et des dalles – et des éléments de toiture.

 

 

Répondre à tous les chantiers courants

 

 

Le principe des blocs repose sur deux parois de polystyrène de haute densité (30 kg/m³) – une intérieure de 5 cm et une extérieure de 15, 20 ou 25 cm selon l’épaisseur de mur et l’isolation demandée. La résistance thermique atteint 8,7 (m².K)/W avec le module le plus épais. Entre les deux faces, un espace de 16 ou 21 cm maintenu par de fines entretoises métalliques – réduction des ponts thermiques oblige – pour recevoir le béton structurel des parois verticales. Outre la simplicité de pose permise par un poids maximal des modules de 12 kg, ces modules permettent de traiter en une seule opération l’isolation thermo-acoustique ainsi que l’inertie, les ponts thermiques et l’étanchéité à l’air.

 

La gamme est désormais développée pour répondre aussi bien aux marchés du résidentiel individuel, du collectif jusqu’à neuf niveaux (R+8) et du tertiaire. Les éléments verticaux sont déclinés en hauteurs de 20, 30 et 60 cm, et en longueur de 1 m et 1,75 m. De quoi gérer l’avancement du chantier. Les maîtres d’œuvre disposent aussi des produits pour réaliser les dalles d’une portée libre maximale de 8 m et capable de reprendre jusqu’à 600 kg/m², de même que des dalles de couverture – pour répondre à la RE 2020 ou aux standards passifs, les panneaux de 23 cm d’épaisseur, d’un U de 0,15 W/m² K et d’un R de 6,67 m² K/W, sont préconisés. Le produit semble avoir posé ses marques : à Lyon, le concept a été retenu pour la construction d’un hôtel de cinq étages.

 

 

 

La gamme des composants permet de réaliser dans le détail les enveloppes des constructions résidentielles et tertiaires. © Euromac2.

 

 

Béton de bois et polystyrène issu de renouvelables

 

 

Le groupement national IsolaBloc, un GIE réparti sur tout le territoire – cinq entreprises en France ainsi qu’une au Benelux – propose une gamme de blocs en béton de bois associés à un isolant polystyrène connecté par queue d’aronde. Chez ce fournisseur aussi, le produit est décliné pour la majeure partie de la production de bâtiment – maisons individuelles, résidentiels collectif R+3, petits tertiaire – et affiche une résistance thermique maximale de 8 m² K/W.

 

Le principe est celui d’un bloc de 22 à 25 cm d’épaisseur à alvéoles de 12 à 16 cm d’épaisseur servant de coffrage perdu pour du béton prêt-à-l’emploi. L’isolation par l’extérieur avec des isolants de 14, 18 ou 20 cm d’épaisseur doit être posée en l’insérant dans les queues d’aronde.

 

Les propriétés de ce matériau sont aussi le traitement simultané de l’isolation, des ponts thermiques et de l’étanchéité à l’air. Ce fournisseur met surtout en avant les arguments environnementaux de ces composants : du béton de bois conforme à la norme NF EN 15-498 pour le bloc, et un polystyrène haute densité NEOPS, fourni par Knauf, dont la matière première est issue de déchets verts et du recyclage de la production de PSE, Knauf Circular. Ce qui permet d’afficher un bilan carbone réduit de 30 % par rapport à un PSE standard.

 

 

Les petits éléments en béton de bois sont connectés à l'isolant extérieur en polystyrène - ici en version graphité - par queues d'aronde. © Bernard Reinteau

 

 

Du polystyrène des fondations à la terrasse

 

 

Autre acteur de l’isolation remarquable tant par ses produits que par leur teinte originale : l’allemand Jackon. Ce fournisseur propose aux chantiers RE 2020 et passifs une réponse pour l’isolation des fondations des bâtiments avec sa référence Atlas ainsi que pour l’isolation des toitures terrasses avec Jackodur.

 

Applicable en radier, Atlas est un polystyrène extrudé à cellules fermées qui présente les propriétés d’être insensible à l’humidité, imputrescible, mécaniquement très résistant à la compression (de 200 à 700 kPa selon l’épaisseur) et très isolant : un lambda de 35 à 36 mW/m.K. Ce qui permet d’afficher une résistance thermique jusqu’à 8,85 m².K/W avec une épaisseur de 32 cm.

 

Fournis d’après les plans du bureau d’études, les éléments arrivent au chantier précisément découpés et préparés avec des emboîtements conçus pour rigidifier l’ensemble de la surface. La forme ainsi créée est chargée d’une dalle de béton ferraillé et prête à la construction de l’enveloppe. En Allemagne, 4/5ème des bâtiments sont isolés de la sorte.

 

Ce fabricant double cette offre d’une isolation inversée, c’est-à-dire par l’extérieur, pour les toitures-terrasses : le Jackodur. L’intérêt d’un tel matériau est de servir d’alternative à grand rendement de pose et d’un coût inférieur à la mousse de verre pour supporter un parking ou la circulation de véhicule.

 

 

Les radiers isolants Atlas de Jackon sont découpés en usine selon le plan fourni par le bureau d'études. Ils désolidarisent totalement le sol de la conctruction. ©Jackon.

 

 

Les panneaux d’un gabarit de seulement 0,75 m² et d’une épaisseur maximale de 32 cm sont proposés en trois classes de résistance à la compression : 300, 500 et 700 kPa. Il est ainsi possible d’atteindre un R de 9 m².K/W avec 25 cm d’isolant, et au maximum 11,85 m².K/W avec 32 cm. En outre, en terrasses non accessibles, le stage peut être réduit du tiers (5 cm de gravillons de 8 mm contre 18 cm traditionnellement). Jackon revendique aussi une moindre consommation de matériaux pour la structure du bâtiment, et, en fin de vie, une meilleure démontabilité de l’ouvrage.

 

 

Biosourcé ou manuportable

 

 

Face à ces solutions industrielles, les solutions biosourcées poursuivent leur développement. Détenteur de l’avis technique Ecovilla Mur depuis 2017, le sarthois IsoPaille poursuit son développement sur toutes sortes de chantiers : des maisons individuelles – elles forment 70 % des commandes – mais aussi des bureaux et du petit collectif. L’intérêt de ce choix technique est de proposer une enveloppe avec très peu de produits transformés et une production largement décarbonée.

 

Préfabriquée par éléments, la structure en bois est chargée de cet isolant naturel à raison de 80 à 120 kg/m³ ; IsoPaille recourt à trois fournisseurs de matière première. L’entreprise est ainsi en mesure de réaliser des enveloppes adaptées à la réglementation environnementale ou aux standards passifs. Les murs affichent une résistance thermique adaptable de 7,25 à 9,26 m².K/W. Confrontés à une demande régulière et soutenue, l’entreprise est, en quelques années, passé de 9 à 16 salariés.

 

 

Les modules biosourcés manuportables de FaciBloc, toujours de moins de 49 kg, permettent de réaliser une vaste de gamme de constructions en réduisant le besoin d'équipement de chantier. © Bernard Reinteau

 

 

Autre solution constructive adaptée au développement simplifié de la construction biosourcée : Facibloc. Cet industriel revendique de proposer des solutions d’autoconstruction à haute performance thermique. Implantée près de Clermont-Ferrand, il propose des éléments en bois chargés de laine de bois et manuportables. De 60 cm de largeur et de 2,80 m de hauteur, leur poids est toujours inférieur à 49 kg pour éviter la location d’engins sur le chantier. Deux versions de panneaux muraux sont proposées : en 173 mm et en 197 mm, et d’une résistance thermique qui peut atteindre 5 m².K/W. L’entreprise appuie son offre sur un catalogue de constructions de 18 m² à près de 160 m² proposés par une quinzaine de distributeurs.

 


Source : batirama.com / Bernard Reinteau

 

L'auteur de cet article

photo auteur Bernard REINTEAU
Après un parcours de formation en histoire, Bernard Reinteau s'est orienté vers le journalisme au début des années 80. Entré en presse professionnelle bâtiment fin des années 80, il a passé plus de quinze ans dans le groupe Moniteur, puis s'est orienté vers la presse spécialisée en génie climatique. Indépendant depuis 2015, il intervient sur plusieurs titres de la presse bâtiment, essentiellement sur des sujets techniques.
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