COP21 (1/3) : quelle place pour le bois ?

COP21 (1/3) : quelle place pour le bois ?

A priori mal représentée au Bourget, la filière bois n’en est pas moins un levier d’action contre le réchauffement climatique, notamment au travers de la construction.




C’est bien connu, le monde du bois a bien du mal à parler d’une seule voix. Les intérêts de ses acteurs sont si divers tout au long de la chaîne qui part des semences et s’étend jusqu’à la récupération et le recyclage !

Cela vaut à plus forte raison pour la filière européenne du bois, pour ne pas parler de la filière globale. En l’absence de structures opérationnelles, il y a peu de chances que ce matériau renouvelable fasse bien entendre sa voix à la conférence mondiale sur le climat de Paris. Et pourtant, il aurait des choses à dire !

 

 

  1. Edification du chapiteau de la salle de conférence de la COP21 au Bourget. ©Arbonis


Ne serait-ce que parce que la grande salle de conférence éphémère de la COP21 est constituée d’un immense chapiteau en lamellé-collé, le bois ne passera tout de même pas inaperçu.

On peut ajouter le Pavillon circulaire conçu par l’agence Encore Heureux à partir de matériaux de récupération. Il se dresse pendant trois mois sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris, avec son profil dentelé et sa façade tapissée de portes en chêne.



 

  1. Le Pavillon circulaire, sur le Parvis de l’Hôtel de ville à Paris. ©JT


Il y a quelques mois encore, tout portait à penser que la filière française du bois et les filières étrangères se renverraient la balle de leur impuissance à peser dans les débats. Mais voici que tout d’un coup, au travers de la filière française, le bois pourrait ne pas rester complètement sur la touche.

La filière bois française se mobilise



Deux colloques estampillés COP21 ont déjà eu lieu autour du bois et plus précisément de la forêt. L’un, le 5 novembre dernier au conseil économique, social et environnemental, mettait en exergue les nouvelles possibilités d’investissement qu’offre la forêt française, notamment suite à la promulgation de la loi d’avenir sur l’agriculture et la forêt.

A l’issue de ce colloque, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé le lancement imminent d’un Appel à Manifestation d’Intérêt portant sur les ouvrages en bois de grande hauteur.



 

  1. Salle comble au colloque national de la filière forêt-bois, le 5 novembre dernier. ©JT


Un second colloque a lancé officiellement le Forum Forêt, une initiative de la fédération des forestiers privés de France, Fransylva, qui doit s’étendre sur 149 jours partout en France. L’enjeu est de mieux faire connaître au public la contribution active que peut avoir la forêt en matière de lutte contre les effets de serre, à condition qu’elle soit bien gérée.

En d’autres termes, que l’on ne se contente pas de laisser la forêt en l’état, mais qu’on la cultive. Et, autant que possible, qu’on en tire des matériaux de constructions qui vont stocker durablement du carbone.



 

  1. MM. de Sèze (PEFC France), d’Amécourt (Fransylva) et Picard (CNPF) orchestrent le Forum Forêt. ©JT


L’empreinte de ces initiatives serait sans doute restée modeste. Mais les attentats du 13 novembre et la déclaration de l’état d’urgence qui a suivi réduisent désormais de façon drastique les manifestations afférentes à la COP21.

Ainsi, un grand colloque Climat, forêt et société censé marquer le jubilé de l’Office National des Forêts, et programmé pour le 19 novembre dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale, a été annulé sine die.

Messages de la forêt française



Le colloque de lancement du Forum Forêt avait eu lieu, pour sa part, durant la journée du 13 novembre. Aux dernières nouvelles, l’Espace Génération Climat au sein de la COP21 est maintenu et Forum Forêt pourra s’y afficher.

D’ici à la mi-avril, les manifestations, locales, ne seront pas affectées par l’état d’urgence. Ainsi, la forêt française va avoir le loisir d’articuler son discours. Quel est-il ? L’arbre capte et stocke du carbone au cours de sa croissance. Arrivé à maturité, captation et émission s’équilibrent dans ce que les spécialistes appellent “la respiration” de l’arbre.

A quoi s’ajoute la réserve de carbone constituée par le bois sur pied. La forêt française, telle qu’elle est, capte l’équivalent de 20% des émissions de CO2 produites en France chaque année.

Pour avancer ce pourcentage, on tient compte à la fois de la captation effective des arbres, de l’ordre de 12%, et de l’effet de substitution qui résulte de l’utilisation du bois à la place d’un matériau moins vertueux, et comme si cette autre matière avait ainsi pu être économisée. Par exemple, une ossature bois stocke du carbone et permet de ne pas utiliser du béton, donc moins de ciment.



 

  1. R+5 tout bois en cours d’achèvement à Montreuil (architecte A003architectes). ©JT

 

Les “Plus” de la forêt française



On sait que la filière béton ne voit pas cet effet de substitution de la même façon que le bois. Autant ne pas s’éterniser dans des querelles de clocher, et insister sur ce que la forêt française peut apporter de plus, si elle est bien gérée.

Fransylva cite l’exemple des taillis de châtaignier, que les forestiers s’efforcent actuellement de faire évoluer en futaie pour disposer de sections plus importantes facilitant l’emploi comme matériau de construction.

Autre bonne nouvelle, le robinier et le douglas sont fléchés comme des champions du carbone, d’autant que leurs bois conviennent particulièrement bien au Bâtiment. Le robinier, naturellement imputrescible, pour les aménagements extérieurs ; le douglas pour la structure et le bardage. A découvrir dans l’épisode 2 : la COP 21 et le bois d’œuvre

La Société Jaulin est chargée de l’organisation de l’évènement




 

 

 


Source : batirama.com / Jonas Tophoven

4 Commentaires
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  • par hervé bocquet
  • 25/11/2015 09:35:41

Bonjour, Chers amis, vous semblez oublier qu'un arbre n'est pas qu'un puits de carbone, il est surtout et avant tout un être vivant. À ce titre et comme nous, il a toute sa place dans l'écosystème qu'il occupe et participe donc à l'équilibre de cet écosystème tout au long de sa vie, de sa naissance à sa mort. Il suffit pour s'en convaincre d'observer un arbre mort, "pourrissant" couché sur le sol d'une forêt. Toute une vie s'y développe jusqu'à participer à la régénération de cette forêt... Cordialement.

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  • par simon.gaillard
  • 23/11/2015 20:50:18

" La civilisation du bois ": réponse de René Dumont, juste avant Rio 1992, à un journaliste de France Inter qui lui demandait si il a une proposition pour lutter contre le réchauffement général. C'est dit dans l'article, mais perdu au milieu, surement parce que c'est évident pour le rédacteur; que je remercie du développement sur le ciment non produit ;-) Le jour où le CO2 aura un prix ... Sinon, il y a un pt pb : le bois de construction n'est, m'a t-on dit, pas assez sec, et " travaille " une fois le bâtiment construit.

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  • par C'est pas sérieux
  • 23/11/2015 18:08:24

On a le sentiment qu'il y a un acharnement des Pouvoirs Publics à pousser le développement du bois alors que les commentaires des professionnels lors des colloques ou sur les réseaux sociaux laissent entendre que la filière n'est pas constituée (problème de la structure de la forêt, peu d'investisseurs dans la 1ère phase de transformation donc peu de vrais industriels scieurs...). Par ailleurs il se dit que le bois contribue largement au déficit de la balance commerciale française. Bref, "à qui profite le crime" ? Beaucoup d'effets d'annonces et peu de faits tangibles qui laisseraient à penser que cette filière pourrait constituer une alternative sérieuse aux autres filières de matériaux.

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  • par pollué mais pas fou
  • 23/11/2015 17:36:05

On peut toujours rêver. Mais bon, développer d'une main l'utilisation du bois, alors que de l'autre on ne cesse de faire baisser son prix de vente tout en augmentant continuement ses coûts d'exploitation ! Les Ministères eux-mêmes déclarent que les forêts ont une très faible rentabilité sur une très très longue période. L'ONF en est forcé de vendre ses "petites" forêts qu'il déclare "non rentables". L'industrie du bois fait porter son intérêt sur les résineux (30 % de la forêt française) et délaisse les feuillus (70 %) qu'elle interdit d'exportation ! Non coupés, ceux-ci dépériront sur place, cesseront de capter un CO2 qu'ils relibéreront en vieillissant, et occuperont le sol en empêchant la replantation de jeunes arbres à la forte capacité de captation. Si je ne suis pas fou, d'autres le sont-ils ?

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