L’entreprise Cibetec, du groupe Capremib, fournit plus de 2 300 éléments préfabriqués pour l’habillage d’un ensemble de logements à Levallois-Perret, en banlieue parisienne.

Par son pari architectural, l’opération immobilière de la ZAC de Collanges à Levallois-Perret (92) marque un tournant dans l’architecture urbaine contemporaine en réintroduisant avec un élément trop longtemps oublié, la modénature.

 

Cette réalisation, dont la partie gros œuvre vient de s’achever, se dresse en lieu et place d’un bâtiment monumental des années 50 à usage de bureau. Elle comprend un immeuble R+10 de 385 logements sur 28 621,20m² et 621 m² de commerces ainsi que deux niveaux de parkings en sous-sol.

 

S’inspirant de la période Art déco, le cabinet d’architecture DGM & Associés a habillé les façades de 2 300 éléments préfabriqués dont 600 balcons structurés droits et courbes, 500 panneaux décoratifs, 240 corniches droites et 20 courbes, 80 jardinières, 660 mains courantes, 190 balustres… en béton (ton pierre) dont la réalisation a été confiée à l’entreprise Cibetec (groupe Capremib).

 

Une courbe et des balcons filants

 

L’angle formé par les rues Baudin et Marjolin fait l’objet d’un marquage particulier en rotonde qui gomme la notion d’angle au profit d’une courbe, elle-même soulignée par les balcons filants. Ce traitement qui permet de rompre avec la volumétrie angulaire préexistante au projet est repris sur les autres angles du bâtiment.

 

L’ordonnancement des panneaux décoratifs ponctue toutes les parties hautes et basses des ouvertures. Des modénatures de 100x83 cm et 60x83 cm habillent les espaces inter-fenêtres entre chaque étage.

 

Des panneaux de formats de plus petites tailles et avec les mêmes motifs sont intégrés dans les balustrades des balcons. La répétition et la diversité des modénatures composent une façade riche, rythmée et agréable. Les mains courantes en béton architectonique, également de couleur ton pierre, habillent les balustrades en fer forgé.

 

 

1. L’angle formé par les rues Baudin et Marjolin fait l’objet d’un marquage particulier en rotonde qui gomme la notion d’angle au profit d’une courbe, elle-même soulignée par les balcons filants. @Cibetec

 

Un béton sur mesure

 

Le coulage des modénatures a débuté en avril 2015 avec une livraison des éléments au fur et à mesure. « Au total, cette opération aura nécessité 1 200 m3 de béton blanc, qui a demandé une formulation spécifique pour les coulages dans les moules en L et obtenir une homogénéité des parements », explique Joël Ferer, directeur de l’usine Cibetec à Reims (51).

 

Alors que le bâtiment était coulé en place en béton gris, les éléments de modénature ont été préfabriqués en usine en béton blanc. « S’ils avaient été coulés en place, nous n’aurions pas pu obtenir des parements aussi réguliers. Les raccords des coulages auraient été visibles. Et il est difficile de se faire livrer du béton blanc prêt à l’emploi sur un chantier », poursuit Joël Ferer.

 

Les modénatures plates ont été réalisées en béton autoplaçant et les autres en béton classique vibré. Tous les éléments ont été ferraillés et les éléments de fixation ont été insérés au moment du coulage. Le béton, un C30/37, a été formulé avec un ciment blanc de chez Calcia (usine de Cruas) avec des granulats locaux.

 

 

2. Moule pour les panneaux décoratifs. @Cibetec

 

Une multitude de moules

 

« Certains moules par exemple ceux des balcons, coulés en une fois, présentaient la particularité d’un coulage vertical en L. Pour obtenir une homogénéité des parements entre les nez et les sous-faces, il fallait un béton plus ferme. Nous avons formulé avec Calcia un béton avec un affaissement entre 8 et 10 », raconte Joël Ferer.

 

La réalisation de ces 2 300 éléments a demandé la conception et la fabrication de moules sur mesure par une entreprise sous-traitante. Le choix du matériel coffrant a été décidé en fonction du nombre de réemplois possible. Plusieurs types de moule ont été conçus : en bois, métallique, mixte métal élastomère, mixte bois élastomère, certains pour un petit nombre de réémplois (5) jusqu’à plus de 300 !

 

Le chantier a été réalisé en deux phases : la première, terminée en octobre 2015 et la seconde en août 2016. « Les cadences de livraison étaient un vrai défi car nous devions suivre le gros-œuvre pour les éléments, balcons et corniche, pris dans le plancher. Il fallait assurer une grosse cadence tout en respectant la qualité demandée. Nous avons réalisé environ 350 livraisons pour l’ensemble de l’opération », conclut Joël Ferer.

 

 

3. Les balcons et corniches ont été pris dans le plancher au moment du gros-œuvre. Les autres éléments ont été fixés grâce à des éléments placés dans le béton frais au moment du coulage.

Source : batirama.com / Corinne Bailly