La baisse de l'activité est régulière depuis deux ans, avec encore - 3,5 % au troisième trimestre 2025 par rapport au 3e trimestre 2024. 40 000 emplois ont été détruits dans les TPE, l’équivalent d’un gros plan social.
On ne peut pas nier l'importance dans le tissu économique national des TPE (Très Petites Entreprises) du bâtiment. Lors de la conférence de presse de la CAPEB, le 6 novembre 2025, Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB, et Matthieu Rosy, le secrétaire Général, ont rappelé les chiffres. Les 500 000 TPE du bâtiment, avec 3,8 à 4 employés en moyenne, représentent la moitié des effectifs salariés du bâtiment.
Et ce segment va plutôt mal : baisse continue de l’activité depuis deux ans dans le neuf et dans l’existant qui assure les 2/3 du chiffre d’affaires des artisans du bâtiment, dont - 3,5 % de baisse au 3e trimestre 2025 par rapport au 3e trimestre 2024. La construction neuve avec une réduction d’activité de 6 % continue de décroître, mais moins vite. La réduction d’activité en construction neuve pour les TPE atteint tout de même - 9,5 % de baisse annuelle moyenne depuis le 3e trimestre 2022. Dans l’existant, en combinant les travaux d’amélioration de la performance énergétique et les travaux d’entretien-amélioration, la réduction d’activité se poursuit avec - 1,5 % par rapport au 3e trimestre 2024. Tout cela se traduit par 40 000 emplois perdus depuis deux ans, dont déjà 24 000 emplois perdus en 2025 pour l’instant.
Pas de fin du tunnel
Des signes encourageants mais...
Plusieurs signes encourageants apparaissent – les crédits à l’habitat ont progressé de 40 % par rapport à 2024, mais restent à un niveau faible, les ventes de logements anciens ont progressé de 9 %, les mises en chantier et les autorisations de travaux repartent, le niveau d’épargne des Français est élevé, … – mais ne se traduisent pas encore dans un regain d’activité pour les TPE.
3 698 défaillances d’entreprises parmi les TPE du bâtiment ont été comptabilisées, soit une baisse de 1,8 %, mais le niveau de défaillances demeure important. L’inquiétude des TPE à propos de leur trésorerie augmente. Bien sûr, la visibilité sur les carnets de commande augmente de 3 jours à 74 jours par rapport au 3e trimestre 2024, mais selon Jean-Christophe Repon, c’est l’effet mécanique des pertes d’emplois qui augmente les délais, plutôt qu’une amélioration de la conjoncture.
Les résultats montrent, selon Sylvie Montout, la directrice économique de la CAPEB, et Romane Charpentier, de la direction économique, que l’activité baisse d’une manière générale : géographiquement dans toutes les régions et à travers tous les corps de métier représentés à la CAPEB. © PP
L'apprentissage
L’apprentissage est un autre point de contentieux avec le gouvernement. Le projet de budget 2026, selon la CAPEB, prend 500 000 € dans la poche des apprentis en réduisant les allègements de entreprises.
La CAPEB propose de limiter les aides à l’embauche d’apprentis aux entreprises de moins de 50 salariés, alors qu'actuellement ces aides sont accessibles pour les entreprises jusqu’à 250 salariés. Cette mesure, selon la CAPEB, ferait économiser 1 Md€ par an. La confédération rappelle que parmi les plus de 100 000 apprentis dans le bâtiment, plus de 60 000 sont embauchés par les TPE. Remettre en cause l’apprentissage revient à mettre en danger l’avenir du tissu des TPE du bâtiment. Traditionnellement, les apprentis évoluent en compagnons, puis une partie d’entre eux assure la reprise des TPE quand le fondateur ou la fondatrice prend sa retraite. Moins d’apprentis dans les TPE est une autre bêtise.
Que faire ?
La CAPEB souligne qu’elle présente ses analyses et ses propositions à chaque nouveau ministre du logement, soit six ministres depuis juillet 2022, dont Vincent Jeanbrun, titulaire du portefeuille du logement depuis le 12 octobre 2025.
À chaque fois, la CAPEB est écoutée, mais aucune des mesures qu’elle propose n’est prise en compte. Ce qui commence à les énerver un peu. Les revendications de la CAPEB, pourtant, ne coûtent rien :
– valorisation de l’expérience acquise pour accéder à la certification RGE ;
– Accès facilité aux chantiers important grâce au Groupement Momentané d’Entreprises (GPE) ;
– Création d’un parcours MaPrimeRénov’ par étapes pour atteindre une réhabilitation complète au lieu d’opposer les gestes individuels et la rénovation globale, etc.
La CAPEB demande aussi que le gouvernement arrête les bêtises, comme la suppression de l’isolation par l’intérieur et par l’extérieure des parois verticales, qui n’a pas de sens et donne un désastreux signal. D’autres revendications sont peut-être plus difficiles à satisfaire, comme le fait que la CAPEB estime qu’il n’y a pas assez de points de collecte de déchets dans le cadre de la REP Bâtiment.
La CAPEB vient de lancer aune grande enquête auprès de son réseau : plus de 60 000 réponses sont attendues d’ici mi-novembre et seront exploitées mi-décembre. Il s’agit, notamment à propos de MaPrimeRénov’, de comprendre ce que veulent les adhérents de la CAPEB, puis d’en tirer des propositions. Si ces propositions, et la CAPEB insiste sur le fait qu’il s’agira de propositions constructives, ne sont pas entendues, alors peut-être faudra-t-il réfléchir à d’autres types d’actions.
Source : batirama.com / Pascal Poggi / © PP