Encore une année record pour les gratte-ciels en 2017

Encore une année record pour les gratte-ciels en 2017

Plus de 140 gratte-ciels ont été livrés dans le monde en 2017, dont 15 super tours ≥ 300 m.




Chaque année le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (Conseil des bâtiments de grande hauteur et de l’habitat urbain, CTBUH) dresse le bilan de la construction de gratte-ciels dans le monde.

 

2017 a établi un nouveau record avec 144 bâtiments livrés, battant le record précédent qui datait de 2016. Le score 2017 devrait être effacé en 2018 qui verra la livraison de 160 gratte-ciels environ.

 

 

 

Voici les 20 plus bâtiments livrés en 2017. Les fabricants d’ascenseurs - Otis, Schindler, Kone, Mitsubishi, … - comptent parmi les grands bénéficiaires de ce marché mondial. La plus haute tour ne compte pas moins de 80 ascenseurs, 58 dans la seconde, 29 dans la troisième, etc. ©CTBUH

 

Plus de 1300 bâtiments de plus de 200 m de haut

 

Avec les livraisons 2017, le monde compte désormais 1319 bâtiments de plus de 200 m, soit une multiplication par plus de 4 (402%) depuis 2000 où seulement 263 bâtiments atteignaient ou dépassaient 200 m.

 

De plus 15 super tours ≥ 300 m ont été livrées en 2017, à égalité avec les livraisons de super tours en 2015. Ce qui porte leur nombre à 126 dans le monde. En 2013, il n’en existait que 76. L’essentiel des gratte-ciels (76 et 53% du total de l’année) a été livré en Chine, atteignant une hauteur cumulée de 18 802 m.

 

Bien que la Chine demeure loin en tête devant tous les autres pays, elle est un peu en retrait par rapport à 2016 où elle avait vu la livraison de 83 tours, soit 65% du total de l’année. Mais le pays devrait se refaire en 2018 avec environ 96 livraisons prévues.

 

Les Etats Unis arrivent en seconde place en 2017 avec 10 livraisons, la Corée du Sud est troisième avec 7 livraisons, le Canada et l’Indonésie partagent la 4e place (5 livraisons), tandis que la Malaisie, la Corée du Nord (si, si), la Turquie, les Emirats Arabes Unis sont au 5e rang avec 2 livraisons chacun.

 

 

 

Pour la première fois en 2017, la proportion de tours exclusivement consacrées aux bureaux baisse au profit des tours de logements. ©CTBUH

 

Shenzhen en tête pour la seconde année de suite

 

La ville chinoise de Shenzhen arrive loin en tête avec 12 livraisons, soit davantage que le pays arrivé second en 2017. La seconde ville est également chinoise : Nanning avec 7 livraison. Chengdu (Chine) et Jakarta (Indonésie) se partagent le 3e rang avec 5 livraisons.

 

Au total cette année, 69 villes du monde ont vu la livraison d’au moins une tour ≥ 200 m. Du point de vue géographique, l’Asie arrive largement en tête (109 livraisons et 75,7% du total annuel), l’Amérique du Nord est seconde (15 livraisons, 10,4%). Le Proche-Orient est 3e (9 livraisons, 6,3%). L’Europe pointe en 4e place (4 livraisons, 2,8%), juste devant l’Amérique Centrale (3 livraisons, 2,1%), l’Australie (2 livraisons, 1,4%), l’Afrique et l’Amérique du Sud avec 1 tour chacune.

 

En termes d’usages des tours, l’année 2017 amorce peut-être un renversement de tendance. La part des bâtiments exclusivement de bureaux tombe à 56 (39% du total annuel) contre 67 (52%) en 2016. Tandis que les tours exclusivement résidentielles se haussent à 49 (34%) contre seulement 19 (15%) en 2016. Le nombre de tours mixtes est stable à 38, mais baisse en proportion à 26% contre 30% en 2016. Une seule tour ≥ 200 m livrée en 2016 est entièrement occupée par un hôtel.

 

 

Chaque année depuis 2013, le record de l’an efface celui de l’année précédente. Plus de tours ≥ 200 m et ≥ 300 m seront livrées en 2018 qu’en 2017. ©CTBUH

 

Le béton bat l'acier dans les tours

 

En termes de systèmes constructifs, le béton domine (74 tours, 51,4% du total annuel), suivi par les systèmes constructifs béton-acier (64, 44%) et mixtes (non-défini, 4, 2,8%). Seulement 2 bâtiments ont une structure tout acier. Ce qui devrait changer en 2018, puisque 17 tours ≥ 200 m en construction début 2018 font appel à une structure tout acier.

 

Si 15 bâtiments ≥ 300 m ont été livrés en 2017, seulement 14 d’entre eux sont entrés dans le groupe des 100 plus hauts bâtiments au monde. Cette année, la hauteur moyenne des 100 plus hauts bâtiments du monde atteint 372 m, contre 363 m en 2016.

 

La hauteur moyenne des bâtiments ≥ 200 m livrés dans l’année ne cesse d’augmenter : 238 m en 2016, 244 m en 2017. Il faut désormais dépasser 484 m de hauteur pour atteindre le Top 10 des plus hauts bâtiments du monde.

 

 

 

Voici le plus haut bâtiment livré en 2017 : Ping An Finance Center à Shenzhen en Chine : 599,1 m, 459 525 m². Une structure mixte : cœur béton armé, poteaux en acier enrobés de béton armé, poutres en acier, façade de verre sur ossature acier. LEED Gold, conçu par les architectes Kohn Pedersen Fox Associates de New York. C’est le 4e plus haut bâtiment du monde, le second en Asie et en Chine, le plus dans la ville de Shenzhen. ©CTBUH

 

 

 

Le second plus haut bâtiment de 2017 est la Lotte World Tower, 555,7 m à Seoul en Corée du Sud. Conçu par les mêmes architectes Kohn Pedersen Fox Associates que Ping An Finance Center à Shenzhen, il offre 304 081 m² pour une occupation mixte bureaux et hôtel. ©CTBUH

 

Projet d'une tour chinoise de 597 m en 2018

 

En 2018, le plus haut bâtiment livré devrait être la tour Goldin Finance 117 à Tianjin en Chine (128 étages et 597 m). Parmi les 15 bâtiments les plus hauts dont la livraison est prévue en 2018, 11 seront construits en Chine.

 

La Russie placera le Lakhta Center à Saint-Petersbourg au 3e rang (462 m), Capital Market Authority Tower à Ryad en Arabie Saoudite sera au 8e rang (385 m), la tour Four Seasons Place à Kuala Lumpur en Malaisie atteindra la 12e place (343 m), suivi du Comcast Technology Center à Philadelphie aux Etats-Unis (342 m).

 

Le développement, puis la construction de tels bâtiments sont relativement longs, même dans des pays, comme la Chine ou les Etats-Unis, réputés pour leur attitude pro-business. Le projet du Ping An Fiance Center de Shenzhen, lauréat 2017, a été présenté en 2008.

 

Sa construction a commencé en 2010 pour une livraison en 2017 : soit 9 ans au total. Le second plus haut bâtiment de 2017, la Lotte World Tower de Seoul a été envisagée dès 2009, commencée en 2001, livrée en 2017 : 8 ans. La tour Goldin Finance 117 à Tianjin, futur plus haut bâtiment livré en 2018, a été présenté en 2008, commencé en 2009 : 10 ans au total, …

 

 

 

En 2018, la tour Goldin Finance 117 à Tianjin en Chine devrait être le plus haut bâtiment livré dans le monde : 578,7 m, 128 étages de bureaux + hôtel, 370 000 m², 89 ascenseurs. Conçu Par P & T Group et east China Architectural Design & Research Institute, avec Arup comme BE Structures. ©CTBUH

 

Un petit nombre de spécialistes dans le monde des tours

 

Si les Maîtres d’Ouvrage appartiennent globalement au même monde – des assureurs, des foncières, des banques et quelques très grandes entreprises comme Gazprom -, on n’en retrouve aucun deux fois dans les projets qui devraient aboutir en 2018, ni parmi les tours livrées en 2017.

 

Il semble bien que le temps de développement et le coût global de ces opérations demande un temps de digestion assez long. En revanche, côté technique, un petit nombre d’acteurs se taillent la part du lion. Pas tellement parmi les entreprises de construction, d’ailleurs. Ce sont très majoritairement des entreprises chinoises.

 

Mais parmi les architectes et BE, plusieurs reviennent dans un grand nombre d’opérations. Le cabinet d’architecture new-yorkais Kohn Pedersen Fox Associates est un spécialiste des très hautes tours : il a participé, selon le classement du CTBUH, à la conception de 112 tours ≥ 200 m. Il apparaît dans plusieurs des tours livrées en 2017. L’un de ses projets, non-encore en chantier, la Sky Mile Tower prévue à Tokyo atteindra 1700 m de haut.

 

Arup, un cabinet de conception architecturale

 

Arup, créé en 1946 à Londres par Ove Arup, apparaît à divers titres dans 181 tours ≥ 200 m. Arup emploie plus de 35 000 personnes dans le monde. C’est un cabinet de conception architecturale, d’architectes d’exécution, d’ingénieurs assurant diverses missions techniques depuis le calcul de structure jusqu’au conseil quant à l’exploitation des tours les plus vertes, etc.

 

Plus modestement, le britannique Atkins, membre du groupe canadien SNC-Lavalin depuis juillet 2017, apparaît en tant qu’architecte de conception, d’exécution et pour diverses missions techniques, dans 46 tours ≥ 200 m.

 

La tour la plus haute du monde reste Burj Khalifa à Dubai (828 m, 2010), suivie de la Shanghaius Tower (Shanghai, Chine, 632 m, 2015), de la Makkah Royal Clock Tower (601 m) à La Mecque en Arabie Saoudite. Deux nouvelles tours de 2017 se sont hissées au 4e rang (Ping An Finance Center, 599,1 m, Shenzhen, Chine) et 5e rang (Lotte World Tower, 554,5 m, Seoul, Corée du Sud) du palmarès mondial.

 

 

 

Atkins, acquis par SNC Lavalin en 2017, a conçu cet audacieux design d’hôtel pour Abou Dhabi (Emirat Arabes Unis). Malheureusement, le projet est au point mort. ©CTBUH

 

Une modeste participation française

 

Si les français ne sont pas absents du palmarès mondial des bâtiments ≥ 100 m, leur part demeure modeste. Parmi les architectes, Ateliers Jean Nouvel apparaît dans 18 projets ou réalisations ≥ 100 m, 8 ≥ 200 m, dont la tour Helka à La Défense (AG Real Estates et Hines, 214 m), introduite en 2013, commencée en 2017 et prévue pour une livraison en 2021.

 

Atelier Christian de Portzemparc est crédité de 13 réalisations ≥ 100 m, dont One57 à New-York (Etats-Unis) qui atteint 306,1 m. Paul Andreu est crédité de 7 projets ≥ 100 m, tous en Chine dans 2 villes seulement Jinan et Chongqing, dont 2 ≥ 200 m. Proposé en 2011, son projet Landmark Riverside A1 à Chongqing n’est pas encore en construction, mais devrait atteindre 276,2 m.

 

Wilmotte et Associés a réalisé la tour Bleu Ciel (114 m), livrée à Dallas (Etats-Unis) en 2017, et a en projet la Tour Osmose à La Défense (284 m), un ensemble hôtel / bureaux / logements développé par Bouygues Immobilier. Dominique Perrault Architecture 7 réalisations ≥ 100 m, dont les deux tours de la Cour de Justice Européenne à Luxembourg. Dominique Perrault a aussi un projet de 292,5 m en cours de développement à Seoul (Corée du Sud).

 

Bouygues et Vinci Construction, constructeurs de tours

 

Bouygues Immobilier possède 4 tours ≥ 100 m à son actif, dont le projet Tour Osmose et la Tour Air2 (207 m) prévue pour une livraison à La Défense en 2021. En tant qu’entreprise générale, Bouygues Bâtiment International a livré 16 tours ≥ 100 m, dont MahaNakhon (314,2 m) à Bangkok en Thaïlande.

 

Bouygues Bâtiment International développe aussi 8 projets ≥ 100 m, 4 à Mumbai (Inde) et 4 à La Défense (Courbevoie), dont les deux tours Hermitage Plaza qui devraient culminer à 320 m. Le groupe Vinci est crédité de 3 réalisations ≥ 100 m, dont la Tour Saint-Gobain (178 m) livrable à La Défense en 2019 et d’un projet (Tour Generali, La Défense, 265 m) au titre de Vinci Immobilier.

 

Vinci Construction, en tant qu’entreprise générale a livré la Tour Odeon à Monaco (170 m), construit la Trinity Tower (La Défense, 140 m, 2018) et la Tour Saint-Gobain. Enfin, dans la base de données du CTBUH, Eiffel Gustave est toujours crédité de la conception et de la construction de la Tour Eiffel (300 m, 324 m en comptant l’antenne), livrée en 1889.

 

 

La tour Helka, un co-développement AG Real Estates et Hines et conçue par Ateliers Jean Nouvel devrait atteindre 214 m à La Défense à une date indéterminée. ©Hines

 

 

Le groupe Bouygues Bâtiment International a livré la tour MahaNakhon (314,2 m) à Bangkok en Thaïlande en 2016. Elle pointe au 86e rang des bâtiments les plus hauts du monde. ©Pace Developpment Corp

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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