Journées de la Construction : Il faut sauver le métier de serrurier

Journées de la Construction : Il faut sauver le métier de serrurier

Constat alarmant des Serruriers-métalliers : le besoin en personnel qualifié est important en entreprise et de nombreux CFA ferment leurs CAP Serrurier métallier. La profession a réagi.




Alors que viennent de démarrer les Journées Professionnelles de la Construction à Paris, l’UNA* Serrurerie métallerie a fait un point sur son métier. Ces deux dernières années, elle a mené un projet d’envergure pour permettre à la profession de renouveler ses forces vives dans de bonnes conditions : la création d’un Certificat de qualification professionnelle (CQP).

 

L’UNA est partie d’un constat alarmant, qui s’est amplifié depuis dix ans : le besoin en personnel qualifié est important (seul un diplômé de CAP sur 10 poursuit en BP), de nombreux établissements ferment leur CAP Serrurier métallier et le recrutement de professionnels issus du monde de l’industrie ne donne pas entièrement satisfaction, du fait de la méconnaissance des spécificités liées au bâtiment.

 

En se plaçant du point de vue des besoins des entreprises, l’UNA décide de se lancer dans la création d’un CQP de fabricant installateur d’ouvrages métalliques dans le bâtiment, solution la plus immédiate et la plus intéressante pour elles.

 

Ce certificat de qualification professionnelle s’adresse en priorité aux apprentis les plus motivés, mais aussi à tous les professionnels en quête de formation complémentaire, auxquels il permet, en quelques mois, de gagner en qualification et en compétence.

 

CQP mode d’emploi

 

Les apprentissages peuvent se dérouler au sein de l’entreprise, dans le cadre d’une « formation en situation de travail ». Ils peuvent aussi s’effectuer par la formation continue « classique » ou la VAE (validation des acquis de l'expérience).

 

Dans le premier cas, ils sont garantis par un organisme de formation du réseau du BTP (des CFA, en premier lieu), qui aura pour tâche de construire le parcours de formation et d’accompagner les candidats.

 

Un formateur se déplacera dans l’entreprise. Ponctuellement, la personne en formation sera amenée à aller se former à l’extérieur. A l’issue de la formation, seront acquises les principales techniques liées à la fermeture du bien, à la menuiserie et à son étanchéité, et à la structure porteuse. Le CQP apporte donc une compétence dans tous les secteurs d’activité couverts par la profession.

 

Un outil pour réamorcer la formation dans les TPE

 

Ce CQP a été créé par la branche en décembre dernier. Ce n’est que le deuxième porté par la Capeb, fait assez rare pour être souligné. Le syndicat a dû rassurer ses homologues du secteur sur l’intérêt du CQP, qui vient compléter les formations préexistantes (CAP et Brevet Professionnel), et les valorise du même coup, en offrant des perspectives aux jeunes qui se lancent dans le métier.

 

Le dispositif expérimental de formation en situation de travail (FEST) lancé par l’Etat pour deux ans permettra à ce nouveau diplôme professionnalisant de trouver des candidats dès 2016-2017, a minima dans quelques CFA des deux régions pilotes, Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées et Rhône-Alpes-Auvergne. L’objectif de généraliser ce dispositif en 2018 est réaliste : des établissements de tout le territoire se sont d’ores et déjà déclarés intéressés.

 

L’UNA est très optimiste quant au devenir de ce nouvel atout pour le système de formation. « Nous sommes convaincus que la profession saura rebondir grâce à ce CQP qui va lui apporter des personnels employables, et qui, en outre, permettra de recréer le  lien entre professionnels et enseignants, pour le bien de tous ! » conclut Gilbert Olivet.

 

* Union nationale artisanale

 

Interview Gilbert Olivet, président de l’UNA Serrurerie Métallerie

 

Bâtirama : Comment décrire la situation de vos adhérents ?

 

Gilbert Olivier

: Elle est très variée : certains serruriers métalliers, qui se sont centrés sur la protection, parviennent à tirer leur épingle du jeu. D’autres, qui dépendent d’appels d’offres pour des chantiers d’un certain volume, se trouvent dans des situations dramatiques. Avec aussi tous les cas de figures intermédiaires*. Globalement, le moral est à l’inquiétude car la profession rencontre des problèmes d’image et de recrutement.

 

Quels sont les leviers pour faire évoluer cette situation ?

 

Gilbert Olivier

: Nous nous attachons à valoriser le métier par diverses actions. La plus importante aujourd’hui est le CQP qui va être opérationnel cette année, résultat de deux années de travail.

 

Par ailleurs, nous voulons attirer l’attention de nos artisans sur l’importance de l’activité de maintenance-dépannage, qui grandit avec le développement des portails, serrures électroniques et autres ouvrages motorisés. Ceux-ci doivent être entretenus soigneusement pour fonctionner en toute sécurité.

 

Il est important de ne pas considérer l’entretien-maintenance comme un métier à part, et de conquérir ce marché et fidéliser la clientèle. Les intermédiaires se sont multipliés ; et nous ne voulons pas devenir des sous-traitants d’assurances et même de banques, qui proposent ce service, alors que nous sommes les plus capables de proposer en direct des prestations de qualité!

 

Comment redorer l’image négative de la profession ?

 

Gilbert Olivier

: Il est, en effet, plus que temps de redorer l’image négative que font peser sur les serruriers dépanneurs les opportunistes de tous poils qui ont sévi et continuent de sévir sur le marché du dépannage. La profession en souffre beaucoup. A nous de nous mobiliser pour faire évoluer cette situation.

 

Nous réfléchissons à une restructuration en réseaux qui pourrait palier ce déficit d’image et rétablir des relations de confiance avec les clients, avec des plates-formes de mise en relation, peut-être à l’échelle départementale ou régionale.

 

Pour cela, un travail de communication est également à entreprendre. Notamment sur les réseaux sociaux, où nos entreprises sont très peu visibles. Or les clients ont besoin de repères pour faire leur choix et ont de plus en plus le réflexe Internet.

 

Le dernier grand sujet concerne l’effort à fournir sur la qualité des produits que nous fabriquons et mettons en œuvre. En effet, on constate que les traitements de surface des produits ne sont pas toujours réalisés selon les règles de l’art, avec à la clé des aciers corrodés trop rapidement.

 

Une mise en œuvre correcte, avec des technologies adaptées pour rendre les produits finis pérennes, est indispensable pour notre crédibilité. Il faut éviter le piège des traitements de surface qui ne durent pas ! Une grande vigilance est donc de mise.

 

*AU 31/12/2014, la profession compte 14 954 entreprises de moins de 20 salariés, dont 3 888 autoentrepreneurs (source RSI). Entre 2009 et 2014, l’effectif salarié a baissé de 5 %. 1 637 entreprises ont été créées en 2014 ; soit 3 % des entreprises du bâtiment.




Source : batirama.com / E. Jeanson

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